Ancien journaliste à Ouest-France, Yann Lukas écrit des livres portant sur la Bretagne. Il secoue le cocotier dans Psychanalyse de la Bretagne en soulignant tout ce qui ne va pas. Encore faut-il que les Bretonnes et les Bretons prennent leurs responsabilités et cessent de tout attendre de Paris…
« La Bretagne va bien. Elle n’a jamais été aussi à la mode. Tous les quarante ans, il y a une vague de celtomanie. A chaque fois, un intérêt y réapparaît. Aujourd’hui, il est davantage porté sur le climat physique et social », constate Yann Lukas (Ouest-France, Bretagne, 18-19 octobre 2025) Mais il faut compter avec l’envers de la médaille : « J’ai compris une chose : dès que le tourisme est majoritaire sur un territoire, son identité disparaît. » Pour lui, « la liquidation est en marche ». « Il y aune dilution de plus en plus forte. Et comme les Bretons ne connaissent ni leur langue, ni leur histoire, ni leur géographie, qu’et-ce qu’il leur reste de breton ? Un nom de famille ? Les Bretons sont en train de devenir des Français comme les autres. Il y a une uniformisation liée à l’absence de culture. C’est dramatique », poursuit-il (Bretons, octobre 2025).
Il manque à la Bretagne un « fédérateur de peuple » capable de mobiliser les hommes et les femmes. « La Bretagne n’a jamais eu un homme capable de l’incarner comme Eamon de Valera en Irlande ! On a eu des gens de qualité mais ils ont, à chaque fois, été intégrés à la France, privilégié leur carrière hexagonale plutôt que leurs racines. Le dernier en date étant Jean-Yves Le Drian… » (Bretons, octobre 2025) Ce point est discutable car “la politique est d’abord l’art du possible “. Et, sous la IVe République et la Ve République, les deux grands hommes politiques que la Bretagne a possédés, René Pleven et Jean-Yves Le Drian, ont fait ce qu’ils ont pu pour défendre la cause bretonne, le premier avec le Célib, le second avec le conseil régional… Et c’est leur “job“ de ministre qui leur a procuré un poids politique leur permettant de défendre les intérêts bretons à Paris – n’oublions pas que la France fonctionne avec un système centralisé. Ainsi Le Drian a pu empêcher la fusion de la Bretagne (4) avec les Pays de la Loire, projet que défendait François Hollande. Pour faire “davantage“, Pleven et Le Drian avaient besoin de sentir une mobilisation du peuple breton ! Mais elle n’existait pas… Il faut également tenir compte des présidents de la Région Bretagne que le “métier“ ne passionnait pas. Par exemple Josselin de Rohan, davantage intéressé par ses activités de président du groupe RPR au Sénat – les séances au conseil régional l’ennuyaient.
Il faut suivre l’exemple de l’Écosse
Le problème est d’abord politique, nous rappelle Yann Lukas. « A partir du moment où les Bretons ne se battent pas pour une autonomie régionale, on ne va pas leur donner. Mais rien n’est jamais perdu. Dans les années 1960, les indépendantistes écossais faisaient moins de 1 % aux élections. Et aujourd’hui, ils sont la première force politique de l’Ecosse. Notre seul avenir possible, c’est celui de l’Ecosse. Est-ce qu’un jour on va trouver quelqu’un qui va réussir à l’incarner ? » (Bretons, octobre 2025)
Dans son dernier ouvrage Psychanalyse de la Bretagne (Héliopoles), Yann Lukas invite, au fond, les Bretons à cesser à se comporter en larbins. Mais des “outils“ sont nécessaires afin de modifier les mentalités et les habitudes : « On ne peut pas, par exemple, quand on est bretonnant, s’exprimer dans notre langue maternelle devant les tribunaux. On n’a pas de télé, de radio en breton dans le service public. On n’a que des miettes. Au Pays de Galles, il y une télé et des radios galloises ! Nous, rien. » (Bretons, octobre 2025). C’est une opération que Patrick Le Lay avait tentée avec TV Breizh quand il était PDG de TF 1…
Bernard Morvan
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