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Le jour où j’ai vu l’épée de William Wallace [Tribune libre]

Pour qu’un jeune du XXIe siècle milite, il doit être porté par des mythes.

Au milieu de nombreux films de propagande, le cinéma permet parfois de trouver une œuvre qui glorifie un pan de notre histoire ou de notre culture, en présentant ses protagonistes, ses héros.
Je pense bien sûr à 300, le film de Zack Snyder, sorti en 2006, et qui avait permis à de nombreux jeunes Européens de redécouvrir la résistance des Spartiates face à l’invasion perse.

Le souvenir de Leonidas et de ses hommes est bien ancré dans notre mémoire collective depuis toujours, mais cette version moderne les remettait au goût du jour. Les grincheux diront que c’est superficiel, je pense plutôt qu’il faut s’adapter aux moyens de communication modernes pour ne pas crever. Les raccourcis et les erreurs historiques d’une adaptation cinématographique ne sont pas graves et peuvent être corrigés, l’essentiel est de susciter l’intérêt pour le développer ensuite.

Avant 300, il y eut Braveheart, que chaque lecteur de Breizh Info connaît certainement. Ce film réalisé et joué par Mel Gibson retrace l’histoire de William Wallace, héros de l’indépendance écossaise au XIIIe siècle. Des grandes batailles, une résistance surhumaine face à des ennemis redoutables, des complots et de l’amour, des scènes « cultes » accompagnées par une musique fantastique, le tout avec des moyens techniques « dernier cri » pour l’époque : la recette est parfaite et a fait mouche. Auprès du monde du cinéma dans un premier temps, puisqu’il a raflé les récompenses (5 oscars dont celui du meilleur film), mais, ça, pour le coup, on s’en fout.
Ce film a surtout érigé en icône un homme qui se bat pour sa terre, pour son pays, qui ne renonce pas quand tout semble perdu, un héros européen qui aurait certainement été partiellement oublié sans cette adaptation.

J’ai d’abord aimé ce film « comme un ado », en le trouvant « cool ». Puis j’ai grandi, commencé à militer, à encaisser les coups, à essayer de puiser dans mon passé, non seulement familial mais civilisationnel. Je n’ai rien d’écossais, mais je me sens porté par ceux qui ont fait l’Europe, pas celle de Bruxelles bien sûr, celle d’Homère et de Charlemagne, des Grecs et des Romains. Je n’oublie pas non plus la Auld alliance, qui unit justement un peu plus particulièrement l’Écosse et la France depuis près de 800 ans, même si elle a quelque peu perdu de sa vigueur.

Direction Stirling

J’ai donc saisi la première opportunité que j’ai eue d’aller en Écosse, en programmant bien sûr un arrêt à Stirling, lieu d’une victoire prestigieuse de Wallace et de ses hommes face à l’armée du roi Édouard Ier.

Le véritable récit de cette bataille est bien différent de celui du film. William Wallace, qui n’avait en réalité que 20 ans, n’était pas le seul chef de cette guérilla, il était en effet accompagné d’un autre grand personnage, Andrew de Murray, absent du film. En outre, la bataille ne se passa pas dans une vaste prairie mais autour d’un pont stratégique situé en bas de la colline où se dresse le château de la ville.

C’est justement là que j’ai commencé ma visite de Sterling. On y est accueilli par une statue de Robert Bruce, un homme beaucoup plus brave, respecté et essentiel qu’il n’y paraît lorsqu’on se contente de regarder Braveheart. C’est un vrai château médiéval, la décoration nous permet de replonger dans l’époque, et des plans postés sur les remparts permettent de comprendre le panorama que nous avons sous les yeux et d’identifier entre autres le fameux pont de la bataille.
Les plus jeunes ont quant à eux l’occasion de se déguiser, un tas d’accessoires étant mis à leur disposition.

À dire vrai, ce n’est pas ce que je souhaitais voir en priorité. Ma « cible » du jour est visible depuis les murailles du château et se situe de l’autre côté de la vallée.
Il s’agit de la Tour Wallace, monument de 67 mètres de haut érigé au XIXe siècle, indiquant donc que William Wallace était reconnu, admiré et honoré bien avant de devenir une « star du cinéma ».

La tour Wallace construite à Stirling au XIXe siècle

Il faut quelques minutes pour gagner le secteur en voiture, et quelques minutes de plus pour gravir à pied la montée jusqu’à l’entrée du bâtiment. Accompagné par des amies, je suis pourtant à deux doigts de passer à côté de mon rêve, l’heure de la fermeture approche et plus aucun visiteur n’est censé pouvoir rentrer. Mais, en baragouinant quelques mots, avec un bel accent français, et surtout en étant poli, la Auld alliance finit par être plus forte que les règlements et je suis donc toléré par la responsable des lieux.

Je monte les escaliers quatre à quatre, le souffle coupé, le cœur qui bat la chamade.

Mais qu’est-ce que qui provoque cela ? Je vous ai spoilé dès le titre, il s’agit de l’épée de Wallace en personne. Un mastodonte de près d’un mètre soixante de haut, quasiment aussi grande que son propriétaire.

Après l’arrestation de Wallace, elle fut conservée pendant plusieurs centaines d’années au château de Dumbarton, la lutte fut âpre pour la rapatrier à Stirling. Au début du XXe siècle, de jeunes nationalistes écossais l’avaient volée avant de la rapporter en constatant le trouble provoqué.

Elle est grande, magnifique, et mise en valeur dans une vitrine. Pas de déco superflue, simplement des bustes de seigneurs écossais aux quatre coins de la pièce.

L’épée de William Wallace

Certains doutent de son authenticité. J’espère qu’ils se trompent, peut-être ont-ils raison, ce n’est pas l’essentiel.

Les symboles sont importants, c’en est un merveilleux, qui exalte l’amour des vertus essentielles à la défense de notre civilisation. Ce n’est pas religieux, mais il y a un aspect quasi-mystique. L’histoire nous précède et nous guide.

Voir cette arme est une expérience qui complète la connaissance, les deux vont de pair pour savoir pourquoi l’on se bat. Les défaites sont suivies par des victoires tant qu’il y a quelqu’un pour rester debout. Rester debout ne veut pas toujours dire combattre au corps à corps, cela concerne aussi l’héritage et la transmission. Braveheart aura finalement été bien plus qu’un divertissement hollywoodien.

J’invite chacun à marcher sur les traces de ses héros, réels ou mythiques, à Stirling, Rome, Reims, Vienne ou Athènes. En Espagne, en Allemagne ou dans les pays nordiques. À connaître sa terre, son pays ou sa ville. Et pourquoi pas Constantinople, qu’ils appellent aujourd’hui Istanbul, ou la Terre Sainte, qu’ils nomment Israël ?

Ce jour-là, j’ai vu l’épée de William Wallace, et vous, de qui suivrez-vous les traces ?

Alexandre

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Photos d’illustration : Breizh Info
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