La quarantaine sonne souvent comme une étape charnière. C’est aussi, pour beaucoup, l’âge où la presbytie s’installe. Du jour au lendemain, lire un SMS, déchiffrer un prix, consulter un document devient une gymnastique visuelle, souvent accompagnée d’un soupir agacé et… d’une paire de lunettes qu’on ne retrouve jamais. Cette perte progressive de la vision de près touche aujourd’hui plus de 1,8 milliard de personnes dans le monde selon l’Organisation mondiale de la santé. En clair : personne ou presque n’y échappe.
Jusqu’à présent, les solutions étaient limitées : lunettes, lentilles ou chirurgie. Autrement dit, un accessoire permanent, parfois vécu comme un stigmate, ou une intervention définitive qui ne convient pas à tous. Mais un nouvel acteur vient bousculer la donne : le collyre VIZZ, récemment approuvé par la Food and Drug Administration (FDA) aux États-Unis.
Une révolution en une goutte
Le principe est déroutant de simplicité : une seule goutte dans chaque œil suffit pour améliorer la vision de près en seulement 30 minutes. L’effet dure jusqu’à 10 heures, sans altérer la vision de loin. Le secret de VIZZ ? Exploiter l’effet dit de « trou d’épinglette » : en réduisant le diamètre de la pupille, on augmente la profondeur de champ, exactement comme un appareil photo qui se met en mode « focus étendu ». Résultat : une netteté retrouvée, sans lunettes ni chirurgie.
Un changement de paradigme
On pourrait comparer cette avancée à l’arrivée de la première pilule contraceptive ou du vaccin contre la grippe : un traitement médicamenteux, non invasif, qui libère les patients d’une contrainte quotidienne. Dans nos sociétés hyperconnectées, où l’écran est devenu une extension de nous-mêmes, disposer d’un tel outil représente un gain de confort et d’autonomie considérable.
Évidemment, il ne s’agit pas d’une solution miracle. L’effet est temporaire, et le produit ne conviendra pas à tous les profils de presbytes. Certains patients pourront ressentir des effets secondaires mineurs, comme des maux de tête liés à la contraction pupillaire. Mais le pas franchi est considérable : transformer un trouble universel en un simple geste médical ponctuel.
La promesse d’un futur sans lunettes ?
VIZZ sera disponible dans les pharmacies américaines d’ici la fin 2025, uniquement sur prescription. Et déjà, les questions fusent : quand arrivera-t-il en Europe ? Pour qui sera-t-il prescrit ? Quels seront ses coûts ? Ces débats sont légitimes, mais ils masquent parfois l’essentiel : pour la première fois, un traitement pharmacologique offre une alternative crédible aux lunettes de près.
À mes yeux, cette innovation est une porte entrouverte vers une nouvelle génération de solutions en ophtalmologie. Aujourd’hui, une goutte pour voir clair quelques heures. Demain, peut-être, des formulations plus durables, des combinaisons avec d’autres molécules, et pourquoi pas, à terme, des traitements capables de ralentir la progression de la presbytie elle-même.
Un tournant pour la médecine et pour la société
La presbytie est souvent perçue comme une fatalité, une petite gêne de l’âge mûr. Mais elle a un impact bien réel : sur la productivité au travail, sur la qualité de vie, sur l’estime de soi. Pouvoir s’en libérer, ne serait-ce que temporairement, est plus qu’un confort : c’est une manière de redonner aux patients la maîtrise de leur quotidien.
Avec VIZZ, la médecine ne se contente pas de corriger un défaut visuel. Elle change notre rapport à l’âge, à la dépendance aux lunettes, et à la perception même du vieillissement. En ce sens, ce collyre est bien plus qu’un traitement : c’est un symbole de ce que la recherche médicale peut apporter à nos vies, de plus simple, plus léger, plus adapté.
Une goutte pour retrouver sa liberté visuelle. Et peut-être, une première étape vers un futur où la presbytie ne sera plus qu’un souvenir.
Romain Nicolau.
Le Dr Romain Nicolau est un chirurgien ophtalmologiste spécialisé en chirurgie réfractive et de la cataracte. Fondateur du Groupe Ophtalmologie Paris Est et cofondateur de l’Institut Laser Voltaire et de med-ophta, il exerce à Paris. Il maîtrise des techniques avancées de LASIK, PKR, SMILE, ICL et TransPKR, pour corriger la myopie, l’hypermétropie et l’astigmatisme avec une précision exceptionnelle. Il a lui-même bénéficié d’une chirurgie ICL pour traiter sa propre forte myopie, ce qui lui permet de mieux comprendre les attentes de ses patients.
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