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Cinéma. 7 films à voir ou à revoir sur Napoléon

Breizh-info vous propose désormais une chronique hebdomadaire intitulée « 7 films à voir ou à revoir » et réalisée par Virgile pour le Cercle Non Conforme, qui nous a donné son accord pour reproduire le texte.

Cette semaine, 7 films à voir ou à revoir sur le thème de Napoléon

Sans aucune hésitation, l’Empereur Napoléon Bonaparte compte parmi les plus grandes figures de l’Histoire de France. Et pourtant ! Assez curieusement, ses héritiers sont quasi-inexistants dans notre société politique contemporaine. Est-ce parce que l’héritage institutionnel et législatif légué par l’Empereur est demeuré présent dans les Républiques qui succédèrent aux périodes de l’Empire ? Si la Monarchie française compte de nombreux partisans qui se réclament du Roi, l’Action française en tête, les structures qui se réclament du napoléonisme sont bien faméliques…

Son Altesse Impériale la Princesse Napoléon, née Alix de Foresta, chef de file légitime de la dynastie impériale du Troisième millénaire, n’évoquera que bien peu de choses au plus grand nombre. Certes, il existe bien un Renouveau bonapartiste, un Mouvement bonapartiste, France bonapartiste et un Comité central bonapartiste qui, tous regroupés, doivent peser autant que Jacques Cheminade aux élections présidentielles. Définitivement, Napoléon appartient à l’Histoire, et depuis aussitôt la défaite de Sedan d’ailleurs. Le grandiose écrivain malouin François-René de Châteaubriand n’écrivait-il pas dans ses Mémoires d’Outre-tombe que “Bonaparte n’est plus le vrai Bonaparte, c’est une figure légendaire composée des lubies du poète, des devis du soldat et des contes du peuple.” ? Napoléon est bien désormais une figure légendaire qui n’a plus prise avec les choses de ce bas monde.

Certainement, cela ne le gênera-t-il pas d’ailleurs, lui qui affirmait que “Les hommes de génie sont des météores destinés à brûler pour éclairer leur siècle.” Alors oui, Napoléon 1er est un homme de génie pour lequel chacun ressent une inexplicable attirance, parfois inconsciente, similaire à celle, qui s’applique à chaque homme qui, sous une forme ou une autre, a tenté de réaliser l’unité du continent européen par la guerre.

Et cette fascination pour les conquêtes napoléoniennes n’exclut nullement une paradoxale mollesse de chacun dans l’adhésion à la mystique de l’Empire… Loin devant Alexandre le Grand, Jules César, Cléopâtre, Mahomet, Gengis Khan, Winston Churchill ou Charles De Gaulle, Napoléon 1er compte parmi les personnages les plus interprétés au cinéma et partage cet honneur avec Jésus Christ, Jeanne d’Arc et… Adolf Hitler. Le chancelier allemand avec lequel l’Empereur partage bien plus et surtout une curieuse similitude dans leurs épopées respectives. Le lecteur intéressé sera renvoyé à l’ouvrage de Saint-Paulien, Napoléon, Hitler, deux époques, un destin.

Les films traitant du personnage de Napoléon 1er sont donc légions et se rattachent au genre biographique. Une débauche de moyens accompagne l’immense majorité de ces œuvres bien que l’exercice de la restitution biographique amenuise considérablement toute liberté de traitement par le réalisateur et le scénariste. Il y a à voir et à oublier parmi les 700 films évoquant la figure de l’Empereur. En voici sept…

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ADIEU BONAPARTE

Film franco-égyptien de Youssef Chahine (1984)

Le 1er juillet 1798, Bonaparte, à la tête de ses troupes, débarque à Alexandrie et délivre bientôt l’Egypte de l’oppression des mamelouks ottomans après la victoire de la bataille des Pyramides. Parmi la soixantaine de scientifiques accompagnant Bonaparte, le général Maximilien Caffarelli, infirme à la jambe de bois, prend part à la Campagne d’Egypte dont l’objectif est de couper la route des Indes aux Britanniques. Homme affable, il se lie d’amitié avec de jeunes cairotes, en même temps que le savant qu’il est, est séduit par les splendeurs du Caire et du reste du pays. De libérateur, Bonaparte est progressivement perçu comme un conquérant sans scrupules et avide de gloire. La résistance égyptienne s’organise. Caffarelli prend ses distances avec Bonaparte au point d’épouser la cause de ses amis autochtones, Ali, épris de poésie et philosophie et son jeune frère Yehia, initiés par le général à la chimie et l’astronomie…

Oscillant entre le film historique et le conte philosophique, Chahine livre une plaisante évocation de la révolte du Caire pendant la campagne d’Egypte. L’intrigue est déterminée par le prisme de l’humaniste général Caffarelli, remarquablement interprété par le truculent Michel Piccoli, et d’Aly, homme cultivé et pétri de littérature française. Le scénario est néanmoins brouillon et il est parfois difficile de démêler l’intrigue du contexte historique auquel le réalisateur privilégie la petite Histoire intimiste à la fresque somptueuse. La mise en scène, empreinte d’un beau lyrisme, rachète quand même le scénario. Le pays égyptien dévoile des splendeurs malheureusement mises à mal aujourd’hui. Chahine, catholique de confession melkite peinerait à reconnaître sa terre et son peuple. Le cycle des saisons est immuable et l’hiver revient toujours, tôt au tard, après le printemps… même arabe.

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AUSTERLITZ

Film français d’Abel Gance (1960)

En 1802, la Paix d’Amiens consacre la paix entre la France et le Royaume d’Angleterre et laisse entrevoir une période de stabilité sur le continent. Adulé par le peuple et conseillé par le diplomate Talleyrand, le Premier consul Napoléon Bonaparte est sacré Empereur par le pape Pie VII dans la cathédrale Notre-Dame de Paris. La période d’accalmie guerrière espérée sera de courte durée. L’Autriche et la Russie scellent leur coalition. Napoléon reprend les armes et les troupes napoléoniennes remportent toutes les batailles en 1805. Ulm consacre un nouveau triomphe du 1er Empire. Le 2 décembre, à Austerlitz, petit hameau de Moravie-du-Sud, les troupes napoléoniennes font face à la coalition de l’Empereur François II d’Autriche et du tsar Alexandre 1er de Russie. Une nouvelle bataille se prépare…

Dans cette fresque qui retrace l’Histoire de l’Europe et des tumultes de la guerre qui secouèrent le Vieux continent trois années durant, Gance dresse un large panel psychologique de Napoléon 1er. Tour à tour impulsif, tyrannique, charismatique, irascible mais aussi fin stratège et capable de décisions militaires rapides qui font la différence et accroissent l’étendue du pouvoir du 1er Empire vers l’Est . On sent le charme qu’exerce l’Empereur sur le cinéaste qui choisit clairement son camp et ne manque pas d’offrir un profil qui n’est pas à l’avantage de ses ennemis. On frise la caricature. Remarquablement filmées et dirigées, les scènes de la bataille finale occupent une large place et furent tournées avec le concours de l’armée de la République socialiste de Yougoslavie. Déjà auteur d’une première biographie plus large de Napoléon, le réalisateur réitère son propos avec plus de moyens. Très agréable à visionner, Austerlitz ne tient pourtant pas toutes ses promesses dans sa première partie. La faute peut être à une distribution trop riche en célébrités internationales.

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LES DUELLISTES

Titre original : The Duellists

Film anglais de Ridley Scott (1977)

L’année 1800 à Strasbourg. Le territoire français connaît enfin une période de quiétude après les guerres révolutionnaires et celles du Directoire. Le lieutenant du 7ème régiment de Hussards Armand d’Hubert et son homologue du 3ème, Gabriel Féraud, sont deux officiers de l’armée napoléonienne. Irascible querelleur, Féraud blesse gravement le neveu de l’édile strasbourgeois au cours d’un duel. La pratique de cet art étant proscrite par le règlement militaire, d’Hubert se voit confier la mise aux arrêts du belliqueux duelliste tandis qu’il se trouve chez une amie qui tient salon. L’offense est jugée trop grave par Féraud pour ne pas provoquer d’Hubert en duel au sabre. Celui-ci tourne à l’avantage d’Hubert, ce que ne peut accepter Féraud qui ne cache pas vouloir vengeance et triomphe. Les deux hommes vont dès lors se vouer une haine inextinguible et vont régulièrement s’affronter, quinze années durant dans toute l’Europe jusqu’en Russie, dès lors que leurs carrières militaires respectives feront se recroiser leurs chemins…

Alors évidemment, il s’agit moins d’un film sur la figure de l’Empereur que sur la France et l’armée napoléoniennes. L’œuvre est une adaptation de la nouvelle Le Duel de Joseph Conrad. Premier long-métrage de Scott qui signe immédiatement un prodigieux chef-d’œuvre. La mise en scène est grandiose. Les décors, les costumes et l’atmosphère restituent admirablement l’Europe du début du 19ème siècle et la rigidité de la tradition militaire de l’époque. Et ne parlons pas des scènes de duel magnifiquement filmées. Les deux héros sont merveilleusement campés par Harvey Keitel et Keith Carradine : Féraud en officier de condition populaire élevé au rang de lieutenant par le mérite et d’Hubert, l’aristocrate distancié pétri de convenances. Tout simplement somptueux et il y aurait encore beaucoup de choses à louer. A la vision du film, on comprend mieux l’engagement de Bernard Lugan en faveur du rétablissement du duel…

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MONSIEUR N.

Film français d’Antoine de Caunes (2003)

En 1840, le général anglais Heathcote assiste au retour des cendres de l’Empereur à l’Hôtel des Invalides. Les souvenirs de son service refont surface alors qu’il n’était qu’un jeune officier. Défait à Waterloo en 1815 peu après la période des Cent-Jours, Napoléon 1er avait été déporté par les Anglais à Sainte-Hélène. C’est sur cette minuscule île atlantique au climat inhospitalier et balayée inlassablement par les vents, que celui, désormais déchu, qui avait mis l’Europe à genoux termina ses jours. L’exil ne fut guère marqué du sceau de la quiétude et les intrigues étaient nombreuses parmi les proches, fidèles ou intrigants, qui accompagnèrent le célèbre prisonnier. Sous la surveillance du général Hudson Lowe, Napoléon y dicta ses mémoires en même temps qu’il livra sa dernière bataille. Les mystères de sa mort demeurent et Heathcote croit bien détenir la vérité…

On attendait certainement pas de Caunes se glisser dans la peau d’un cinéaste. Il s’en tire pourtant honorablement. La mort de l’Empereur est encore entourée de nombreuses théories. Aussi, le film a-t-il le mérite d’inviter à la réflexion sur les dernières années de son existence et de les confronter à l’historiographie officielle. Mort prématurée mais naturelle ? Empoisonnement ? Assassinat ? L’Empereur est-il bien mort à Sainte-Hélène ou avait-il pu fuir aux Etats-Unis avec l’aide de son fidèle ami corse, Cipriani ? Dernière supputation qui a la préférence du réalisateur pour mieux épaissir le mystère. Toutes les pistes demeurent ouvertes. Monsieur N. est plus un film d’historien qu’historique et aussi ludique qu’un Cluedo. Philippe Torreton y est à son aise. Plaisant ! Le film subit pourtant un inexplicable échec commercial.

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NAPOLEON

Film français de Sacha Guitry (1954)

Parmi les témoins majeurs de la période napoléonienne figure Talleyrand. A l’annonce de la mort de Napoléon, en 1821, Talleyrand, meurtri, est assailli de questions sur la vie de celui qui fit trembler l’Europe. Le diplomate évoque à un petit auditoire d’amis, avec force souvenirs, ce que fut, de 1769 à 1821, l’épopée de Napoléon 1er depuis sa naissance à Ajaccio à sa déportation sur l’île de Sainte-Hélène. Une vie contrariée remplie de rêves de gloire qui se dessinent dès ses études à l’école militaire de Brienne qui précèdent son arrivée à Paris et sa prochaine conquête du pouvoir politique. Celle qui amènera le futur Empereur à étendre son pouvoir sur des terres lointaines à l’aide de furieuses conquêtes d’Arcole à l’anéantissement de Waterloo. Talleyrand n’oublie pas les souvenirs plus intimes de celui qu’il a servi avec obséquiosité : sa rencontre avec Joséphine de Beauharnais et ses fiançailles à Toulon. Et d’autres conquêtes moins militaires…

Difficile de juger qui de Guitry ou de Gance aura le mieux filmé Napoléon. La biographie de Guitry se distingue de celle de Gance en cela qu’elle se veut moins fidèle à une minutieuse reconstitution historique. La magnifique pléiade d’acteurs composant la distribution y est pour beaucoup ; chacun s’accaparant son rôle pour mieux le personnaliser. Afin de mieux rendre hommage à l’Empereur, le réalisateur a l’idée géniale d’évoquer sa figure par le prisme de Talleyrand. Autant homme de théâtre, de littérature que de cinéma, Guitry démontre avec le talent qui lui est propre qu’il demeure parmi les plus grands amoureux des grandes figures de l’Histoire de France. Plus de trois heures d’un grandiose spectacle sur la vie d’un génie qu’on aime le personnage ou non. On ne s’ennuie guère. Guitry sera toujours Guitry !

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NAPOLEON VU PAR ABEL GANCE

Film français d’Abel Gance (1925)

1781, le futur Napoléon intègre l’école militaire de Brienne. Brillant étudiant, l’écolier sait qu’il est promis à une fulgurante carrière. Peu après son arrivée à Paris, Bonaparte côtoie le Club des Cordeliers, au sein duquel il rencontre Georges Danton et Claude Joseph Rouget de Lisle qui ne tardera pas à composer la Marseillaise. De retour en Corse, Bonaparte est contraint de fuir son île natale, chassé par les partisans de Pascal Paoli. Le futur Empereur prend part au tumulte révolutionnaire qui secoue la capitale. Grâce à Paul Barras, l’ajaccien est promu général d’infanterie avant d’épouser son plus grand amour Joséphine de Beauharnais, que Bonaparte parvint à ravir au général Lazare Hoche. C’est au tour de la guerre de ravir Bonaparte à Madame de Beauharnais. Le 16 avril 1796, la campagne d’Italie est sur le point de s’achever…

Gance est littéralement subjugué par la figure de Napoléon à qui le cinéaste souhaitait consacrer pas moins de six films muets. La faillite de son producteur contraint Gance à ne réaliser que le premier chapitre qui ne dure pas moins de 5 h 30 quand même. Cela est plus complexe en réalité tant il existe de versions d’une longueur différente. En tout cas, jamais Gance ne put revenir sur son projet pharaonique qui lui vint en tête à la vision de Naissance d’une nation de David W. Griffith. Le Napoléon de Gance compte parmi les œuvres majeures du patrimoine cinématographique mondial et constitue le chef-d’œuvre du cinéaste parisien. Une fresque biographique impressionnante, démesurée et d’une lyrisme fabuleux. Gance est talentueux lorsqu’il a l’idée d’accrocher des caméras à la selle des chevaux. Ce qui est banal aujourd’hui est d’une parfaite ingéniosité en 1925. Gance est visionnaire lorsque, pressentant l’avènement prochain du cinéma parlant, il enjoint ses acteurs de prononcer les paroles exactes du scénario. Gance, le Griffith français, est un génie !

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WATERLOO

Film italo-russe de Serguei Bondartchouk

1814, Napoléon 1er est contraint d’abdiquer. Louis XVIII rétablit la Monarchie et clôt définitivement, espère-t-il, la période du Premier Empire. Exilé sur l’île d’Elbe, Napoléon ne tarde pas à s’en échapper et regagne la capitale française de laquelle fuit le monarque. Le nouvel affrontement avec la coalition prussienne et anglaise est inéluctable. Le petit village de Waterloo, non loin de Bruxelles alors occupée par la France, constitue le lieu de l’ultime bataille. Face à l’Empereur, le duc de Wellington se révèle un adversaire coriace. Les charges françaises se heurtent sur une défense anglaise bien organisée. L’arrivée sur le champ de bataille du feld-maréchal prussien Gebhard Leberecht von Blücher pèse de tout son poids dans l’anéantissement définitif des velléités de Napoléon…

Waterloo, morne plaine mais pas morne film. Bondartchouk y a mis les moyens, c’est le moins que l’on puisse dire. Furent réquisitionnés pas moins de vingt mille figurants prélevés dans l’armée soviétique. Les scènes de bataille filmées depuis un hélicoptère figurent parmi les plus géniales du Septième art. Saisissante est la représentation des combats de la cavalerie. L’ensemble de la mise en scène est également d’une parfaite esthétique. La reconstitution est particulièrement soignée tant du point de vue des uniformes que des armes et des tactiques employées. Si le début du film est poussif, on demeure très rapidement captivé à mesure que la longue scène finale approche. Vrai point faible en revanche, Rod Steiger n’est guère convaincant en Empereur. Napoléon n’est plus animé de la flamme en ce crépuscule impérial, il est vrai. Mais l’acteur est trop outrancier dans son jeu. C’est dommage !

Virgile/C.N.C.

crédit photo : DR

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