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Les Grecs à l’avant-poste d’une nouvelle immigration massive

Le 29 février, le président turc Erdogan a annoncé qu’il allait ordonner aux douaniers de son pays de ne plus garder la frontière avec la Grèce. Si cette annonce n’est pas nouvelle, elle est maintenant mise à exécution. Dans le même temps, de nombreux Grecs manifestent contre la pression migratoire sur les îles de la mer Égée. Mais une réaction ferme des gouvernements européens face aux manœuvres du président turc tarde à se concrétiser. Au risque de créer un nouvel appel d’air aux conséquences incalculables pour les Européens.

La Grèce, zone de transit

En septembre 2019, le président turc Erdogan menaçait déjà de « continuer à envahir l’Europe de migrants si la Turquie ne reçoit pas plus de fonds » de l’Union européenne(1). Après le pic de 2015 et une baisse ensuite, le nombre d’arrivées illégales en Grèce recommence à augmenter fortement depuis 2017, avec une accélération depuis le mois de décembre 2019.

Arrivées illégales en Grèce
2017 36 310
2018 50 508
2019 74 613

Source : UNHCR Refugee situation

Le 29 février 2020, le président turc annonçait qu’il laisserait dorénavant les frontières de l’Europe ouvertes aux migrants(2). Selon certaines sources, non seulement la frontière gréco-turque n’est plus contrôlée par les douaniers turcs, en dépit de l’accord signé en 2016 entre l’Union européenne et la Turquie, mais également des migrants seraient fortement incités à se rendre en Europe(3). C’est par milliers que ceux-ci se massent et franchissent illégalement par la mer et la terre une frontière dont la surveillance par les autorités grecques est renforcée(4).

Déjà, en 2015, l’annonce inconséquente de la chancelière allemande, Angela Merkel, d’ouvrir les frontières de son pays avait entraîné un afflux massif de population (856 000 arrivées illégales en Grèce sur la seule année 2015) dont l’Europe de l’Ouest continue encore aujourd’hui de subir les effets.

L’accord Union européenne-Turquie

L’accord conclu le 18 mars 2016 entre l’Union européenne et la Turquie prévoyait notamment le renvoi des clandestins arrivés en Grèce et la lutte par la Turquie contre l’immigration irrégulière vers la Grèce(5). En juillet 2019, Ankara a suspendu l’accord de réadmission des clandestins arrivés en Grèce en raison de sanctions de l’Union européenne, à la suite de l’exploration par Ankara de gisements de gaz dans les eaux chypriotes(6). Le président Erdogan invoque désormais comme raison à l’ouverture des vannes de l’immigration vers l’Europe le paiement partiel de la somme due à la Turquie au titre de l’accord conclu en 2016. Les critiques de l’Union européenne au sujet de l’offensive de la Turquie en Syrie contre les Kurdes et l’afflux de centaines de milliers de Syriens à la frontière syro-turque pourraient être d’autres motifs tout aussi importants du courroux de celui que certains nomment le « sultan » turc.

La situation en Grèce

L’afflux continu de migrants en Grèce, et particulièrement sur les îles de la mer Égée, n’est pas sans conséquences. Un récent rapport du Conseil de l’Europe évoque des émeutes fréquentes dans les centres d’accueil et d’identification (RICS) et des tensions entre demandeurs d’asile et police(7). Selon un rapport paru en 2016, les étrangers sont surreprésentés dans les chiffres de la délinquance : ils représentaient en 2016 36 % des personnes arrêtées pour homicides, 47 % de celles arrêtés pour viol et 32 % de celles arrêtées pour vol(8).

L’annonce de la construction de centres de rétention de migrants sur les îles de la mer Égée, de 5 000 places chacun, a été le détonateur d’une révolte populaire attisée par un sentiment de dépossession des Grecs de leurs îles. Sur les cinq îles de la mer Égée, près de 43 000 migrants sont présents, parfois depuis plusieurs années.

Le jeu trouble de certaines O.N.G.

En Grèce comme ailleurs, l’immigration clandestine est devenue un véritable business. Certaines organisations non gouvernementales ont fait l’objet de critiques fort peu médiatisées en Europe de l’Ouest. Le gouvernement de gauche d’A. Tsípras avait voulu en 2018 que chaque O.N.G. soit répertoriée à la suite de l’implication de certaines d’entre elles dans des scandales financiers et des opérations de traite d’êtres humains(9). C’est maintenant le gouvernement conservateur qui accuse des O.N.G. d’aider les passeurs et d’inciter les migrants à se révolter(10).

La révolte du peuple

Dans ce contexte, la perspective pour les îliens grecs de voir leurs îles devenir des « Ellis Island », des centres de tri et de détention de migrants, sans aucune perspective de retour à la normale, a provoqué une révolte à laquelle le gouvernement grec ne s’attendait pas.

Grève générale, manifestations de milliers de personnes, barricades pour empêcher les travaux de construction des camps, batailles rangées contre les forces de l’ordre : ce mois de février a été le théâtre d’une féroce résistance de nombreux Grecs. Cette révolte ne peut se résumer à un phénomène « NIMBY » (Not in My Backyard, « pas dans ma cour »), une exaspération qui serait limitée à des problèmes de promiscuité avec des migrants trop nombreux.

Les médias d’Europe de l’Ouest n’ont pas pu passer sous silence les revendications explicites des manifestants : « Nous voulons récupérer nos îles, nous voulons récupérer nos vies », « nous connaissons très bien leur plan, ils veulent islamiser l’ensemble du monde occidental »(11).

L’Union européenne désunie

Face à ce nouveau contexte, les pays européens, comme à leur habitude, ont des positions opposées. Le Premier ministre autrichien Sebastian Kurz fait preuve de fermeté et affirme que tout doit être fait pour éviter qu’une crise comme celle de 2015 ne se renouvelle(12). Le gouvernement français quant à lui estime justifié l’argument selon lequel les pays européens doivent « soulager » la Grèce. Il entend montrer l’exemple en annonçant en décembre la relocalisation de 400 migrants en France(13). Le ministre français de l’Intérieur affirme que « le droit d’asile doit être renforcé », alors que la priorité du moment est de le plafonner(14). L’annonce d’un prochain accord conclu entre pays européens visant à la relocalisation automatique des migrants, loin d’être une solution, ne fait susciter que de nouvelles velléités de départs de Turquie ou d’ailleurs(15).

Dans le même temps, les médias de grand chemin donnent fréquemment la parole sur ce sujet à des « spécialistes » de l’immigration, qui sont en fait des militants de la cause immigrationniste. Les images des chaînes de télévision montrent plus souvent des femmes et des enfants vulnérables débarquant sur les côtes grecques que des jeunes hommes qui lancent des projectiles sur les douaniers grecs aux cris de « Allah Akbar ».

L’annonce le 1er mars par le gouvernement grec du refus pendant un mois des demandes d’asile déposées par des migrants entrés illégalement est déjà critiquée(16). Ceci alors qu’une récente jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme autorisant l’expulsion d’un clandestin entré illégalement dans un pays européen est passée sous silence(17). Comme en 2015, nous assistons à une entreprise de conditionnement des esprits menée pour de nouveau faire accepter aux populations européennes des arrivées considérables d’extra-Européens.

Le changement de paradigme de la réponse aux guerres civiles

Cette manipulation ne date pas d’hier. Un véritable changement de paradigme aux réponses à apporter aux conflits a été mené tambour battant. Contrairement aux décennies précédentes, dans les informations diffusées sur le conflit en Syrie et sur la situation en Turquie, on peut en effet constater que l’aide humanitaire sur place est rarement mise en avant. Le nouveau paradigme de la réponse aux conflits affectant des populations civiles est celui de la nécessité de l’organisation d’une migration de masse, d’un véritable déplacement de peuples. Peu importe l’opinion des populations des pays européens, peu importe l’impact dans les pays d’accueil, les gouvernements « progressistes » sont animés par la foi d’agir pour le bien général.

Le réel en boomerang

Un ancien directeur de la sécurité extérieure (la DGSE), Pierre Brochand, l’affirmait récemment dans les colonnes du Figaro, les migrants « à peine installés, [reconstituent] les “communautés hétéronomes”, voire les “nations problématiques”, qui étaient les leurs auparavant et que le passage d’une frontière factice n’a pas suffi à leur faire oublier »(18).

En prétendant extirper des individus du chaos, nos gouvernements ferment les yeux sur la situation en France comme dans d’autres pays européens : des zones de non-droit qui se multiplient, des quartiers entiers régis par la charia, des politiques publiques qui plient sans cesse sous le communautarisme, des conflits communautaires, comme ceux qui viennent récemment de se produire à Ouistreham et à la gare de Lyon à Paris, que les autochtones regardent avec effarement(19).

Face à cette nouvelle crise des frontières, certains pays continueront avec réalisme à refuser toute nouvelle immigration compte tenu des problèmes non résolus à ce jour chez eux (Danemark, Autriche, etc.). D’autres, plus nombreux, se saisiront de l’occasion pour continuer une politique de peuplement délibérément voulue par les autorités européennes. Quand le président Erdogan affirme que l’Europe devra « prendre sa part » de migrants, il est utile de rappeler ses recommandations à la communauté turque installée en Europe de ne pas s’intégrer et de faire plus d’enfants(20). C’est bien un projet de transformation de l’Europe qui est à l’œuvre. C’est aussi et surtout la défense de l’Europe et de sa culture qui est en jeu.

Paul Tormenen
04/03/2020

(1) « Turquie : Erdogan menace d’inonder l’Europe de migrants ». Valeurs actuelles. 9 septembre 2019.

(2) « Erdogan affirme qu’il laissera les frontières de l’Europe ouverte aux migrants ». Le Figaro. 29 février 2020.

(3) « La chaîne publique turque émet un guide pratique pour les réfugiés voulant se rendre en Europe ». Restitutor Orientis. 28 février 2020.

(4) « Au moins 13 000 migrants affluent vers la frontière gréco-turque pour rejoindre l’Europe ». RT France. 1er mars 2020.

(5) « Déclaration UE-Turquie, 18 mars 2016 ». Conseil européen.

(6) « La Turquie suspend l’accord de réadmission des migrants conclu avec l’UE ». Euractiv. 24 juillet 2019.

(7) « Report of the Commissioner for HumanRights of the Council of Europe ». 6 novembre 2018.

(8) « Immigration to Greece ». RIEAS. 6 août 2017.

(9) « Les ONG d’aide aux migrants prises pour cibles par le gouvernement grec ». France terre d’asile. 28 novembre 2019.

(10) « Greece : NGOs accused of stocking unrest in refugee camp ». Deutsche Welle. 10 février 2020.

(11) « En Grèce continentale, les habitants font obstruction à la venue des migrants ». Le Point. 18 février 2020.

(12) « Migrants : la Turquie met l’unité de l’Europe à rude épreuve ». Le Temps. 1er mars 2020.

(13) « La France accueillera “dans les prochains mois” 400 réfugiés de Grèce ». BFM TV. 12 décembre 2019.

(14) Twitter. C. Castaner. 12 décembre 2019.

(15) « Pacte sur la migration : un compromis nécessaire pour sortir d’un blocage “inacceptable” ». Le Point. 24 janvier 2020.

(16) « Cinq questions sur l’afflux de milliers de migrants à la frontière entre la Turquie et la Grèce ». France Info. 2 mars 2020.

(17) « Case of N.D. and N.T. versus Spain ». CEDH. 13 février 2020.

(18) « L’immigration est le défi le plus redoutable auquel nous sommes confrontés ». Interview P. Brochand. Le Figaro. 21 février 2020.

(19) « “Chaos”, “racailles”, “communautarisme” ; la classe politique scandalisée par les violences à la gare de Lyon ». Valeurs actuelles. 29 février 2020. « Normandie. Bagarre générale à Ouistreham : une vingtaine de migrants blessés ». Ouest-France. 29 février 2020.

(20) « Ne faites pas trois mais cinq enfants ! ». Le Temps. 23 mars 2017.

Source : Correspondance Polémia

Crédit photo : DR
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