Il fut l’un des joueurs les plus talentueux de sa génération, un milieu de terrain au génie aussi imprévisible qu’éblouissant. Paul Gascoigne, surnommé « Gazza », est aujourd’hui l’ombre d’un roi déchu, un héros triste et cabossé de l’Angleterre des années 90. L’ancien joueur des Glasgow Rangers, star adulée à Ibrox entre 1995 et 1998, a livré un témoignage bouleversant de sa descente aux enfers dans un podcast britannique, confession brute d’un homme détruit par ses démons.
À 56 ans, Gazza se dit « sans domicile fixe » et de retour aux réunions des Alcooliques Anonymes. Dans l’entretien accordé l’an passé au High Performance Podcast, il décrit une vie marquée par la solitude, l’addiction et le remords. « Je n’étais qu’un joyeux ivrogne, je suis devenu un ivrogne triste », confie-t-il, avouant boire désormais seul, enfermé chez lui.
Son quotidien oscille entre désespoir et rituels destructeurs. « Si je passe une mauvaise journée, je vais au pub », dit-il, ajoutant qu’il tente de se raccrocher à quelques repères, comme les réunions des AA, qu’il fréquente à nouveau. Diagnostiqué bipolaire en 2001, atteint de troubles obsessionnels, Gascoigne vit aujourd’hui chez son agente Katie Davies, qu’il a appelée en pleurs il y a quelques années pour implorer de l’aide.
L’ivresse d’un génie, le naufrage d’un homme
« Les gens connaissent Paul Gascoigne, mais personne ne connaît Gazza. Même pas moi », lâche-t-il, conscient du gouffre entre le joueur flamboyant et l’homme perdu. L’après-carrière a été pour lui une longue suite de rechutes : alcool, cocaïne… et même Calpol, un sirop pour enfants dont il buvait les flacons à la chaîne en raison de la faible teneur en alcool.
Exilé dans ses souvenirs, Gazza évoque avec tristesse les blessures qui ont interrompu sa carrière, les années perdues, les caps manqués en équipe nationale. « Si j’ai déçu quelqu’un, ce n’est ni les managers, ni les fans. C’est moi-même. »
Un miroir brisé de l’Angleterre
Le cas Gascoigne, au-delà de l’anecdote, illustre avec violence les ravages du star-system sportif britannique, mais aussi l’incapacité d’une société à accompagner ses icônes. Adulé dans les stades, il a été abandonné dès sa sortie du terrain. À force d’avoir été montré du doigt, exhibé comme bête de foire entre deux passages en cure ou en garde à vue, Gazza est devenu un spectacle triste pour une nation qui a trop longtemps préféré rire de sa souffrance.
Les supporters des Rangers n’ont pas oublié le génie qu’il fut, lui qui fit briller Ibrox et brandir des trophées. Mais aujourd’hui, ils ne peuvent que se souvenir, impuissants, du joueur flamboyant qui, entre deux dribbles, se battait déjà contre un mal plus grand que n’importe quel adversaire.
Au moment où l’on parle tant de santé mentale dans le sport, l’histoire de Paul Gascoigne mérite plus que des larmes ou des moqueries. Elle appelle à la lucidité et au respect. Car même brisé, Gazza reste une figure tragique mais profondément humaine du football européen.
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Une réponse à “Paul Gascoigne : le héros de Glasgow devenu fantôme errant de l’Angleterre contemporaine”
1/le peuple anglais- la Grande Bretagne,sont morts.2/S’appeler Gazza,c’est le néant.