Le 25 juillet, à Sainte-Anne-d’Auray, la marche spirituelle s’achèvera lors du Grand Pardon, point d’orgue du jubilé des 400 ans
Depuis le 7 mars 2025, une marche peu ordinaire parcourt la Bretagne intérieure. La Troménie de Sainte-Anne, grande procession spirituelle et patrimoniale, traverse 130 paroisses du diocèse de Vannes, rassemblant fidèles, marcheurs et curieux sur les pas de la sainte patronne des Bretons. Ce pèlerinage d’un autre temps, renoué avec les traditions les plus anciennes, arrive à son terme le 25 juillet à Sainte-Anne-d’Auray, lors du Grand Pardon, événement majeur du calendrier religieux breton.
Cette édition 2025 est particulièrement symbolique, marquée par la clôture du Jubilé des 400 ans des apparitions de sainte Anne à Yvon Nicolazic, figure centrale de la dévotion populaire en Bretagne. Depuis le XVIIe siècle, des générations de Bretons se rendent à Sainte-Anne-d’Auray pour honorer celle qui est devenue un repère de foi, de résistance et d’identité.
Une marche de foi et de mémoire
La Troménie n’est pas une simple randonnée : c’est une démarche spirituelle et communautaire, unissant des marcheurs de tous horizons autour des valeurs de foi, d’espérance et de fraternité. Chaque tronçon du parcours voit la statue de sainte Anne portée à tour de rôle, dans un esprit de transmission et de ferveur populaire. La marche invite à la prière, au recueillement, mais aussi à la redécouverte du territoire breton, de ses chapelles et de sa mémoire chrétienne.
Le 25 juillet, les pèlerins rejoindront la basilique de Sainte-Anne-d’Auray, haut lieu de pèlerinage régional, pour une journée exceptionnelle de célébrations, clôturant ces mois de cheminement.
Le programme de la dernière journée
Voici les temps forts du 25 juillet, point d’orgue de la Troménie 2025 et du Grand Pardon :
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09h00 messe à Mériadec
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10h00 départ de la marche par la voie verte, la statue est portée sur son brancard, à tour de rôle par chaque tronçon
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12H00 arrivée à la maison saint Joachim (maison de retraite des prêtres) à sainte Anne d’Auray, pique-nique tiré du sac
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14h00 arrivée à la maison Nicolazic, animations sur la place du marché (bagad et sonneurs)
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15h30 dernière procession derrière la calèche, passage à la Croix Nicolazic (lieu historique des apparitions)
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16h30 arrêt à la porte jubilaire, dépose de la statue, passage de la porte jubilaire
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17h00 dépose de la statue sur le parvis de la basilique, lâcher de ballons, dernier tour de la calèche (vide) pour dire au-revoir
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17h15 vêpres et 18h00 messe solennelle
Le Grand Pardon de Sainte-Anne-d’Auray attire chaque année plusieurs milliers de fidèles, familles, paroissiens, religieux et laïcs venus de toute la Bretagne, et bien au-delà. Cette édition 2025 revêt une dimension toute particulière, entre mémoire historique et renouveau spirituel, incarnée par une Troménie qui aura redonné souffle et élan à une tradition bien vivante.
Ce moment fort du calendrier breton mérite d’être relayé : par sa profondeur, sa ferveur, mais aussi par ce qu’il dit de la résilience et de l’âme d’un peuple attaché à ses racines et à sa foi.
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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2 réponses à “Troménie de Sainte-Anne : le grand pèlerinage breton touche à sa fin”
Vidéo sur la troménie de Sainte-Anne avec un fond de musique irlandaise !!!
Ce n’est pourtant la musique qui manque en Bretagne
La Grande Troménie du 13 juillet 2025 à Locronan.
Ici, aujourd’hui, ce qui attend les pèlerins ce ce n’est pas une promenade du dimanche où tout n’est que gaieté, agrément et détente. Sur le chemin sacré, chacun a rendez-vous avec lui-même. Douze kilomètres de silence, de souffrance, c’est long. Alors inévitablement à un moment ou à un autre vient le temps du questionnement.
Ici, aujourd’hui, pas de dais ni de chaise à porteurs pour Monseigneur. Annoncé par les battements des tambours l’évêque marche, prie et chante accompagné de ses ouailles.
Ici, aujourd’hui, chacun a la possibilité de croiser une incroyable diversité de regards, de constater un vide inexpressif chez l’un, la profonde sérénité de ceux qui ont connu la révélation chez l’autre, de deviner le feu intérieur brûlant des mystiques.
Alors que le cortège s’élance toutes les têtes se tournent vers le ciel. Les doigts et les smartphones pointent une apparition qui a pris la forme d’un halo solaire. Il ne s’agit pas d’un miracle annonciateur de paix dans le monde mais d’un rare phénomène naturel annonciateur d’un changement de météo.
En tête de procession, quelques fidèles prévoyantes préparent déjà les imperméables transparents pour protéger leurs admirables tenues d’apparat. Quelques unes ont troqué leurs chaussures neuves portées à la messe du matin, ces souliers qui font pleurer de douleur au bout de quelques kilomètres, pour de confortables baskets. Dommage, cela attire l’oeil mais il semblerait que ce soit efficace. Est-ce pour cela qu’après la procession aucune d’entre elles n’a été aperçue à genoux entre les piliers du cénotaphe de saint Ronan ?
De moins en moins d’hommes portent le chapeau à rubans de velours. C’est surprenant parce que sans lui ils perdent toute prestance.
Les Troménies perdurent grâce à leurs rites anciens. Ce sont eux qui assurent leur succès siècle après siècle. L’oublier condamnerait inéluctablement grandes et petites Troménies à péricliter.
Porter les lourdes croix de métal, les bannières au vent, les statues reste un honneur mais une épreuve très douloureuse où Chemin de croix prend tout son sens. Les porteurs avancent mais ne renoncent pas même si souvent les visages se crispent.
Les pèlerins chantent très peu en marchant. La ferveur collective, la joie partagée, les cantiques chantés à l’unisson sont réservés à l’intérieur de l’église et tant pis si l’effet n’est pas toujours très heureux, ce n’est pas un spectacle.
Un moment exaltant de la marche reste la montée de la colline vers le Prieuré.
A la queue leu leu sur un sentier caillouteux très pentu tout le monde grimpe : des bien portants, des malades, des hommes en habits, des femmes en short, des vieillards, des petits à peine sortis du berceau …
Un homme chemine les pieds nus, un aveugle et son guide ferment la marche.
Lors de la montée parfois la file s’arrête, interrompue par un homme qui reste statufié par l’effort qu’il vient de fournir. Personne ne dit mot. Très vite l’ascension repart de plus belle avec une énergie renouvelée. A cet instant on a l’impression que l’esprit des marcheurs disparaît et que toute l’énergie de leur personne est consacrée à un effort physique si intense qu’il en devient presque furieux.
La montée au ciel se mérite mais en chantant « Jezuz pegen bras ve » un Glazik a trouvé la solution pour la rendre plus douce.
Locronan, le 13 juillet 2025.