Le tribunal de commerce de Rennes a accepté l’offre de reprise du groupe Europlasma pour la Fonderie de Bretagne (Caudan, près de Lorient). L’activité industrielle doit redémarrer le 12 mai avec 264 salariés. « On s’est battus. Le gouvernement est allé chercher un repreneur qui s’appelle Europlasma, c’est une production qui va surement remplacer celle de Renault dans les mois à venir. C’est ce qu’il fallait pour que l’on s’en sorte, c’est une bonne nouvelle », commente Maël Le Goff, secrétaire général CGT de la FDB (Le Télégramme, samedi 26 avril 2025). L’entreprise va donc se lancer dans la fabrication de corps creux d’obus ; elle devrait en produire 250 000 de septembre à décembre. « Cette production doit permettre à la Fonderie de Bretagne de poursuivre sa diversification. Dans le ferroviaire, l’agricole où encore les poids lourds où une commande de 6 000 tonnes à l’année pourrait démarrer. » (Le Télégramme, samedi 26 avril 2025).
En apparence, tout va bien. Pourtant, les acrobaties financières d’Europlasma interrogent. Nous avons affaire à « un groupe industriel qi, après avoir lui-même évité de justesse la liquidation en 2019, collectionne les rachats. Les Forges de Tarbes en 2021, Satma Industries en 2022, Valdunes en 2024… Toujours plus et toujours plus gros. L’Etat et les services de Bercy ont à chaque fois donné leur feu vert. Soulagés, sans doute, d’éviter un drame social. Cette boulimie interroge cependant, car les montages financiers utilisés et l’origine de l’argent sont aussi audacieux qu’opaques. La cible est à chaque fois identique. Une entreprise désargentée, sous-traitant d’un grand groupe industriel dans un secteur jugé stratégique pour le pays et qui se retrouve en quasi-faillite. » (L’Express, 30 avril 2025)
Mais, en ce moment, l’industrie de défense se porte bien ; les besoins sont de plus en plus importants. « Pour les dirigeants d’Europlasma, moyennant une dizaine de millions d’investissements, la Fonderie de Bretagne a tous les atouts pour devenir un leader français. Pas des pots d’échappement, non, des obus. » « Avec la Fonderie de Bretagne, Europlasma a joué, cette fois, cartes sur table. Certes, Renault restera un client de choix, mais la priorité est désormais la défense et l’armement. « 750 000 obus de 120 millimètres à un horizon de quatre ans, et pourquoi pas 1 million à terme. Sur un marché mondial estimé à près de 10 millions d’obus par an, c’est 10 % des volumes », s’enflamme Jérôme Garnache-Creuillot. » (L’Express, 30 avril 2025).
Une technique financière dangereuse
Europlasma se distingue également en pratiquant une technique financière dangereuse. « Pour trouver de l’argent rapidement, l’entreprise émet des obligations convertibles en actions, lesquelles sont achetées par un intermédiaire financier qui les convertit immédiatement en titres boursiers à un cours décoté et les vend dans la foulée sur le marché, empochant au passage la différence. Le problème ? Plus il y a d’émissions, plus le capital de l’entreprises est dilué, plus le cours de Bourse chute et plus les actionnaires historiques sont rincés. » (L’Express, 30 avril 2025). On peut ajouter que les partenaires d’Europlasma sont domiciliés à Dubaï, aux îles Caïmans, aux Bahamas…
Comme il faut rester optimiste pour Caudan (près de Lorient), notons que Europlasma s’est engagé à « investir 15 millions d’euros sur trois ans, avec l’aide d’un prêt de 7 millions d’euros de l’Etat et des collectivités territoriales. La reprise était aussi conditionnée à la finalisation d’un engagement financier de 25 millions d’euros de Renault, ancien propriétaire de la fonderie et toujours son principal client, pour accompagner la diversification. Tout en poursuivant l’activité historique de production de pièces en fonte pour le secteur automobile (suspensions, échappements, boîtes de vitesse), Europlasma compte développer un projet de retournement vers l’armement. » (Le Monde, dimanche 27-lundi 28 avril 2025). Maël Le Goff, le secrétaire général CGT de la Fonderie de Bretagne, résume ainsi la situation : « L’idée, c’est que les volumes des obus nous permettent de remédier au départ des volumes de commandes faites par Renault. La guerre s’arrêtera un jour et on a des clients qui attendaient cette reprise pour nous passer commande, notamment dans le secteur des poids lourds. » (Ouest-France, 26-27 avril 2025).
Bernard Morvan
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2 réponses à “Fonderie de Bretagne : les obus remplacent Renault”
Actuellement, il y a aussi un frémissement de l’industrie métallurgique allemande, mise à mal par Bruxelles (et sa politique écolo pro-chinoise) et par la guerre d’agression russe (et les représailles qui nous ont frappés autant que les Russotchetchènes). Frémissement : les sous-traitants teutons de l’automobile se diversifient tous dans le militaire ! Connaissant les Teutons, il ne va pas leur falloir beaucoup de semestres pour inonder le marché de produits XXL car, si l’armée allemande est une serpillière qui ne brille que par ses musiques, son industrie est extrêmement performante, ses produits extrêmement efficaces – demandez aux Russes maintenant qu’Olaf-le-Pacifiste est parti ! Qui risque d’en pâtir (en dehors d’Ivan) ? L’industrie française, comme d’hab’ avec nos amis allemands… il suffit de penser aux exigences & blocages allemands sur les projets communs : scaf, mgcs…
La « réindustrialisation » c’est génial …. au lieu de fabriquer des blocs moteurs l’usine va fabriquer des obus !!!!! pour tuer encore plus d’humains …. et nos génies inspirés se posent comme chantres de ….. la PAIX ….. bel exemple de schizophrénie