MàJ 5/4/2017 0h : Le bilan officiel est de 14 morts ; dix d’entre eux ont été identifiés. Parmi eux, 4 ont 20 ans ou moins, deux 25 ans.
Les forces de l’ordre russes continuent de cerner la personnalité du suspect principal, le russe d’origine kirghize Akbarjon Djalilov, qui est toujours recherché. Il est arrivé en Russie avec ses parents et a travaillé avec son père dans un garage ; ce dernier allait à la grande prière du vendredi, mais n’était pas un islamiste fanatique. Puis ses parents sont retournés au pays alors qu’il est resté en Russie, dont il a pris la nationalité. Sur ses profils dans les réseaux sociaux VK et Odnoklassniki, où il n’a plus donné signe de vie depuis 2014-2015, des liens vers des sites islamiques ont été trouvés ; il faisait aussi partie de groupes pro-islamiques comme Islam House. Il s’intéressait aussi aux arts martiaux. Plusieurs fois épinglé pour excès de vitesse, il n’a plus laissé de traces à Saint-Pétersbourg depuis 2016. Il aurait rejoint un réseau islamique extrémiste à Moscou ou en Kirghizie où il est revenu voir sa famille en février 2017.
Les journalistes de Rosbalt remettent en cause la version officielle en affirmant qu’ils ont réussi à joindre Akbarjon Djalilov, celui-ci démentirait être l’auteur de l’attentat dans le métro de Saint-Pétersbourg. Cela dit, la personne que le journaliste de Rosbalt a interrogé s’appelle Akbar et non Akbarjon. Moskovoski Komsomolets en revanche publie les confidences d’un des anciens collègues de travail du suspect, lui aussi kirghize, qui affirme qu’en 2013, Akbarjon Djalilov avait proposé de trancher la main d’un autre de leurs collègues de travail (lui aussi kirghize) qui piquait de l’argent dans le vestiaire du sushi-bar où ils travaillaient. Le journal explique aussi que suite à son séjour en Kirghizie en 2017 Akbarjon Djalilov en est revenu avec un tout autre caractère.
04/04/2017 – 14H25 Saint Petersbourg (Breizh-info.com) – Le 3 avril à 14 h 36 heure locale, un engin explosif a explosé à Saint-Pétersbourg (Russie), dans le métro Place Sennaia. Le bilan provisoire à 14 heures heure de Paris le 4 avril est de 14 morts et 49 blessés dont beaucoup sont dans un état grave. Trois des blessés ne sont pas de nationalité russe.
Un autre IED (engins piégé artisanal) a été désamorcé place de l’Emeute (Площадь Восстания) sur le même métro. Plusieurs stations ont aussi été brièvement fermées le 3 et le 4 avril après que des objets abandonnés aient été découverts ; aucune bombe n’a été trouvée cette fois.
La place Sennaia est une des stations centrales du réseau métropolitain de Saint-Pétersbourg. Si en France, 14h30 est plutôt une heure creuse, en Russie les métros sont pleins : les écoliers et les étudiants ont fini leur journée et rentrent chez eux.
Contrairement aux attentats de Paris, Nice et Londres, les terroristes islamiques ont mis en place des bombes artisanales avant de prendre la fuite. Ils semblaient avoir l’intention de recommencer à plusieurs reprises. Celle qui a été désamorcée place de l’Emeute ressemblait à un extincteur et était remplie d’une poudre blanche dont la force explosive équivalait à 1,5 kilos de TNT.
La police a retenu la piste terroriste; deux personnes issues de l’Asie centrale musulmane ont été arrêtées dans le cadre de l’enquête de flagrance et sont entendues par la police; elles sont soupçonnées de complicité dans le cadre des préparatifs de l’attentat.
Un autre homme, un russe converti (d’origine tatare, un peuple musulman sur la Volga), André Nikitine, devenu Ilyas après sa conversion, avait été vu dans la station de métro vingt minutes avant l’explosion ; son signalement avait été diffusé. Il s’est rendu de lui-même à la police et a été relâché peu après – il n’a aucun lien avec les attentats.
Un autre jeune homme, Akbardjon Djalilov, aurait déposé l’IED dans la station Sennaia. Né en 1995 à Och en Kirghizie (une ville de 243.000 habitants bien connue pour ses affrontements meurtriers entre kirghizes et ouzbeks en 1990 et 2010), titulaire de la nationalité russe, il est recherché par toutes les polices de Russie. Il était à Saint-Pétersbourg depuis 2013 au moins et travaillait dans un sushi-bar de la ville ; à l’époque, d’après son patron, il ne faisait pas ses prières musulmanes (en Russie, c’est assez courant sur les lieux de travail, sans que cela ne provoque des crispations).
Le pays compte de 14.5 à 20 millions de musulmans, parmi lesquels plusieurs millions d’immigrants issus d’Asie centrale ex-soviétique venus travailler en Russie, notamment sur les chantiers, comme manœuvres ou dans la petite restauration.
Deux des pays d’Asie centrale, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan, sont des bombes à retardement démographiques et politiques, car ils sont surpeuplés par rapport à leurs faibles ressources économiques. La Kirghizie, où se trouvait jusqu’en 2014 une base américaine, et qui a été fragilisée par une révolution pro-occidentale en 2005 puis une autre encore en 2010, est aussi un pays faible économiquement, mais situé stratégiquement au carrefour des influences russes et chinoises.
Plusieurs filières terroristes ont déjà été démantelées ces derniers mois sur le sol russe, notamment dans le Caucase musulman, à Moscou, Saint-Petersbourg et d’autres régions. Par ailleurs, on estime que 5000 personnes issues de l’Asie centrale et majoritairement russophones sont parties se battre aux côtés du front al Nusra (Al Quaïda) ou de l’Etat Islamique en Syrie. Il y a en outre en Syrie près de 5000 personnes du Xinjiang, une région chinoise majoritairement musulmane, située dans la même région.
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