Qu’est-ce que la « social-écologie » ? On sait que ce concept est très à la mode à gauche. L’écolo Ronan Dantec (groupe “Rassemblement démocratique et social européen“ au Palais du Luxembourg), sénateur de Loire-Atlantique, y voit un rempart contre l’extrême droite : « On ne battra pas le RN uniquement par le front républicain qu’Emmanuel Macron a en partie détruit. On ne peut battre le parti de Marine Le Pen et de Jordan Bardella que si une partie de leurs électeurs reviennent vers la gauche. C’est à eux que la social-écologie s’adresse. En Loire-Atlantique, dans le réseau “Territoires 44 », nous avons des maires, clairement de gauche, qui sont soutenus aux municipales par des électeurs qui votent pourtant Rassemblement national aux législatives. Ils en ont même parfois dans leur équipe ! Cela montre que nous avons là des citoyens qui ne sont pas inéluctablement perdus. Pour reconquérir cette France des pavillons, il faut en faire une priorité de nos politiques de redistribution, ne pas la traiter par le mépris et remettre en cause parfois une “bien-pensance“ de la gauche urbaine. » (Le Nouvel Obs, 11 décembre 2025)
Ces explications de Ronan Dantec ne sont valables que dans les petites communes, là où les gens se connaissent. A Nantes et à Rennes, aux élections municipales, les électeurs votent “politique“, pour la liste qui correspond à leur classe sociale – la bourgeoisie de gauche vote PS et celle de droite LR. En zone rurale le clivage droite-gauche n’a pas la même importance ; on vote pour Untel parce qu’il est un bon maire, apprécié de tous, à l’écoute de ses concitoyens, avec un bon bilan. Et très important : on le connaît, on peut le voir. Enfin, s’il est de gauche, mais pas sectaire, il n’y a aucune raison pour que les électeurs du Rassemblement national ne lui fassent pas confiance.
Les élections législatives et les élections municipales correspondent à deux logiques différentes, les électeurs ne raisonnent pas de la même manière. Prenons l’exemple de la commune de Donges. Aux élections législatives de 2024, au premier tour, le candidat du RN Gauthier Bouchet y obtient 44,69 % des suffrages exprimés, devançant le député sortant Matthias Tavel (LFI) qui ne fait que 26,04 %. Au second tour, Bouchet fait encore la course en tête avec 54,60 % (45,40 % pour Tavel). Ces bons résultats encouragent Gauthier Bouchet à monter une liste pour les municipales de mars – il pourrait devenir maire.
Mais l’actuel maire François Chéneau (divers droite) n’est pas de cet avis. Aussi a-t-il décidé une manœuvre originale. S’il a déjà effectué deux mandats en tant que maire, il n’a pas l’intention d’en briguer un troisième. « Le moment me paraît idéal pour céder la fonction de maire et passer le témoin à un élu plus jeune, issu d’une nouvelle génération de Dongeois. Je n’ai pas envie de faire le mandat de trop », explique-t-il (Ouest-France, Saint-Nazaire, vendredi 5 septembre 2025). Il décide donc de confier sa majorité sortante à un opposant, élu minoritaire. La liste “Unis pour les Dongeois“ sera dirigée par Ghislain Baudichaud qui figurait dans l’opposition depuis onze ans, tandis que Chéneau sera présent sur cette liste en position éligible. Ghislain Baudichaud, non encarté dans un parti politique, affirme n’avoir « aucune sensibilité politique » (Ouest-France, Saint-Nazaire, jeudi 4 septembre 2025). Il est facile de comprendre le but de l’opération : « créer une liste rajeunie, hors des partis politiques et qui dépasse les clivages communaux, pour mieux contrer des adversaires plus politisés. A savoir la liste d’un Rassemblement national ambitieux portée par le leader départemental du RN, et la liste d’union de la gauche poussée par le député insoumis. “ Nous, on ne répond pas à un impératif national. Nous voulons juste aller dans le bon sens pour les Dongeois“, explique Ghislain Gaudicaud » (Ouest-France, Saint-Nazaire, vendredi 5 septembre 2025). Résultats des courses en mars prochain.
Bernard Morvan
Illustration : DR
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