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Nantes. Quand les livreurs en scooter bafouent l’autorité de Mme Rolland

Depuis le 8 mars dernier, les scooters thermiques – principalement ceux des livreurs des plateformes de livraison de nourriture – ne peuvent accéder aux zones piétonnes que de 7 à 11 heures. Cette décision basée sur des raisons « écologiques », les scooters électriques pouvant accéder à toute heure, n’est guère respectée par les livreurs, au grand dam des riverains et commerçants desdites zones piétonnes.

Tandis que s’est monté un « collectif de livreurs nantais en lutte » qui réclame à la Ville l’accès auxdites zones piétonnes de 11 à 14 h. et de 19 à 22 h. en roulant à 20 kilomètres à l’heure maximum, ainsi qu’un local pour se réunir – pourquoi ne pas le demander aux plateformes de livraison qui font de leurs livreurs de véritables esclaves des temps post-modernes, mais réalisent des profits bien joufflus en Bourse ? – nombre de livreurs ont bien compris que les libertés ne se demandent pas, et les prennent allègrement.

« On a vu l’effet de l’arrêté municipal pendant une semaine à peu près », constate un vendeur rue Guépin. « Après, ils sont revenus, et ils roulent à nouveau à toute vitesse, à contre-sens. Il n’y a aucun contrôle. On a vraiment l’impression que la Ville a pris cet arrêté pour qu’on leur fiche la paix, et montrer qu’ils ont essayé de faire quelque chose, alors qu’ils n’ont en réalité rien fait ».

« Ils roulent à toute vitesse, à contre-sens, jour et nuit »

Pour cette riveraine retraitée, « les scooters ne devraient pas passer par cette rue. Ni les électriques, ni les autres. Ils roulent à toute vitesse, à contre-sens, jour et nuit. Quand on traverse, on ne les voit pas arriver et quand on les voit, c’est presque trop tard. On a l’impression que la mairie attend qu’il y ait un carton un jour, que l’un de nous se fasse renverser, voire agresser, par un de ces livreurs ».

Agresser ? Car oui, ça arrive. Il y a une quinzaine de jours un commerçant, près de la place Bretagne, qui filmait le passage à toute vitesse de livreurs en scooter vers 20 heures – un horaire en théorie interdit – dans une rue piétonne s’est fait insulter, puis agresser par un livreur qui a essayé de lui confisquer son téléphone. Le livreur – qui se comportait comme si la rue lui appartenait – n’a tourné les talons et pris la fuite que lorsqu’un autre riverain a dégainé son téléphone et appelé la police.

Une usine à gaz inapplicable

Les raisons de l’arrêté municipal aussi interpellent. « La mairie a créé une usine à gaz inapplicable », estime un autre commerçant en zone piétonne. « Plutôt que de s’appuyer sur le code de la route, et verbaliser systématiquement les scooters en zone piétonne, ou pourquoi pas – on est une mairie socialiste, donc en théorie de gauche après tout – évoquer le fait que ces livreurs, qui roulent régulièrement sans permis ou assurance, sous-payés, sont exploités par les plateformes pour lesquels ils travaillent et conditionner l’accès du centre-ville aux seuls livreurs qui ont un contrat de travail en bonne et due forme, ils ont pondu un arrêté qui s’appuie sur l’écologie et crée une exception aux scooters électriques qui ne règle en rien le problème rencontré par les commerçants et riverains. 

Nous on se fiche de savoir si les scooters sont électriques ou diesels. On veut juste pouvoir marcher dans la rue sans se faire écraser et que nos clients n’aient pas peur de venir car ils ont manqué se faire écraser ou se sont faits insulter par un livreur la dernière fois qu’ils sont venus en ville ».

Avant de nuancer son propos : « Certes, il y a beaucoup de restaurants qui travaillent à emporter avec ces livreurs. Mais d’abord, il y a d’autres livreurs – dûment salariés, eux, et qui respectent code de la route et piétons, et ensuite, puisqu’on arrive à des élections, à nouveau, un peu de courage politique ne ferait pas de mal. Une municipalité est là pour protéger ses concitoyens – c’est le moment de protéger les piétons, les commerçants et les clients qui viennent en ville, et envoyer un signal politique clair – les plateformes de livraison de nourriture qui ne respectent pas le droit français, en terme de code du Travail par exemple, doivent arrêter d’avoir la possibilité de pourrir le quotidien des nantais. Avant qu’il n’y ait un livreur qui cartonne un passant, ou un passant qui y échappe de justesse et s’en prenne à un livreur ».

Message transmis.

Louis Moulin

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