Les orages et pluies diluviennes qui se sont abattus sur la Haute-Bretagne le 11 juin sont l’occasion de rappeler que la Loire-Atlantique a déjà essuyé de violentes intempéries par le passé. Le site de chasseurs d’orages Kéraunos a ainsi publié 15 cas historiques de tornades en Loire-Atlantique, Anjou et Vendée de 1783 à 1910. Plusieurs concernent la Loire-Atlantique.
Le 4 septembre 1801, une tornade de forte intensité (EF3) s’abat sur Héric. Selon le Journal des débats et des décrets, en date du 15 septembre, « « Le 17 Fructidor] [de ce mois, à la suite d’un orage il s’éleva à Héric (à 6 lieues au nord de Nantes) un tourbillon dont les effets sont assez remarquables. Des nuages descendaient et montaient en tournoyant avec une vitesse extrême ; tout-à-coup le vent fit le tour du compas ; et du sud se fixant enfin au nord, il fit des ravages terribles ». Entre autres, un voyageur et son cheval s’envolent sur dix mètres, des arbres jusqu’à un mètre de diamètre sont déracinés, des charpentes de maison découvertes et disloquées, des champs ravagés… il se peut qu’en raison du nombre de maisons endommagées, ce soit le cœur du bourg qui ait été touché, mais rien ne peut le confirmer avec certitude.
Le 17 mai 1812, c’est une trombe – une tornade marine – qui se forme en Loire, entre Trentemoult et l’actuel quai des Antilles. Le journal de Paris s’y intéresse : « Dimanche dernier, 17 de ce mois, entre trois et quatre heures du soir, il s’est formé une trombe sur la Loire, à peu de distance de l’île de Trentemont [Trentemoult]. Une énorme colonne d’eau, d’environ douze pieds de diamètre et de trente pieds de hauteur, s’est tout-à-coup élevée au sein de la Loire, au-dessous de l’île, a remonté la rivière avec une grande vitesse et s’est dissipée entre l’île et la ville. Plusieurs personnes, qui se promenaient au bas de la Fosse, ont été témoins de ce phénomène, qui se voit assez fréquemment sur mer, mais qui est assez rare sur les fleuves ». La tornade se disperse cependant avant d’atteindre la ville – les bords du fleuve ne sont alors que peu habités – et ne fait pas de dégâts.
Le 17 juin 1838 une tornade d’intensité moyenne (EF2) parcourt 3,2 km du nord au sud entre Bonnoeuvre et Saint-Mars la Jaille, des Houssaies aux Hautes Places. « Hier 17, vers les six heures du soir, une trombe d’air, marchant dans la direction du sud au nord, formait comme une épaisse colonne de nuages d’où sortait un tourbillon de fumée gros comme une colossale cheminée de bateau à vapeur, accompagné de bruit et de pétillements comme au milieu d’un vaste incendie », décrivent les contemporains. Le phénomène s’accompagne d’arbres arrachés et tordus, l’eau de l’Erdre se soulève, une charpente est arrachée et projetée à 40 mètres (les Houssaies), une écurie perd sa toiture, de la laine projetée à 4 kilomètres de là, un fermier sorti fermer une porte jeté à terre comme un fétu.
Le 19 septembre 1845 vers 8h45, nouvelle trombe fluviale en face de Paimboeuf : « Ce matin, à 8h45, il a passé au milieu du fleuve, une trombe venant d’ouest-nord-ouest, formant une espèce de nuage de fumée en tourbillon. Elle faisait jaillir l’eau sur son passage, et la pompait en même temps. On pouvait suivre de l’œil l’eau qui montant et formait un nuage noir. Ce spectacle avait attiré une foule de monde, sur les quais ; et tous s’accordent à dire qu’ils n’avaient jamais vu un pareil phénomène », relève la description. Elle se disperse peu après en restant sur le fleuve.
Le 29 juillet 1864, une tornade de faible intensité (EF1) projette dans l’après-midi un bateau de foin contre un brick. Elle traverse ensuite la prairie au Duc entre l’actuelle grue jaune et le M.I.N L’ile commence à être urbanisée, la tornade, décrite comme une « colonne étroite qui en enlevant la poussière qu’elle faisait tourbillonner, devenait perceptible d’assez loin » enlève des pièces de bois de cinq mètres de long qui retombent lourdement sur la toiture des Forges et fonderies maritimes de Nantes. Du linge et la toiture d’un hangar sont aussi endommagés avant que la tornade ne se disperse, bien à l’ouest de la ligne des ponts.
Quatre mois plus tard, le 4 novembre, une tornade (EF1) va du ruisseau des Fous à Boiseau jusqu’au bourg de Basse-Indre, endommageant deux ateliers d’Indret ; un logement de garde est renversé. Deux ouvriers d’Indret sont blessés, la caserne des douanes de Basse-Indre est faiblement endommagée.
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