L’antibiorésistance, longtemps cantonnée aux cercles scientifiques, est devenue une menace sanitaire mondiale. Elle tue déjà plus de 35 000 Européens chaque année selon les chiffres rapportés par l’Institut Pasteur en juillet 2024. À l’échelle du globe, environ 5 millions de décès annuels sont associés aux infections résistantes, expliquait l’INRAE (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) au mois d’avril dernier en s’appuyant sur les données de l’OMS.
Si rien n’est fait, elle pourrait devenir la première cause de mortalité d’ici 2050. L’OMS avertit d’une possible « ère postantibiotiques », « où des infections courantes et des blessures mineures… pourraient à nouveau tuer ».
Une consommation française toujours trop élevée
Après une baisse entre 2011 et 2020, la consommation d’antibiotiques est repartie à la hausse : +51 % chez les 5-14 ans et +15 % dans les autres classes d’âge en 2022 selon les chiffres relayés par l’Assurance maladie le 26 février dernier. En 2021, la France figurait encore parmi les pays européens les plus consommateurs (5e). Or l’usage massif et inadapté (prescriptions pour des viroses, traitements interrompus trop tôt ou mal dosés) sélectionne des résistances acquises, irréversibles une fois installées. Déjà en 2015, 125 000 infections à bactéries multirésistantes et plus de 5 500 décès étaient recensés en France selon les chiffres de Santé publique France.
Côté animal, les plans ÉcoAntibio ont fait reculer l’exposition des élevages de 40,8 % entre 2013 et 2023. Mais certaines bactéries communes à l’homme et à l’animal et la présence de résidus d’antibiotiques dans l’environnement (eaux usées, élevages, hôpitaux) entretiennent un réservoir de gènes de résistance.
La recherche en première ligne : « désarmer » plutôt que tuer
En avril 2025, un consortium INRAE–CNRS–Inserm–Université Paris-Saclay a annoncé l’identification d’une molécule NM102 qui cible Mfd, une protéine de virulence présente chez toutes les bactéries et impliquée dans la résistance au système immunitaire et la survenue de mutations. NM102 se fixe sur Mfd et empêche son activation :
– Elle ne tue pas la bactérie en l’absence des composés toxiques produits par l’immunité ;
– Elle réduit la charge bactérienne dans les organes infectés sans altérer le microbiote ;
– Elle freine la capacité de mutation, donc la montée de nouvelles résistances (tests in vitro et in vivo sur modèles insecte et murin ; résultats brevetés et publiés dans la revue scientifique Nature Communications).
Selon l’INRAE, la molécule a également été encapsulée dans des nanoparticules biodégradables pour faciliter son administration, et une optimisation chimique est en cours avec le CEA (Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives) en vue de futurs médicaments.
Du point de vue de l’Institut Pasteur, aucune innovation ne suffira sans discipline collective : hygiène rigoureuse, vaccination contre les infections bactériennes évitables, et usage strictement médical des antibiotiques. Le message-clé de l’Assurance maladie reste inchangé : « Les antibiotiques : utilisés à tort, ils deviendront moins forts ».
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Une réponse à “Santé. Antibiorésistance : la prochaine grande menace sanitaire mondiale ?”
Voilà un parfait exemple de l’inversion accusatoire ! Ce ne sont pas les antibiotiques qui tuent, c’est la résistance immunitaire induite par le corps humain contre l’overdose qu’il subit ! mais soyez sans crainte, la médecine va trouver la parade, encore plus de vaccins qui sont tous, on est prié de la croire, bénéfique à la santé humaine ! Plus con, que le citoyen qui ingurgite sans se poser de questions, et plus mercantile que la médecine qui pense pognon avant santé, tu meurs ! C’est le progrès !