Le Centre hospitalier Erdre et Loire sous tension : la Chambre régionale des comptes tire la sonnette d’alarme

Alors que le système hospitalier français traverse une crise profonde, le Centre hospitalier Erdre et Loire (CHEL), situé à Ancenis-Saint-Géréon illustre les fractures territoriales de l’accès aux soins. Dans un rapport d’observations définitives délibéré le 9 septembre 2025, la Chambre régionale des comptes des Pays de la Loire (CRC) dresse un constat sévère : activité en berne, déficit chronique, difficultés de recrutement médical, gouvernance fragile.

L’établissement, pivot du territoire pour les soins de proximité, peine à résister à la concurrence des pôles hospitaliers urbains voisins.

Un hôpital de territoire à la peine

Le CHEL dessert un bassin de population dynamique, mais son attractivité chute. Entre 2019 et 2024, les capacités autorisées sont restées stables – 164 lits en médecine-chirurgie-obstétrique (MCO) et 297 en EHPAD – mais les lits effectivement disponibles ont diminué faute de médecins.
Les habitants du territoire préfèrent désormais se tourner vers les CHU de Nantes et Angers, jugés plus modernes. Cette fuite de patientèle alimente une spirale négative : moins d’activité, donc moins de recettes, et une pression croissante sur les personnels restants.

Urgences et maternité en crise

Les urgences, autrefois pilier du CHEL, connaissent des fermetures nocturnes répétées depuis 2022. Le manque de médecins urgentistes et d’infirmiers a provoqué une chute de 20 % de l’activité et des délais d’attente accrus pour les patients.
Le service d’obstétrique n’est pas épargné : huit jours de fermeture annuelle en moyenne depuis 2022. L’hôpital a recours à des gardes hors cadre réglementaire pour maintenir le service, une pratique pointée par la CRC, qui exige un respect strict du temps de repos.
Le bloc opératoire, de son côté, reste sous-utilisé, avec un taux de chirurgie ambulatoire inférieur à la moyenne nationale. La chambre recommande une rationalisation des plages opératoires afin d’optimiser les ressources disponibles.

Une offre de proximité fragilisée

Malgré ces difficultés, le CHEL conserve une place centrale dans la prise en charge des personnes âgées, via ses EHPAD et ses coopérations territoriales.
L’établissement est membre du Groupement hospitalier de territoire (GHT 44), qui fédère treize structures de Loire-Atlantique. Ces coopérations permettent le partage de temps médicaux – quinze praticiens mutualisés fin 2024 – mais elles restent fragiles, dépendantes des décisions des grands établissements régionaux.

La filière gériatrique, essentielle pour ce territoire vieillissant, souffre de sous-occupation et de rigidités organisationnelles. La CRC insiste sur la nécessité d’évaluer les parcours de soins et de renforcer la coordination avec la médecine de ville.

Ressources humaines : des effectifs en hausse, mais sous tension

Paradoxalement, les effectifs du CHEL ont progressé de 10 % depuis 2019, alors même que l’activité globale reculait. Cette hausse s’explique par la montée du recours à l’intérim médical (+11 % par an) et le coût croissant du personnel extérieur.
L’absentéisme, les heures supplémentaires et les astreintes explosent, révélant un épuisement généralisé des équipes. La production de données sociales reste insuffisante, empêchant une évaluation fine du turnover et des compétences disponibles.

Les primes d’attractivité et les aménagements de garde ne suffisent plus : le rapport évoque un déficit d’attractivité structurel, aggravé par la concurrence du privé et des grands CHU.

Une situation financière critique

C’est le cœur du rapport : le CHEL vit sous perfusion financière.
Entre 2020 et 2024, l’Agence régionale de santé (ARS) a versé 9 millions d’euros d’aides exceptionnelles. Mais la fin des compensations Covid en 2025 expose désormais un déficit structurel que les ressources propres ne couvrent plus.

Les charges de personnel ont bondi de 15 % depuis 2019, la trésorerie est qualifiée de “préoccupante”, et la capacité d’investissement est jugée nulle.
Les délais de paiement fournisseurs s’allongent, les restes à recouvrer augmentent et les marges brutes se réduisent année après année.
Le plan de financement 2025-2029 est qualifié par la CRC d’“insoutenable”, faute de mesures structurelles de redressement.

Une gouvernance à réformer

Le rapport critique une organisation interne peu lisible : les pôles médico-chirurgicaux fonctionnent en silos, la direction manque de visibilité stratégique et le projet d’établissement (datant de 2016) n’a jamais été pleinement actualisé.
Les contrats d’objectifs et de moyens, pourtant validés avec l’ARS, demeurent vagues et peu opérationnels.
Même le schéma directeur immobilier est jugé “inadapté”, ne correspondant plus ni aux besoins médicaux ni aux contraintes financières.

Neuf recommandations pour éviter l’asphyxie

La CRC formule neuf recommandations majeures, parmi lesquelles :

  • renforcer l’attractivité médicale et rationaliser les services ;
  • améliorer le codage des séjours pour une meilleure valorisation financière ;
  • garantir la conformité réglementaire des gardes, notamment en obstétrique ;
  • évaluer et redimensionner les filières cliniques existantes ;
  • actualiser le projet d’établissement et le schéma immobilier.

Elle appelle aussi à une implication renforcée de l’ARS et du GHT, sans quoi le CHEL risque de voir sa situation se dégrader encore dans les prochaines années.

Un hôpital à la croisée des chemins

À travers le cas du Centre hospitalier Erdre et Loire, c’est toute la fragilité du maillage hospitalier de proximité qui transparaît.
Pris en étau entre métropoles et territoires ruraux, l’établissement symbolise les tensions d’un système de santé en quête de cohérence.
Sans soutien renforcé, ni vision stratégique claire, le risque est réel : voir disparaître à terme un acteur essentiel de l’accès aux soins dans l’est de la Loire-Atlantique.

Crédit photo : DR (photo d’illustration)
[cc] Article relu et corrigé par ChatGPT. Breizh-info.com, 2025, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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Une réponse à “Le Centre hospitalier Erdre et Loire sous tension : la Chambre régionale des comptes tire la sonnette d’alarme”

  1. gautier dit :

    Tout cela est voulu par les technocrates de le santé, on force les gents à aller sur les CHU, alors qu’ils savent qu’ils seront débordés, donc ils vident vide les petits hôpitaux pour pouvoir les fermer ! si bien que pour une opération moyenne, les gens dans les CHU doivent attendre des semaines, pour les patients, le mal augmente et devient si urgent que la mort peut survenir à tout instant ! voila comment l’état veut réduire les gens malades ! continuez à soutenir ce gouverne ment !

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