« Pour faire de grandes choses, il faut de grands hommes et ceux-ci ne le sont que parce qu’ils ont choisi de l’être ». Ch. de Gaulle
Après un discours d’une affligeante banalité qui ne pouvait que satisfaire ses amis (s’il lui en reste) et mécontenter ses adversaires, le Premier ministre n’a pas « renversé la table » et son propos sur la nécessité absolue de redresser nos finances était très circonstanciel. Cependant Il a soigneusement évité de parler de ce qui est, à mes yeux, le plus important.
Sur ce grand malheur qui nous frappe, nos hommes politiques nous doivent un certain nombre d’explications et notamment sur les raisons historiques qui nous ont conduit à cette situation catastrophique. Comment, d’une situation florissante du début des années 70, pouvons nous nous retrouver aujourd’hui devant un tel désastre ?
Existe-t-il une ou plusieurs causes qui auraient pu produire de tels effets sans que personne n’ose les dénoncer ?
Le moment est venu d’expliquer aux Français ce qui s’est passé et pourquoi cela a été fait.
La main qui donne est au-dessus de celle qui reçoit.
Napoléon Bonaparte avait une sorte de méfiance instinctive vis-à-vis des banquiers. Lorsqu’il décida, après le coup d’État et sur l’insistance de banquiers belges privés, de créer la Banque de France le 18 janvier 1800 et de donner à celle-ci le privilège de l’émission de la monnaie sous forme de billets de banque, il assortit ce privilège qu’il donnait aux propriétaires de cette nouvelle banque privée de l’obligation de garantir sur l’or la valeur de ces billets, s’assurant ainsi qu’ils ne pourraient pas émettre pour leur profit des billets sans contre-partie. Il est vrai qu’il connaissait l’histoire et le fonctionnement de la Banque d’Angleterre créée en 1694 par des banquiers allemands et hollandais que Guillaume d’Orange avait appelé à son secours. Ils pouvaient, eux, émettre un certain nombre de billets sans contre-partie. Il a dit, à propos des banquiers :
« Lorsqu’un gouvernement est dépendant des banquiers pour l’argent, ce sont ces derniers, et non les dirigeants du gouvernement, qui contrôlent la situation, puisque la main qui donne est au-dessus de la main qui reçoit »
De 1800 à 1914, le « Franc Napoléon » connut une stabilité parfaite et sa valeur resta inchangée.
La Banque d’Angleterre veut « mettre au pas » les colons américains
Quelques années auparavant, Benjamin Franklin avait séjourné en Angleterre et avait notamment rencontré le gouverneur de la Banque d’Angleterre. Celui-ci lui avait demandé quelle était la raison de la prospérité des colonies d’Amérique. Franklin lui répondit que les colons utilisaient une monnaie locale (local script) et qu’elle était émise en fonction des besoins du commerce et de l’industrie, sans qu’il y ait le moindre intérêt à verser à qui que ce soit.
Quelques années plus tard, la Banque d’Angleterre imposa sa monnaie aux colons, provoquant famine, chômage et disette. Jefferson alla jusqu’à y voir la raison majeure de la révolte qui se termina par la guerre d’indépendance en 1776.
Pour revenir à l’actualité, alors que de Gaulle a toujours veillé à maintenir l’indépendance et la souveraineté de la France, nos dirigeants politiques ont progressivement abandonné, au nom de la « construction européenne », tous les attributs essentiels de notre souveraineté dont l’un des principaux était notre droit de « battre monnaie ».
Alors que de Gaulle avait réussi, entre 1958 et 1969, à remettre la France à flot, ses successeurs ont patiemment « détricoté », souvent dans le dos du peuple français, tout ce qui aurait pu nous éviter de connaître la situation actuelle.
Ce fut la loi du 03 janvier 1973, qui interdisait à l’État de se financer directement auprès de la Banque de France sans payer d’intérêts, nous obligeant ainsi à emprunter de l’argent aux banques privées, naturellement contre un intérêt payable par les contribuables.
Puis ce fut le traité de Maastricht en 1992, instituant une monnaie unique contrôlée exclusivement par la BCE, malgré le fait que l’Union Européenne ne remplissait aucun des critères définis par Robert Mundell dans son essai sur les zones monétaires optimales. Le cumul de ces décisions ne pouvait que nous conduire au désastre actuel mais, assez étrangement, nos gouvernants préfèrent invoquer d’autres causes.
Les faits sont têtus
Notre dette publique s’élève aux environs de 3300 milliards d’euros.
En 1972, la dette française était autour de 40 milliards de francs (6 milliards d’euros). Nous n’avons connu, depuis Georges Pompidou, que des années déficitaires. Il est tout bonnement incroyable qu’aucun des présidents successifs n’ait jamais remis en perspective l’augmentation exponentielle de notre dette et la perte de notre souveraineté monétaire. Il fallait à tout prix imposer le fédéralisme européen, lui même appartement témoin de la mondialisation future. Pourtant, les faits sont là. La loi de 73 devait nous obliger à la « rigueur budgétaire » mais à surtout servi à enrichir les banquiers, comme Bonaparte l’avait prévu. L’euro devait nous apporter la prospérité en faisant de l’Union Européenne la première puissance économique mais très vite il s’est retourné contre nous par l’absence des critères de Mundell et n’aura été, finalement, que l’agent d’un fédéralisme qui n’a jamais pu être achevé en raison du réveil progressif des peuple européens.
Devant un tel résultat, le bon sens élémentaire impose de changer de direction de tirer les conclusions d’un tel échec.
Une constatation s’impose : créer de l’argent à partir d’une dette n’est pas viable à terme. Le système dit « des réserves fractionnaires » garantit l’enrichissement des banques qui crééent la monnaie à partir de rien mais condamne les contribuables à la servitude éternelle. En 2024, la charge de la dette était de 60 milliards d’Euros et nous allons probablement devoir payer plus de 100 milliards en 2026. Il faut arrêter ce massacre. L’intérêt de nos créanciers n’est pas le remboursement du capital car il ne leur a pratiquement rien coûté, si ce n’est du papier et de l’encre, voir une simple ligne d’ordinateur. Par contre, les intérêts que nous leur payons doivent être gagnés « à la sueur de notre front ». On nous prête de l’argent qui vient de nulle part et qui s’apparente à de la fausse monnaie et nous devons nous signer à blanc pour payer les intérêts sans que nous puissions y faire quoi que ce soit.
Sommes nous éternellement condamnés, tel le mythe de Sisyphe qui s’épuisait à faire grimper la colline à son rocher jusqu’à ce qu’il re-dévale la pente et recommence indéfiniment ?
S’il y a une volonté, il existe un chemin.
Cette phrase de de Gaulle devrait être méditée par tous ceux qui aspirent à nous gouverner. La France a déjà connu des situations financières beaucoup plus critiques. D’autres pays également. A chaque fois, ceux qui s’en sont les mieux sortis ont toujours appliqué les mêmes règles.
C’est le plus urgent. Sans elle, il ne peut y avoir de souveraineté ni d’indépendance pour la nation. Sans elles, nous sommes condamnés à la servitude et Bonaparte le savait parfaitement.
Rétablir une monnaie stable
C’est la seconde nécessité. Là encore, de Gaulle avait montré la voie dans son propos de 1965 sur le « retour à l’étalon-or » et on ne voit toujours pas ce qui pourrait le remplacer. Ce n’est pas par hasard que la plupart des banques centrales rachètent de l’or à tour de bras.
Naturellement, tout ceux qui ont aliéné leur carrière à l’euro-mondialisme vont être vent debout contre de telles propositions qui réduiraient à néant tous leurs efforts. Mais la décision ne devrait-elle pas appartenir au peuple français et à lui-seul ?
Existe-t-il en France un digne successeur du Général et les circonstances exceptionnelles que nous connaissons vont-elles le conduire à se révéler ?
L’avenir nous le dira…
Jean Goychman 19/07/25
2 réponses à “La France peut s’en sortir si les Français le veulent [L’Agora]”
Le Capital est virtuel…Pas les intérèts, fruits du travail réel « à la sueur de ton front ».
Le livre « guerre des monnaies » du chercheur Chinois Hongbing Song explique très bien la naissance du système bancaire actuel et ses dérives; système mis en place notamment par la famille Rothschild .
Tant que nous seront sous la coupe de l’Euro (Mark Allemand) et de la banque centrale Européenne , ce pays ne pourra pas s’en sortir , a prendre en compte également la classe politique actuelle qui préfère sont confort personnel que l’intérêt des français et de la France.
Les français ont leur part également dans ce qui nous arrive actuellement en préférant l’argent virtuel (payement par carte de crédit, sans contact) a l’argent physique ce qui conforte le système bancaire a faire disparaitre l’argent physique par intérêt des actionnaires .