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Crise bretonne : les vrais responsables sont à Bruxelles [Tribune libre]

Le mouvement des Bonnets rouges, généré par la crise gravissime que connaissent l’agriculture et l’industrie agro-alimentaire bretonnes, a durci ses positions en fixant un ultimatum au ministre de l’Agriculture. Le gouvernement n’ayant pas l’intention de supprimer l’écotaxe dans l’immédiat, de nouvelles actions spectaculaires devraient donc avoir lieu. Les responsables de ce mouvement s’adressent aux dirigeants politiques parisiens mais ces derniers ne sont-ils pas que des figurants chargés de maintenir la fiction d’une démocratie nationale qui n’existe plus et à laquelle a été substituée une « gouvernance européenne » libre de toute contrainte démocratique?

La déclaration particulièrement franche que Viviane Reding, vice-présidente de la Commission Européenne, a faite en juillet à l’Assemblée nationale, clarifie les choses : « Il n’y a plus de politiques intérieures nationales, il n’y a plus que des politiques européennes » a-t-elle déclarée. Cela signifie que l’Etat français n’est plus aujourd’hui souverain et que le vrai pouvoir se situe à Bruxelles. L’analyse de ceux qui continuent de s’en prendre à l’Etat français est caduque.

Les problèmes de l’agriculture et de l’industrie agro-alimentaire bretonnes sont des conséquences de la politique néolibérale menée par Bruxelles. Ils sont aussi liés à la monnaie unique forte (laquelle n’est qu’un mark adapté à la structure de l’économie allemande) qui nous interdit toute dévaluation et rend nos produits trop chers par rapport aux produits concurrents originaires du Brésil (volailles) par exemple.

La politique néolibérale menée par Bruxelles et appliquée avec zèle par les dirigeants allemands  – accords Hartz impliquant la baisse des salaires des salariés les moins qualifiés ; emplois de travailleurs polonais et roumains payés 3 euros de l’heure… – se traduit par une montée en puissance fulgurante des productions agricoles et agro-alimentaires allemandes. l’Allemagne qui était importatrice de produits français, exporte désormais en France des produits à base de viandes de porc ou de volailles. Plus étonnant encore, des porcs élevés en Bretagne sont désormais abattus en Allemagne où les coûts de leur transformation y sont beaucoup moins élevés ! Le fait que la monnaie soit la même sur les deux rives du Rhin donne un avantage supplémentaire aux industriels allemands qui n’ont plus le handicap d’une monnaie forte.

La Commission Européenne a déjà fait savoir qu’elle ne reviendrait pas sur sa décision concernant les restitutions relatives aux exportations de viandes de volailles congelées. Cette décision concerne tout particulièrement Doux et Tilly-Sabco. Stéphane Le Foll va se rendre à Bruxelles pour tenter de négocier. Sauf miracle, la réponse est malheureusement connue d’avance.

Mickaël Treguely

Photo : Markus Prantl. Original uploader was Heckmueller at de.wikipedia (cc)

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