Le gouvernement britannique a annoncé le 22 juillet le lancement d’une phase de test d’une technologie d’intelligence artificielle permettant d’estimer l’âge des migrants se présentant comme « mineurs ». Cette initiative vise à résoudre un problème récurrent : l’absence de documents d’identité fiables pour de nombreux arrivants, notamment ceux qui traversent la Manche à bord d’embarcations de fortune.
Selon les données officielles du ministère de l’Intérieur citées par le quotidien britannique Daily Mail le 22 juillet, 2 122 litiges relatifs à l’âge ont été recensés au premier semestre 2024, dont 1 317 cas dans lesquels les migrants, initialement déclarés mineurs, ont été reclassés comme adultes. Actuellement, les évaluations sont effectuées à partir de l’apparence physique et du comportement, une méthode jugée « difficile » par les autorités.
Le ministre britannique chargé de la sécurité des frontières et de l’asile, Angela Eagle, a reconnu devant le Parlement qu’« évaluer avec précision l’âge des individus est une tâche incroyablement complexe et difficile », ajoutant que l’IA était une solution « rentable » et rapide. Le système repose sur la reconnaissance faciale, entraînée sur des millions d’images, capable de fournir une estimation d’âge avec un degré de précision connu. Comme l’expliquait la BBC le même jour, une technologie semblable est déjà utilisée dans le secteur privé, par des sites de vente de produits soumis à une restriction d’âge.
Une méthode critiquée mais soutenue par les autorités
La décision du gouvernement travailliste intervient dans un contexte de critiques sur la fiabilité des évaluations actuelles. Un rapport de l’inspecteur indépendant David Bolt a montré que, sur un échantillon de 100 dossiers, 22 migrants initialement jugés adultes avaient ensuite été évalués comme mineurs par les autorités locales. Le rapport pointe aussi le risque que des adultes soient placés avec des enfants (ou inversement) faute d’évaluation fiable, ce qui soulève des enjeux de sécurité.
Angela Eagle affirme que « l’estimation de l’âge facial pourrait produire des résultats exploitables beaucoup plus rapidement que d’autres méthodes potentielles […] à un coût bien moindre et sans nécessiter de procédure médicale ». Une procédure d’appel d’offres est prévue en août, avec un déploiement espéré en 2026. Si l’outil est jugé concluant, il pourrait devenir un maillon central du dispositif d’accueil.
Le Refugee Council, de son côté, reste sceptique. Cité par la BBC, son directeur général, Enver Solomon, a déclaré : « Ces technologies continuent de soulever de sérieuses questions quant à leur précision, leur éthique et leur équité ».
Angela Eagle. Source : gov.co.uk
Un contexte de pression migratoire sans précédent
Cette évolution technologique intervient alors que le Royaume-Uni connaît une explosion des arrivées par voie maritime. Plus de 20 000 migrants ont traversé la Manche entre le 1er janvier et le 1er juillet 2025, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, soit une hausse de 48 % par rapport à la même période de 2024. Le record journalier reste celui du 31 mai, avec 1 195 arrivées en une seule journée.
Malgré les 780 millions d’euros versés à la France depuis 2022 pour renforcer la surveillance, les résultats sont jugés décevants. Le 1er juin, Tony Smith, ancien directeur général des Border Forces, estimait dans The Times que « la réaction française semble maintenant être une réaction d’indifférence ».
Face à un dispositif débordé, l’intelligence artificielle apparaît pour Londres comme un outil d’urgence. Non seulement pour éviter les abus, mais aussi pour tenter de reprendre un minimum de contrôle sur ses frontières.
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Une réponse à “Immigration. Le Royaume-Uni mise sur l’IA pour détecter les faux mineurs parmi les migrants”
j’espère que l’IA pourra nous delivrer des vrais cons qui nous dirigent !