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Emploi. Un groupe breton principal repreneurs des magasins La Halle

Dernier vestige du groupe Vivarte, l’enseigne la Halle, placée en sauvegarde le 21 avril dernier et en redressement judiciaire ce 2 juin, devrait être démantelée. Les quelques 5391 salariés sont dans l’attente des offres de reprise, qui doivent être déposées avant minuit ce 9 juin, dans l’attente du jugement du tribunal de commerce de Paris le 29 juin prochain. Le groupe malouin Beaumanoir (Cache-Cache, Bonobo, Morgan, Vib’s) est le principal repreneur. Cependant, près de 2196 emplois devraient être rayés de la carte.

Beaumanoir souhaite reprendre 326 points de vente qu’il exploitera sous l’enseigne La Halle, et 36 autres qui seront exploités sous l’enseigne Vib’s. Selon le délégué CGT Karim Cheboub, cela représente « 2100 salariés, et 102 autres sur 500 au siège ». Il explique aussi que « Beaumanoir, qui reprend le plus de magasins, va se faire prêter 50 millions d’euros par l’entreprise pour financer l’achat de la prochaine collection automne-hiver après avoir sorti la Halle du groupe Vivarte à 0 € avec 0 dette ; or, on nous dit que l’entreprise est à sec, donc que le plan social va être payé par le contribuable. Nous on préférerait que cette somme aille au PSE ».

D’autres repreneurs se sont manifestés – ils sont 7 au total, dont Besson Chaussures (60 magasins), Gemo (20 magasins), Chaussea (158 magasins), le grossiste en linge de maison Côte d’Amour… ou encore les supermarchés Lidl. « Eux, ils ne visent que les locaux, 63 magasins de 1500 m² ; comme ils ont une activité différente, ils n’ont pas d’obligation légale de reprendre les salariés, contrairement aux enseignes d’habillement », développe encore Karim Cheboub. Le discounter allemand, qui compte déjà 155 points de vente dont 50 ouverts en un an, souhaite continuer à étendre son réseau pour atteindre 1800, voire 2000 points de vente.

Aucune offre ne couvre les deux sites logistiques de Montierchaume et d’Issoudun (Indre) qui emploient 496 salariés, mais selon nos informations, un repreneur potentiel est venu les visiter en début de semaine. Un repreneur pourrait être intéressé pour de l’entreposage, ce qui induit la reprise d’une quarantaine de salariés seulement.

Un groupe fragilisé par des LBO et des plans sociaux à répétition

La Halle a déjà connu deux plans sociaux : en 2017 pour la Halle aux Chaussures (180 magasins fermés, 428 salariés licenciés) et en 2015 pour la Halle aux Vêtements (174 magasins fermés, 1344 postes supprimés). Si en 2019 le groupe a réalisé un petit résultat excédentaire, enfin, les actionnaires anglo-saxons refusent, en 2020, sur fond de prévisions économiques moroses, de fermeture forcée pour cause de confinement et de dégradation continue du marché de l’habillement, de remettre au pot pour apurer les 280 millions d’euros de passif.

Cependant la Halle a aussi été victime du capitalisme financier : trois LBO à la suite à partir de 2004 pour Vivarte sa maison-mère, dont une dernière en 2007 pour sa reprise par Georges Plassat et le fonds Charterhouse.

Cette technique – dénoncée alors par la CGT Finances – qui vise à racheter une entreprise par son endettement, a valu à Vivarte une dette de 2.8 milliards d’euros, ramenée à 2 milliards en 2014 en contrepartie de la prise de contrôle par ses créanciers (les fonds Alcentra, Babson et Goldentree). Après deux plans sociaux, la dette a été ramenée en 2017 à 574 millions d’euros – les créanciers se sont assis sur 864 millions d’euros, puis à 302 millions fin 2018.

Vivarte et par contrecoup la Halle ont aussi pâti de raisons structurelles (ouvertures de magasins tous azimuts, choix stratégiques discutables, quatre dirigeants de 2014 à 2016, coût des réorganisations) et conjoncturelles (baisse continue des dépenses d’habillement en France, deux mois de fermeture forcée du fait du confinement, reprise économique timide, crise profonde attendue…).

Vivarte s’est lancé dans un démantèlement du groupe : André cédé à Spartoo en juillet 2018, NafNaf au chinois la Chapelle en juin 2018, Kookaï à l’australien Magi en juillet 2017, Chevignon en octobre 2018 à l’attelage formé par la société civile financière Royer, Stephane Collaert (Texier Maroquinier) et Thierry le Guenic (Vanessa Bruno), Pataugas à Hopps Group en mai 2017, Besson Chaussures à Gifi en 2018, Accessoire Diffusion à Frédérique Picard (chaussures Carel, Carvil), Compagnie vosgienne de la chaussure à l’allemand Hanse (qui a jeté l’éponge, l’usine a été revendue à Ingrid Muller et Petrus Finance, 96 des 126 emplois ont été rayés de la carte) et la chaîne espagnole Merkal au fonds d’investissement basé à Londres OpCapital, San Marina et CosmoParis à Thierry le Guenic, Stéphane Collaert et la société d’investissement Grimonprez en février 2020 et août 2019 respectivement.

Toutes ces cessions n’ont pas empêché Vivarte de rester fragile et la Halle de finir vendue à la découpe. Du reste, d’autres enseignes de l’habillement ( André, NafNaf, Camaïeu, Orchestra-Prémaman, Verywear, JB Martin…) sont aussi en redressement judiciaire ou en faillite, plombées par la crise et le coronavirus.

Louis-Benoît Greffe

Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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