Pour la première fois, le gouvernement japonais est dirigé par une femme, Takaichi Sanae (élue par la Chambre basse, le 21 octobre), grâce à un accord signé de justesse avec le Nippon Ishin no kai, « le Parti de l’innovation ». Puisque la constitution japonaise est essentiellement britannique, le président du parti majoritaire devient automatiquement le chef du gouvernement. En outre, députée de Nara dès 93, Takaichi a bataillé dans le cadre de l’élection interne pour devenir présidente du Parti libéral-démocrate, le 4 octobre, en battant notamment un des fils de Koizumi Junichirô (Premier ministre de 2001 à 2006).
Première cause : une défaite cuisante aux sénatoriales de juillet dernier. Parce que le Sanseitô, classé « à l’extrême-droite », est devenu la quatrième force d’opposition à la Chambre haute, en obtenant 14 sièges. Pire encore, le Komeitô, principal soutien de coalition depuis 26 ans, a lâché Takaichi. D’où le soutien précieux de Nippon Ishin no kai, dont l’ambition de faire d’Osaka la deuxième capitale de l’archipel. Précisément, Takaichi est influente dans le Kansai, dont les préfectures sont Nara et Osaka, entre autres.
Deuxième cause : une crise profonde au sein d’un parti jamais avare de scandales de corruption, au cœur d’une haute société déterminée par le népotisme, voire la gérontocratie. D’où l’ascension de Takaichi. Comme en Occident, la puissance devait divorcer avec l’autorité… « Une main de fer dans un gant de velours », aimant se comparer à Thatcher, qui dirigea le Royaume-Uni de 79 à 90. Ainsi, coûte que coûte, l’élue de 64 ans mènera la même politique, libérale en économie puis conservatrice au niveau culturel et sociétal. En l’occurrence, elle continuera de se rendre au Temple Yasukuni où reposent des auteurs de massacres, notamment en Chine, dans les années 30-40. D’ailleurs, elle ne se contente pas de refuser de s’excuser, mais nie catégoriquement les faits, meurtres de masse et esclavage sexuel. Panasiatisme incité par la secte Nichiren-shô-shû/Sôka-gakkai, fondatrice de l’actuel Komeitô ! Takaichi va donc poursuivre la transformation des Forces d’autodéfense (fondées en 54, suite à la démilitarisation du pays imposée par MacArthur dès 45) et prendre le risque de combattre la Chine et la Corée du Nord.
Troisième cause : la troisième puissance économique mondiale a chuté à la cinquième place. Une dette abyssale, qui pèse actuellement 249 % du PIB. Un des symboles de ce déclassement : en un an, le prix du kilo de riz a doublé. Crise économique inhérente à une consubstantielle crise démographique. Un vieillissement exponentiel. Puis une xénophobie d’État, surtout contre les travailleurs asiatiques. En 2024, ce pays de 124 millions d’habitants, n’a accordé le statut de réfugié qu’à 190 personnes.
Quatrième cause : une fausse rupture avec la secte Moon, liée indirectement à l’assassinat d’Abe Shinzô, le 8 juillet 2022. En mars dernier, cette secte a perdu toute reconnaissance légale « pour avoir abusé ses adeptes et avoir nui au Bien-être social », une valeur cardinale au Japon. En réalité, les mêmes lobbies politico-religieux restent aux commandes d’une société civile de plus en plus individualiste, toujours prompte à épargner par peur de l’avenir. Où hommes et femmes sont habités par une misère tant affective que sexuelle. Où les citoyens préfèrent les robots, voire des algorithmes. Une crise civilisationnelle. Toute ressemblance avec d’autres démocraties libérales serait totalement fortuite…
Henri Feng
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3 réponses à “Crise politique au Japon : l’autre crise des démocraties libérales ?”
Mais elle est très bien la politique migratoire du Japon…
Le Japon est un pays surpeuplé avec d’immenses mégalopoles. C’est très bien qu’elle décroisse, sans se faire envahir par quiconque.
Le vieillissement de la population n’est pas un problème, les japonais travaillent jusqu’à leur mort comme ils en ont l’habitude. Et ils robotisent.
Un réfugié à vocation à retourner chez lui une fois le problème réglé, c’est la différence avec un migrant.
nota: sans trop m’avancer, je pense que les chinois feront la même chose, ce sont deux pays hyper nationalistes. Ne comptez pas débarquer chez eux sans papier. Depuis un siècle leur politique est de virer les occidentaux de l’Asie.
Si, comme en Corée du Sud, le pays n’est plus peuplé que de vieillards avec personne pour s’en occuper, même avec des robots, ce sera quand même un problème. Idem pour la Chine et l’Inde quand il y aura 90% d’hommes.
@PL44
Les vieillards vivront simplement moins longtemps et avec un sens du sacrifice rendant la chose plus douce (vivant beaucoup chez leurs enfants, même si cela crée d’autres problèmes, ils ne s’accrocheront pas autant qu’avec l’individualisme occidental).
Les plus actifs resteront alors en contact des plus jeunes qui n’auront pas le choix que de travailler. Et donc la transmission des savoirs se fera.
Et l’instinct humain donnera à nouveau l’envie d’entendre le rire d’enfants.
En ce qui concerne le déséquilibre homme/femme, la Chine compense de deux façons. Les femmes sont beaucoup plus actives (le communisme n’a pas eu que des effets négatifs sur ce point), donc en position de force pour choisir, ce qui ne provoquera que peu de violences. Et les hommes perdants les plus résilients trouvent des femmes dans les pays frontaliers, où émigrent dans de grands chantiers à l’international.
L’Inde, au regard de la position traditionnelle de la femme, aura certainement de plus graves problèmes de violences. Mais elle n’est pas encore confronté à une crise de naissance donc, cela s’équilibrera.
Tout ça pour dire que la société moderne crée ses crises et ses faiblesses mais qu’à l’heure actuelle, l’avenir des nations asiatiques est beaucoup moins sombres que celui des occidentales, malgré ce que les dirigeants de celles-ci laissent penser pour se rassurer ou mieux contrôler sa population cernées par les doutes et qui a besoin d’être rassurée.