Le 1er août, symbole fondateur de l’histoire helvétique, a vu émerger un nouvel acteur du paysage politique et civique : le Mouvement Souveraineté Suisse (MSS). Fondé par l’économiste franco-suisse Ludovic Malot, ce collectif citoyen entend alerter et mobiliser face à ce qu’il qualifie de « soumission silencieuse » aux structures supranationales, en premier lieu l’Union européenne.
Une souveraineté en péril
Dans sa déclaration inaugurale, le mouvement dénonce une dérive progressive qui, depuis deux décennies, affaiblirait la neutralité, l’indépendance et la démocratie directe helvétiques. Parmi les éléments pointés :
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la reprise automatique de normes européennes sans vote populaire,
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la participation à des programmes internationaux sans consultation,
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la remise en cause de l’argent liquide et la promotion d’une identité numérique fédérale jugée intrusive,
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l’alignement croissant sur la diplomatie de Bruxelles ou de l’OTAN.
Selon le MSS, plus de 1 200 directives européennes pourraient à terme s’appliquer en Suisse sans passer par les urnes, ce qui constituerait une atteinte grave aux fondements de la démocratie directe.
La démocratie directe « vidée de sa substance »
Le cœur de l’inquiétude réside dans la crainte d’un contournement systématique du référendum populaire. Pour les fondateurs du mouvement, les négociations en cours sur les futurs accords bilatéraux (« Bilatérales III ») risquent d’entériner une perte de souveraineté déjà actée en coulisses. Le vote annoncé pour 2027 serait alors « un simulacre », destiné à valider une intégration déjà réalisée.
Le ton est sans équivoque : « Ce n’est pas en 2027 qu’il faut se réveiller, mais aujourd’hui », martèle Ludovic Malot.
Deux autres piliers de l’identité helvétique sont également au cœur du combat :
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La neutralité armée, héritée du XIXe siècle et confirmée en 1940 par le général Guisan, que le mouvement accuse le Conseil fédéral de vider de sa substance en envisageant des coopérations militaires avec l’OTAN ou l’Union européenne.
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La défense du cash, présenté comme un « rempart de liberté » face au risque d’une société de surveillance numérique. Le MSS réclame son inscription explicite dans la Constitution comme droit fondamental.
L’e-ID comme bataille imminente
Le premier test sera la votation du 28 septembre 2025 sur l’identité numérique fédérale. Pour le MSS, ce projet constitue un « cheval de Troie » qui ouvrirait la voie à une société de contrôle inspirée du modèle chinois : traçabilité totale des transactions, centralisation des données personnelles et exclusion des opposants politiques.
Le mouvement se présente comme apartisan et inclusif, ouvert aux jeunes, aux familles, aux retraités, aux entrepreneurs et même aux Suisses de l’étranger. Ses objectifs immédiats sont triples :
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Informer la population sur les dangers d’une intégration rampante à l’UE.
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Mobiliser dans toutes les régions et générations.
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Préparer dès maintenant la campagne référendaire de 2027.
Le MSS revendique une organisation moderne, multilingue et multicanale, avec une stratégie de financement participatif transparent et une communication active sur les réseaux sociaux.
Une lutte nationale, mais aussi symbolique pour le monde
Pour ses initiateurs, la défense de la souveraineté suisse dépasse le cadre helvétique. Ils affirment recevoir déjà des soutiens de mécènes, de Suisses expatriés et de sympathisants étrangers qui voient encore dans la Confédération « un phare de liberté et d’indépendance ».
Ludovic Malot insiste : « Ce n’est pas une opposition à l’Europe en tant que telle, mais le refus d’une soumission imposée sans débat. La Suisse doit rester libre de coopérer, mais selon ses propres choix. »
En lançant ce mouvement le jour de la Fête nationale, ses fondateurs veulent renouer avec l’esprit de 1291 et du serment de Rütli. Ils préviennent : si les Suisses attendent 2027, il sera trop tard, les verrous ayant déjà sauté un à un par des réformes techniques ou juridiques.
« La liberté ne se mendie pas, elle se conquiert », rappelait Guillaume Tell. Le MSS entend s’inscrire dans cette lignée, en appelant à la vigilance et à la mobilisation dès aujourd’hui.
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