Libération de Boualem Sansal. La farandole du mépris [L’Agora]

Comme tout un chacun je me suis réjoui de la libération de Boualem Sansal, remarquable écrivain et citoyen de notre pays. Il était détenu arbitrairement par la dictature algérienne. Toutefois j’ai aussitôt vu dans les conditions de sa libération une nouvelle humiliation pour le président actuel, ses sbires et les élus de tous bords qui se vautrent dans la doxa résiduelle du pseudo-Occident. Ils sont restés, à de rares exceptions près, dans un prudent silence pendant tous ces mois de détention de l’écrivain.

Une fois encore je déplore l’incroyable incompétence du pouvoir actuellement en place. Dans un domaine où il faut savoir user tantôt de subtilité, tantôt de fermeté, la France aux mains de cette caste ploutocratique, a agi a contrario de ce qu’il aurait fallu faire. Sans doute Boualem Sansal n’avait guère d’importance pour celui que de tristes manipulations ont mis à la tête du pays. Sans doute aussi les regards de ce président, par ambition personnelle, se portent-ils prioritairement, avec constance, sur une Europe pourtant très visiblement en voie de décomposition.

Il est vrai aussi que le Corps diplomatique a été supprimé, tout comme d’ailleurs le corps préfectoral. Il fallait pouvoir récompenser des copains indépendamment de leurs capacités voire de leur intelligence. En l’absence de postes libres, il a alors suffi de créer toutes sortes d’ambassadeurs « à thème », éloignant de ces sujets les professionnels et créant d’invraisemblables missions. Une telle façon de faire s’avère dangereuse pour la dimension restante de la France. Les Affaires Étrangères ne peuvent pas supporter l’à-peu-près et surtout pas l’amateurisme. En vérité cette incompétence est désormais commune à la quasi totalité du personnel politique qui dirige notre pays. La France a déraillé et, par pitié autant que par calcul, l’Allemagne nous a aidés. Elle a obtenu la libération de Boualem Sansal. Elle l’a soigné dans un hôpital de la Bundeswehr!

L’époque où une grande partie du monde venait recevoir les meilleurs soins à l’hôpital militaire du Val de Grâce est révolue… Les Armées, n’en doutez pas, sont un complément indispensable de notre diplomatie. Pourtant un de ses anciens chefs a fait savoir qu’elle n’avait plus les capacités de tenir plus de trois jours de combats intenses.

Je suis amené à faire deux relations principales avec cette affaire.

La première concerne précisément l’Allemagne dont l’ambition de domination du continent ne cesse de trouver des justifications. Elle est de moins en moins discrète. Il m’apparaît tout à fait extraordinaire – au sens étymologique du mot – que ce pays exerce une diplomatie de plus en plus efficace, très souvent au détriment de la France. L’Allemagne, lentement, a rejeté le complexe qui lui avait été imposé à l’issue du second conflit mondial. Il voulait faire d’elle une nation coupable des pires atrocités. Elle l’était. Désormais ces crimes relèvent de l’histoire et ne concernent pas la génération actuelle. Cette attitude est bien sûr fallacieuse car un peuple ne change pas. Il s’adapte au monde mais conserve sa nature. C’est d’ailleurs vrai aussi pour la France et nos gouvernants devraient s’en souvenir au lieu de scruter avec inquiétude et condescendance le peuple dont ils tirent leur position. Dans un passé proche, la France a été le principal ennemi de l’Allemagne. Cette Allemagne dont l’ambition, après avoir utilisé une fidélité intéressée avec les États-Unis, donne les signes évidents de sa volonté de diriger le continent par la force de son économie, désormais aussi par sa diplomatie et naturellement par la puissance retrouvée de son armée. Gardons présent à l’esprit que le chancelier Mertz a décidé de consacrer 100 milliards d’euros pour la dimensionner dans cette perspective. Observons l’industrie militaire germanique qui propose sur le marché de la guerre du matériel de plus en plus performant, tout en essayant de discréditer notre BITD et en tentant de récupérer notre savoir-faire aéronautique. Ajoutons que le président français actuel accepterait volontiers de partager la dissuasion nucléaire avec l’Allemagne…L’Allemagne est évidemment disposée à accepter. Décidément je regarde avec nostalgie l’époque du général de Gaulle et du chancelier Adenauer. Notre voisin ne contestait pas, alors, le rôle majeur de la France. Il est vrai que la RFA s’avérait bien davantage rhénane et gauloise que pomérano-prussienne. Je pourrais reprendre à mon compte l’affirmation de François Mauriac:« J’aime tellement l’Allemagne que je suis ravi qu’il y en ait deux. » Dans les années à venir l’Allemagne ne sera sans doute pas notre ennemie, mais sera un redoutable adversaire.

La seconde relation tient à l’Afrique. Là aussi la couardise, le désintérêt pour les atouts de la France et un euro-centrisme exacerbé et dramatique, sont à l’origine d’un discrédit, non pas de la France, mais des gouvernants français. Je ne peux passer sous silence l’à-plat-ventrisme face à l’Algérie, ou la trahison de nos Anciens et des milliers de patriotes français chrétiens ou musulmans torturés et abattus par les parents, soutiens et proches de ceux qui dirigent l’Algérie aujourd’hui. En retour il n’y eut que discrédit et mépris.

J’en viens à l’échec absolu en Afrique noire dont nous avons été chassés. Il n’y eut aucune réaction gouvernementale, sinon l’acceptation d’attitudes et de paroles humiliantes et ce qui parut une approbation. Ces exigences de retrait de nos forces furent consenties sans la moindre contestation. Sans doute cette dissolution de notre très ancienne présence en peu de semaines convenait-elle aux perspectives euro-mondialistes de quelques uns à Paris. La volonté d’éloignement de ces pays, nés de la France, procédait d’un désenchantement et d’un abyssal manque de confiance dans les politiciens parisiens au pouvoir. Là aussi, en retour du désintérêt français ressenti comme une faiblesse, il n’y eut que mépris. À quoi auraient bien pu servir nos diplomates? Quant à nos soldats, ils semblaient mieux utiles à faire face à une fausse menace en Europe qu’à défendre des populations en danger et les intérêts français sur un continent où se jouera demain l’avenir de l’Europe et peut-être du monde. Ce qui s’est alors produit était pourtant prévisible. D’autres se sont installés à notre place. Les Russes, bien sûr, qui fort logiquement ont imaginé affaiblir encore la France. Elle ne cesse de leur montrer son hostilité, tout au moins verbalement et indirectement.

Mais le problème induit est devenu criant pour nos amis africains. Il est impossible de trouver un partenaire aussi amical que la France. Elle a accepté le sacrifice de ses soldats pour la défense de pays comme le Mali, le Niger, la RCA ou le Burkina-Faso, sans se faire payer en mines d’or ou en ressources potentielles. Elle a protégé, sécurisé… Elle les connait bien. Aujourd’hui les djihadistes encerclent Bamako et les régimes issus du désintérêt français sont sur le point de chuter. La Russie ne s’engagera pas plus avant. En toute logique son attention se porte sur l’Ukraine. Les Sahéliens vont se retrouver seuls. Nous risquons de voir sous peu une vaste écharpe islamique enserrant le continent. Nos amis par l’incompétence de nos dirigeants risquent de sombrer dans le chaos et la nuit.

Prolongeant mon constat je regarde avec peine ce qui se déroule au parlement. Ces gens discrédités et pour certains moqués, poursuivent sur le chemin de leur déroute en persistant sur des sujets marginaux. Ils pensent, ou feignent de penser, que la réduction de l’âge du départ à la retraite est un déterminant électoral. Dès lors, pour éviter de mettre cet âge en nécessaire cohérence avec l’accroissement de l’espérance-vie et le recul des naissances, ils s’apprêtent à taxer les Français par toutes sortes de prélèvements en évitant la trop visible augmentation des impôts directs. Ils pensent que les citoyens ne s’en apercevront pas et que l’économie ne sera pas davantage perturbée. Je ne m’étendrai pas à nouveau sur la dette de 3400 milliards d’euros qui n’est que du vent et dont personne ne veut admettre que sa résolution passe par une évasion de la monstruosité européenne et la fin d’une gabegie.

En vérité ces gens craignent d’aborder les sujets fondamentaux dont principalement l’invasion migratoire islamiste. Ils relèvent tous de notre présence étouffante dans l’OTAN et dans l’UE. Ces fausses élites prennent les Français pour des imbéciles. Niant la simple arithmétique et l’évidence démographique ils croient échapper, par l’illusion, la fuite et le déni, à la confrontation avec la réalité des menaces.

Le manque de courage débouche sur le mépris. Il peut aussi déboucher sur la colère du peuple.

Henri ROURE

Crédit photo : ActuaLitté/Wikimedia (cc)

[cc] Article relu et corrigé (orthographe, syntaxe) par ChatGPT.

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