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Le CCO, machine à débretonniser, éreinté par la chambre régionale des comptes

L’association Fontevraud – Centre culturel de l’Ouest (CCO) est un joyau de la régionalisation technocratique. Premier président des Pays de la Loire, le gaulliste Olivier Guichard était très conscient du caractère artificiel de cette région patchwork. Il s’était mis en tête de lui créer de toutes pièces une identité.

Mais il savait que ses campagnes de publicité n’y suffiraient pas. Sur le plan culturel, le principal obstacle à une unification ligérienne  était le caractère breton de la Loire-Atlantique. Dès son arrivée à la tête de la région, Olivier Guichard avait donc décidé de créer un pôle culturel prestigieux qui forcerait les élites intellectuelles de la région à regarder ensemble vers l’Est. Ce serait le Centre culturel de l’Ouest, installé à Fontevraud, non loin de Saumur. Quelques années plus tard, cette tentative serait renforcée par la création de la revue 303, une revue de prestige à laquelle les intellectuels de la région apprécient d’autant plus de collaborer qu’elle rémunère ses auteurs(1). (Pourquoi 303 ? Parce que 44+49+53+72+85, numéros des départements de la région : en guise d’identité, on n’a trouvé qu’un matricule.)

Le choix de Fontevraud était habile : ce site immense, ancienne abbaye royale des Plantagenêt devenue l’une des plus grandes prisons de France après la révolution, rénové à grand frais par l’État, jouissait d’un grand prestige religieux, architectural et régalien. Le CCO fut chargé de son animation culturelle sous forme d’expositions, concerts, colloques et autres résidences d’artistes.

« Dysfonctionnements majeurs »

Créé sous forme d’une association indépendante, le CCO est en réalité une émanation directe de la région des Pays de la Loire, qui lui a toujours assuré des moyens financiers abondants (on peut en juger d’après ses comptes publiés au Journal Officiel). Une fois la région conquise par les socialistes et présidée par Jacques Auxiette, de 2004 à 2015, le CCO a perdu son éclat mais conservé ses budgets. Suite au retour à droite de la région, le CCO est présidé par Bruno Retailleau depuis le 25 juin 2016.

La chambre régionale des comptes des Pays de la Loire a contrôlé les comptes du CCO pour les années 2012 à 2016. Publié le 4 juin, son rapport rompt avec le style policé habituel de l’institution. Il est extrêmement critique : « Sans se prononcer sur le projet et la programmation culturels, la chambre constate des dysfonctionnements majeurs dans cette association en matière de gouvernance et sur les plans financier et administratif. Le non-respect répété de ses statuts (par ailleurs obsolètes) fait courir à l’association un risque juridique immédiat et très significatif. »

Les dirigeants du CCO étaient très bien payés

Le CCO est financé à plus de 80 % par la Région ; ses revenus propres (billetterie, mécénat…) ne dépassent pas 3,5 % de ses recettes. Malgré cela, des centaines de milliers d’euros de dépenses ont été engagées et/ou payées dans des conditions irrégulières.

Les dirigeants du CCO ne s’oubliaient pas non plus : « en 2012 et 2013 [du temps des socialistes, donc], la somme des trois rémunérations brutes les plus importantes dépassait les 190 000 € annuels, alors même que le secrétariat général de l’association n’était pas compté dans les effectifs ». En 2014, le directeur du CCO, Xavier Kawa-Topor, n’a travaillé que 10 % de son temps pour le CCO tout en étant rémunéré à plein temps à hauteur de 85 255,76 euros (mis à la disposition d’une autre association, il travaillait en outre ponctuellement pour la commune de Saint-Jean-d’Angély « au tarif forfaitaire de 600 euros par jour »).

Théoriquement au service de l’ensemble des Pays de la Loire, le CCO visait avant tout à ligérianiser la partie bretonne de la région. Au point que la chambre régionale des comptes s’y est trompée, localisant l’association en Loire-Atlantique (ci-dessus) avant de rectifier (ci-dessous).

(1) Des éclairages intéressants sur le fonctionnement de 303 du temps où la région des Pays de la Loire était présidée par le socialiste Jacques Auxiette ont été livrés au public à l’occasion d’un procès engagé par son ancienne directrice, rémunérée 5.564,36 euros brut par mois en 2013.

E.F.

Crédit photo :[cc] Pierre Mairé, PixAile.com, Wikimedia Commons

[cc] Breizh-info.com, 2018, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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