Hans-Georg Maaßen accuse le gouvernement de détourner le renseignement intérieur pour cibler l’AfD et neutraliser ses rivaux politiques
L’ancien président du BfV, Hans-Georg Maaßen, tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme. Dans une interview accordée à The European Conservative, ce juriste allemand et haut fonctionnaire, connu pour son franc-parler, accuse le gouvernement d’avoir instrumentalisé l’agence de renseignement intérieur pour mener une croisade politique contre l’Alternative für Deutschland (AfD) et, plus généralement, contre toute forme d’opposition conservatrice.
Une dérive démocratique inquiétante
Le BfV (Office fédéral pour la protection de la Constitution), qu’il dirigea entre 2012 et 2018, a récemment classé l’AfD comme « extrémiste ». Pour Hans-Georg Maaßen, cette décision n’a rien de juridique : « C’est un jugement politique, destiné à justifier une surveillance inédite d’un parti d’opposition. » Selon lui, cette manœuvre aurait été directement pilotée par la ministre de l’Intérieur social-démocrate Nancy Faeser, ou initiée par le président actuel du BfV, Thomas Haldenwang, « par conviction idéologique ».
« Jamais une démocratie ne devrait permettre à ses services secrets de surveiller des partis politiques », rappelle-t-il. « C’est aux partis, aux médias et à la société civile de se contrôler mutuellement, pas aux agents du renseignement. »
Une mission dévoyée
Officiellement, le BfV est chargé de lutter contre l’espionnage, les menaces terroristes et les atteintes à l’ordre constitutionnel. Mais pour Maaßen, cette dernière notion est désormais déformée à des fins partisanes : « Aujourd’hui, il suffit de défendre des idées patriotes ou conservatrices pour être accusé de menacer la démocratie. »
Il cite des exemples bavarois où des partis de droite ont été ciblés au profit du parti au pouvoir (la CSU), illustrant une tendance plus large : les partis établis utilisent le renseignement pour neutraliser la concurrence.
Si cette dérive est particulièrement marquée en Allemagne, Maaßen observe des cas similaires en France et en Roumanie, où des lois sont, selon lui, tordues pour exclure la droite nationale de la vie politique. Il met en garde contre un usage croissant des appareils d’État pour empêcher l’accès au pouvoir à des partis jugés dérangeants.
« Partout où les conditions politiques et juridiques le permettent, les services secrets risquent d’être utilisés pour maintenir les conservateurs loin du pouvoir. »
Un service affaibli, une confiance rompue
Enfin, l’ancien patron du BfV estime que ces pratiques ont gravement entamé la crédibilité du renseignement intérieur allemand, déjà fragilisé par l’héritage historique de la Gestapo. Il s’interroge sur l’avenir d’un service qui, selon lui, ne peut fonctionner efficacement qu’à condition de gagner la confiance du public et de ses informateurs. Une confiance aujourd’hui brisée par des manipulations politiques « indignes d’un État de droit ».
Hans-Georg Maaßen est devenu depuis son départ du BfV une figure de proue du courant conservateur allemand. Régulièrement critiqué par la gauche, il alerte depuis plusieurs années sur la dérive autoritaire du pouvoir en place, qu’il accuse de faire usage de méthodes de surveillance politique dignes des régimes qu’il prétend combattre.
Photo : DR
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