La forêt de Brocéliande regorge de légendes. Après la série « Les Contes de Brocéliande », publiée de 2004 à 2006, les éditions Soleil proposent depuis 2017 « Brocéliande, forêt du petit peuple« . Dans cette nouvelle série en sept tomes, chaque album est réalisé par un scénariste et un dessinateur différent et se focalise sur l’un des lieux mythiques de Brocéliande. Le sixième vient de sortir.
Tome 1 La Fontaine de Barenton

Le premier tome de cette série est consacré à la légende de Merlin. Le scénariste Oliver Péru imagine, sur un rythme alerte, la rencontre amoureuse à Brocéliande entre Merlin et Viviane. Certes la fée Viviane est connue pour avoir rendu Excalibur au roi Arthur, éduqué Lancelot du Lac et guidé le roi mourant vers Avalon. Mais selon une légende récente inventée, semble-t-il, par Jean Markale, l’enchanteur Merlin aurait créé pour Viviane, son élève dont il était tombé éperdument amoureux, un château de cristal au fond du grand étang entourant le château de Comper et visible uniquement à ceux qui y croient. Erreur funeste car Viviane l’enfermera en usant de l’un de ses propres sortilèges. Dans une mise en page dynamique, le dessin de Bertrand Benoît fait revivre avec légèreté l’amour naissant entre Merlin et Viviane. La colorisation d’Elodie Jacquemoire est particulièrement soignée.
Le lieu choisi est la fontaine de Barenton, dont une pierre plate est surnommée « le Perron de Merlin ». C’est ici que serait né l’amour entre la belle fée Viviane et l’enchanteur Merlin.
Tome 2 Le Château de Comper

Le scénariste Stéphane Betbeder, dans ce combat entre le petit peuple (Fées, gobelins, korrigans, farfadets, géants…) et les humains, oppose la tradition à la modernité, la magie à la religion… Le récit est cependant parfois difficile à suivre. Le dessin expressif de Paul Frichet, mis en valeur par la colorisation de Piky Hamilton, convient bien au scenario. Mais le scenario et le dessin sont légèrement en deçà du tome 1.
Le lieu choisi est le château de Comper. Situé à proximité de la forêt de Paimpont, ce manoir de style Renaissance conserve peu de traces de ses parties féodales. Plusieurs légendes en font la résidence de la fée Viviane. Il est aujourd’hui le siège du Centre de l’imaginaire arthurien, présidé par Claudine Glot.
Tome 3 Le Jardin aux moines

Le scénariste Nicolas Jarry s’inspire de la légende de la sanction divine des mégalithes du Jardin des Moines. Son récit est très intelligemment construit. Le remarquable dessin de Djief met en valeur cette histoire. D’un trait rond et expressif, il parvient à rendre ces enfants particulièrement attachants. La colorisation d’Elodie Jacquemoire est magnifique. C’est sans doute le meilleur tome de la série.
Le lieu choisi est le jardin aux Moines, tumulus constitué de 27 blocs qui s’étendent sur 25 mètres de long à Néant-sur-Yvel. Bien que situé dans la forêt de Paimpont, ce site de l’époque néolithique n’a pas été intégré à la légende arthurienne. Selon une légende, saint Méen surprit des seigneurs perdant leur temps à ripailler dans des orgies et qui refusèrent de se confesser. Ils furent ainsi changés en pierres.
Tome 4 Le Tombeau des géants

Le scénario de Stéphane Betbeder est surprenant puisque, en pleine guerre des Gaules, des membres imaginaires de petit peuple doutent de l’existence des Géants disparus depuis des siècles. La narration est fluide et les dialogues de qualité. Le dessin précis et poétique de Paul Frichet convient bien à ce récit. La colorisation de Piky Hamilton est soignée. Ce tome est une réussite.
Le lieu choisi dans la forêt de Paimpont est Le tombeau du Géant, aussi appelé la Roche à la Vieille, coffre funéraire construit à l’Âge du bronze en réutilisant trois menhirs néolithiques. Selon la légende arthurienne, il s’agirait de la tombe d’un géant vaincu par les chevaliers de la Table ronde.
Tome 5 Le Miroir aux fées

Le scénariste Sylvain Cordurié imagine que les fées et les korrigans vont s’unir pour découvrir et combattre un esprit malfaisant, le terrifiant Ar Breinadur (« pourriture » en breton). Ses personnages sont attachants et les dialogues soignés. Le dessin semi-réaliste et nerveux de François Gomes est mis en valeur par la belle colorisation d’Elodie Jacquemoire.
Le lieu choisi est Le Miroir aux Fées, étang ouvrant le Val sans Retour en forêt de Paimpont.
Tome 6 Le Val sans retour
Le modeste Mathurin Hybois et la belle Marie-Ange, fille d’un riche propriétaire terrien, veulent se marier. Mais lors des guerres napoléoniennes, Mathurin a été tiré au sort pour partir en guerre pendant sept ans. S’il était riche, il pourrait se marier dès maintenant. En effet, celui qui verse 1200 francs ne part pas à la guerre. Sa seule chance : remporter le gros lot de 1500 francs lors de la grande soule qui oppose les villages situés entre Paimpont et Tréhorenteuc. Mais le vigoureux Fanchin l’Ecorchou, vainqueur des cinq dernières éditions, est encore candidat. Mathurin demande l’aide d’une sorcière pour s’assurer la victoire. Mais rien ne se passe comme prévu. La soule se dirige vers le Val sans retour où sévit une malédiction, les amants infidèles y entrant ne pouvant plus s’en échapper…
Le scénariste Stéphane Betbeder reste dans l’esprit des tomes précédents en créant une atmosphère féérique. Le dessin semi-réaliste de Paul Frichet bénéficie de la colorisation d’Axel Gonzalbo.
Le lieu choisi dans la forêt de Paimpont est le Val sans retour, site légendaire du cycle arthurien. Selon une légende, la fée Morgane vit une déception amoureuse avec le chevalier Guyomard, qui la repousse à la demande de la reine Guenièvre. Pour se venger, elle crée le Val sans retour, dans la forêt de Brocéliande, pour y enfermer les chevaliers infidèles en amour. Après dix-sept ans, le sortilège de Morgane est rompu par Lancelot du Lac, resté fidèle à Guenièvre, qui libère 253 chevaliers.
Kristol Séhec
Brocéliande, forêt du petit peuple, Tome 1 : La Fontaine de Barenton, 14,50 euros ; Tome 2 : Le Château de Comper, 14,95 euros ; Tome 3 : Le Jardin aux moines, 14,95 euros ; Tome 4 : Le Tombeau des Géants, 14,95 euros ; Tome 5 : Le Miroir aux fées, 14,50 euros ; Tome 6 : Le Val sans retour, 14,95 euros. Collection Soleil Celtic. Editions Soleil.
Illustrations : DR
[cc] Breizh-info.com, 2018, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine
