« Pour une France décentralisée dans une Europe fédérale recentrée sur la zone euro » [L’Agora]

Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse, nous a adressé, ainsi qu’à toute la presse, une lettre ouverte intitulée « Pour une France décentralisée dans une Europe fédérale recentrée sur la zone euro ». Avec plusieurs responsables de mouvements occitans, ils viennent de signer ensemble dans le cadre du grand débat national. C’est une forte prise de position en faveur de la décentralisation et de l’Europe fédérale.

Nous la reproduisons ci-dessous.

Nous sommes vraiment à un tournant de l’Histoire : Ou la France explosera sous le poids gigantesque de ses déficits, du chômage de masse, des émeutes et de la violence, ou elle renaîtra en se décentralisant pour rapprocher les centres de décision des citoyens. Ou bien la vague populiste défera l’Europe et l’euro et nous emportera dans l’abîme d’un déclin sans fin, ou bien l’Europe décidera enfin de s’affirmer dans la mondialisation en se dotant d’un pouvoir fédéral qui tournera le dos aux erreurs de l’Union européenne. C’est tout l’enjeu des prochains mois, mais personne n’ose l’écrire car chacun est à ses petits calculs.

La France souffre d’un excès de centralisation qui concentre toutes les décisions au sommet en excluant les acteurs de terrain ou en les plaçant sous tutelle. Les « 80 km heure » sont un exemple parmi tant d’autres. Le modèle jacobin est complètement dépassé par la complexité du monde moderne et par les interactions qui découlent de l’exigence démocratique. Or la prospérité viendra demain des meilleurs écosystèmes de croissance, décentralisés et consensuels. Sur le modèle fédéral qui a fait le succès de nombreux pays européens – les chiffres de l’emploi public par habitant le prouvent – il faut entièrement repenser la France et l’Europe en se fondant sur les principes de subsidiarité et de fédéralisme. Ne confier à l’échelon supérieur que ce que l’échelon inférieur ne peut pas mieux traiter. Faire de l’État central un fournisseur de supports pour de grandes régions autonomes, responsables du développement économique, et de communautés de communes dotées de pouvoirs les plus larges. Et qui pourront mettre en œuvre le référendum d’initiative citoyenne sur certains sujets prévus par la Loi. Enfin recentrer le rêve européen sur les grands enjeux stratégiques sous contrôle démocratique. Cela permettra aux Français d’affirmer pleinement leur triple identité : régionale, nationale et européenne. Et de sortir de l’infantilisation qui consiste à penser que l’État jacobin peut tout ! Profondément enracinés dans notre culture occitane d’ouverture et de partage que nous appelons en occitan « Conviviencia et Paratge », nous voulons porter dans le grand débat national des propositions structurantes qui illustrent cette vision.

Nous voulons d’abord une France revitalisée par une profonde décentralisation

Les collectivités territoriales (régions et communes) devront disposer d’une fiscalité autonome, bien identifiable et dont elles assumeront la pleine responsabilité devant les citoyens. Cela suppose préalablement de mieux répartir une richesse qui s’est abusivement concentrée à Paris : nous proposons donc une déconcentration massive des centres de pouvoir, sièges de grandes sociétés et d’administrations pour repartir richesse et emploi sur tout le territoire. Les régions et les communes (communautés de communes et métropoles) devront par ailleurs se voir doter de la totalité des leviers de la politique de développement économique (emploi, éducation, transports et infrastructures, santé, formation, apprentissage, aide aux entreprises) et de son accompagnement social, le département devenant une subdivision de la région. La déconcentration des pouvoirs de l’État vers les préfets accompagnera naturellement la décentralisation vers les collectivités territoriales. L’État fournira des supports communs pour appuyer les initiatives des régions et des communes. Il fera traiter tout ce qui n’est pas régalien par des agences réparties sur tout le territoire. La France commencera enfin à réduire ses dépenses à l’instar des États fédéraux.

Nous voulons ensuite une Europe fédérale recentrée sur les 19 pays de la zone euro et sur les grands enjeux stratégiques, l’Union européenne devenant un second cercle. Oui, il faut enfin oser l’Europe pour ne pas disparaître face à la Chine et aux États-Unis ! Mais ce n’est pas l’Europe des normes, de la bureaucratie et de l’autocensure face aux enjeux de la mondialisation. L’euro est une grande chance qui permettra à la France de conserver une crédibilité monétaire malgré quatre décennies d’erreurs économiques ; nous emprunterons, en 2019, 200 milliards d’euros aux taux d’intérêt encore les plus bas depuis que nous sommes en déficit (1974). L’euro est un lien très fort entre 340 millions de citoyens européens. Mais il faudra le compléter pour le pérenniser : en achevant l’Union bancaire, en créant une union de financement et d’investissement pour drainer nos 350 milliards d’épargne, la première du monde, vers les entreprises désireuses d’innover et de s’investir dans la transition écologique, et en nous dotant d’un Fonds monétaire européen dont l’embryon existe depuis 2011. Il faudra approfondir les Traités pour que les 19 pays de l’euro se dotent enfin d’un ministre des finances entouré d’une administration réduite. Sa mission sera d’accélérer systématiquement la convergence économique entre les 19 dans tous les domaines : compétitivité, fiscalité, trajectoires budgétaires, mais aussi protection sociale. Il rendra compte devant la délégation du Parlement européen des 19 pays de la zone euro. À l’opposé d’une super-administration, la jeune Fédération européenne se dotera d’un président élu par ses pairs. Il travaillera – sans administration – avec le ministre des finances et les 19 chefs d’États pour mieux protéger les peuples européens, défendre nos frontières et œuvrer à la constitution de champions économiques taillés pour la mondialisation. Contre le retour des années trente, notre avenir est là. Nous vous proposons une vision innovante et cohérente.

Signataires : 

Mr Jean-Luc Moudenc : Maire de Toulouse, Mr Jean-Michel Lattes : Premier adjoint à la Mairie de Toulouse, Mr Jean-Luc Davezac : Président de Bastir Occitanie, Mr Dominique Drouet : Président du Think tank Bolegadis, Mr Jean-François Laffont : Président de convergence Occitane, Mr Jean-Pierre Laval : Président de Pais Nostre, Mr Jacques Lavergne : Président de la radio esprit Occitanie, Mr Maxime Maury : Economiste, membre de Bolegadis, le Think tank Bolegadis, le groupe Pais Nostre, le groupe Bastir Occitanie.

Précision : les points de vue exposés n’engagent que l’auteur de ce texte et nullement notre rédaction. Média alternatif, Breizh-info.com est avant tout attaché à la liberté d’expression. Ce qui implique tout naturellement que des opinions diverses, voire opposées, puissent y trouver leur place.

Crédit photo : Benh LIEU SONG/Wikimedia (cc)
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