Les tribus celtes attendent l’avènement d’un roi unique. Aidé par Merlin l’Enchanteur (Nicol Williamson), le roi Uther Pendragon (Gabriel Byrne) reçoit des mains de la Dame du Lac l’épée Excalibur qui doit lui permettre d’unifier le pays. Mais sa passion pour Ygraine, l’épouse du duc de Cornouailles, déclenche de nouvelles hostilités. Pris dans une embuscade, Uther meurt en plantant Excalibur dans un rocher. Seul le futur roi pourra l’en extraire. Merlin récupère Arthur, l’enfant né de cette union. Bien des années plus tard, simple écuyer, Arthur (Nigel Terry) parvient sans efforts à retirer Excalibur du rocher. Mais plusieurs seigneurs refusent qu’un simple écuyer devienne roi. Arthur parvient néanmoins à pacifier le royaume en écrasant les rebelles et les envahisseurs saxons. L’ordre succède au chaos. Puis il épouse Guenièvre (Cherie Lunghi) et crée la confrérie des Chevaliers de la Table ronde.
Mais Lancelot (Nicholas Clay) et Guenièvre tombent amoureux. Fou de rage, Arthur plante Excalibur entre les corps emmêlés des amants endormis. A son réveil, Lancelot, honteux, s’enfuit et Guenièvre, effondrée, se retire dans un couvent. Au même moment, Morgane (Helen Mirren), la fille d’Ygraine, s’empare des secrets de Merlin et utilise ses nouveaux pouvoirs pour l’enfermer. Elle réussit ensuite, toujours grâce à la magie, à séduire son demi-frère Arthur pour engendrer un enfant incestueux, Mordred (Robert Addie). Arthur, affaibli, envoie tous ses chevaliers à la recherche du Saint Graal, ultime espoir de rédemption du royaume. C’est finalement Perceval (Paul Geoffrey) qui, découvrant que « terre et roi sont un », trouve le Graal. Arthur, qui a retrouvé ses forces grâce au Graal, rend visite à Guenièvre pour lui pardonner. Celle-ci lui rend Excalibur qu’elle avait précieusement conservée. Il appelle Merlin et part en guerre contre Mordred et Morgane. Profitant d’un brouillard magique et du retour de Lancelot, les chevaliers d’Arthur attaquent l’armée de Mordred. Arthur et Mordred se blessent mortellement l’un l’autre. Le roi demande à Perceval de jeter Excalibur dans un lac. Une main sortant de l’eau saisit l’épée. Perceval aperçoit Arthur étendu sur un navire, entouré de femmes vêtues de blanc, naviguant vers le large…
Authentique chef d’œuvre, Excalibur (1981) de John Boorman adapte avec une rare réussite l’un des mythes les plus fertiles de l’imaginaire européen. Il estime que « nous sommes sans racines ; et aujourd’hui particulièrement, où nous contemplons la destruction possible de notre planète, il y a une soif, une nostalgie du passé, un désir profond de le comprendre ». Ce film s’inspire la Morte d’Arthur (1485) de Sir Thomas Malory. Tous les hauts faits de la geste arthurienne présentés mettent en lumière l’épée : Arthur retire Excalibur du rocher, l’utilise pour créer la Table ronde, la perd lors de l’adultère de Guenièvre, la retrouve et, enfin, la rend à la Dame du Lac. Mais pour les besoins de l’adaptation cinématographique, le scénario a été simplifié : par exemple le Graal est découvert par Perceval et non par Galahad, fils de Lancelot.
Dans cette œuvre l’action se situe au VIème siècle, mais Boorman s’inspire des armures et châteaux de la fin du moyen-âge. Boorman insiste sur le rôle de l’épée et du Graal : « Arthur est temporel, le Graal est éternel : il fallait l’osmose de ces deux pouvoirs pour que l’harmonie du récit se justifie ». L’historien du cinéma François Amy de la Bretèque précise la pensée de Boorman par référence à la théorie de la trifonctionnalité de Georges Dumézil : « comme l’épée symbolise l’unité autour du roi et la Force attachée à sa figure charismatique, la coupe désignerait la dimension spirituelle de son pouvoir ; les deux images réuniraient la première et la deuxième fonction duméziliennes, en somme ». Réalisateur irlandais, Boorman atténue la dimension chrétienne du mythe pour revenir à ses origines celtes et païennes. Merlin, magicien des anciennes religions païennes, s’efface au profit du christianisme, représenté par le Graal. Il annonce ainsi à Morgane que « pour notre espèce, les jours sont comptés. Le Dieu Unique chasse les dieux multiples ». Tourné en Irlande, notamment au château de Cahir, son atmosphère sombre et mystérieuse doit également beaucoup aux musiques de Wagner (Crépuscule des dieux, Tristan et Isolde, Parsifal) et Carl Orff (Carmina Burana).
Excalibur, Blu-Ray 14,99 euros, DVD 9,99 euros, Editions Warner Home Vidéo.
Crédit photo :DR
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2 réponses à “Excalibur, chef d’oeuvre de John Boorman [cinéma]”
** son atmosphère sombre et mystérieuse doit également beaucoup aux musiques de Wagner **
C’est plus que sombre, c’est glauque. Par moment, on ne voit carrément rien à l’écran. C’est bruyant, c’est sanguinolent… Je ne comprends pas comment on peut associer Wagner au roi Arthur. À la rigueur, ça plairait peut-être à certains amateurs de la Guerre des étoiles ?
Boorman n’est même pas irlandais, il est anglais, soi-disant. C’est lui qui a fait le film Délivrance (1972), qui présente les gens de l’Amérique profonde comme des tarés profonds qui se jettent sur les randonneurs de passage pour les sodomiser. Un film consternant qui lui a valu plein de lauriers. On ne devrait jamais acheter un DVD de Boorman, et encore moins lui faire de la pub.
La bande annonce du film Excalibur :
http://www.youtube.com/watch?v=emF-m9qnF5o
Complètement insupportable !
@Armo
Boorman est un réalisateur subtil sous le pompeux. J’aime beaucoup Excalibur sans être à fond, cela reste cependant le meilleur film sur la légende arthurienne. Il arrive à intégrer toutes les influences, du paganisme au romantisme, qui ont utilisé la matière de Bretagne et surtout son côté merveilleux. Ce n’est pas rien. Autre chose que le « roi Arthur » qui prétend être historique alors qu’il est à côté de la plaque (et le sait, mais cède aux lois blockbusters sans même réussir à être bon).
Délivrance est un chef d’oeuvre. Ce n’est pas « les gentils urbains contre les méchants péquenots » mais le rappel que ceux qui se croient civilisés ont toujours cette part sauvage qu’ils dédaignent chez ceux qu’ils voient « retardé ». C’est tout le sujet du film, les civilisés mettent de côté petit à petit leur morale qu’ils pensent pourtant supérieure. A ce propos, la scène du banjo est éloquente: l’enfant, handicapé mental, sans doute par consanguinité, domine de la tête et des épaules le cadre en vadrouille. Dès le début du film, il prend soin de montrer que les apparences sont trompeuses! C’est un film sur l’humilité dont l’homme doit faire preuve face à la Nature, certainement pas sur des citadins qui se font enculer par des forestiers.
Boorman est un réalisateur très sensible, qui cherche à déconstruire en permanence le manichéisme dans des atours spectaculaires. Il n’est pas toujours à la hauteur de ses ambitions, mais il ne mérite certainement pas la caricature que vous en faites.