Une large étude suédoise publiée dans JAMA Network Open met en lumière une association statistique entre la prise de psychotropes courants (anxiolytiques, antidépresseurs, sédatifs/hypnotiques) et un risque plus élevé de développer une sclérose latérale amyotrophique (SLA, ou maladie de Charcot). Les chercheurs estiment l’augmentation relative du risque à +34 % pour les anxiolytiques, +26 % pour les antidépresseurs et +21 % pour les sédatifs.
Important : il s’agit d’une corrélation, non d’une preuve de causalité. Et le risque absolu individuel demeure faible : chez une personne sans antécédent familial, la probabilité de développer une SLA reste inférieure à 1 %, et reste sous 2 % même en tenant compte de l’exposition médicamenteuse rapportée par l’étude.
Les chercheurs ont travaillé à partir des dossiers médicaux de plus de mille patients diagnostiqués avec la maladie, comparés à des témoins en bonne santé. Résultat : ceux qui avaient reçu, plusieurs années auparavant, au moins deux prescriptions de ces traitements présentaient une probabilité significativement plus élevée d’être touchés. Le risque grimpe de 34 % pour les anxiolytiques, de 26 % pour les antidépresseurs et de 21 % pour les hypnotiques. Un signal d’autant plus frappant qu’il persiste même lorsque la consommation remonte à plus de cinq ans avant le diagnostic, et qu’il apparaît particulièrement marqué chez les patients de moins de 65 ans.
Une maladie redoutable et encore mal comprise
La Maladie de Charcot est une affection neurodégénérative rare mais implacable. Elle entraîne une paralysie progressive des muscles, privant peu à peu le malade de la parole, de la mobilité, puis de la capacité à respirer. L’espérance de vie après le diagnostic dépasse rarement cinq ans. L’exemple de Stephen Hawking, atteint durant des décennies, reste une exception.
L’étude ne démontre pas que ces médicaments provoquent directement la maladie. Mais elle souligne un faisceau d’indices qui mérite attention. Les auteurs rappellent que la dépression, l’anxiété ou les troubles du sommeil peuvent précéder l’apparition des symptômes moteurs. Autrement dit, ces prescriptions pourraient parfois être le reflet des premiers signes de la maladie, avant même qu’elle ne soit identifiée.
Autre constat préoccupant : parmi les patients déjà atteints de la Maladie de Charcot, ceux qui avaient utilisé ces médicaments avant leur diagnostic connaissent une évolution plus rapide de la maladie, avec une perte motrice accélérée et une survie plus courte. A l’heure actuelle, une fois la SLA déclarée, il n y a aucun moyen de la stopper. Comprendre les facteurs qui pourraient jouer sur son apparition ou son évolution est donc crucial.
Prudence mais pas panique
Reste que le risque absolu demeure très faible. En l’absence d’antécédents familiaux, une personne a moins d’une chance sur cent de développer la maladie au cours de sa vie. Même en tenant compte des associations observées, ce risque ne dépasse pas deux chances sur cent. Pas de quoi justifier un arrêt brutal des traitements, préviennent les médecins, qui rappellent que l’interruption soudaine d’anxiolytiques ou de somnifères peut être dangereuse.
Cette étude ouvre toutefois une piste de réflexion importante pour la médecine. Faut-il revoir la manière dont on prescrit ces médicaments, souvent consommés sur de longues périodes par des millions de personnes à travers le monde ? Doit-on surveiller davantage certains profils de patients, en particulier les plus jeunes, chez qui le lien apparaît plus net ?
Pour l’heure, les chercheurs appellent à la prudence et à la poursuite des travaux. Entre hypothèse de causalité médicamenteuse et rôle de symptômes psychiatriques précurseurs, l’équation reste ouverte. Mais une certitude s’impose : la santé mentale et la neurodégénérescence semblent liées plus étroitement qu’on ne l’imaginait encore hier.
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