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Rennes. L’Union Pirate à l’abordage de l’université Rennes II

Abordage ou sabordage ? L’Union Pirate, issue de l’Armée de Dumbledore (2019), elle même issue de l’Alliance Rebelle (2017, alors alliée à Solidaires Etudiant[e]s, a remporté les élections étudiantes de Rennes II avec 70% des voix, soit 4 sièges ; les deux autres sièges sont remportés par Solidaires FSE, 1 siège chacun, l’UNI (droite) disparaît ; ce sont 3700 votants à peine (sur 23.000) qui se sont exprimés. L’Union Pirate sera arrivée à ce résultat au bout de plusieurs actions d’éclat, qui résultent d’un parti-pris largement idéologique.

Repas gratuits et tampons offerts par le syndicat

Depuis février 2021 en effet, l’Union Pirate fait des distributions alimentaires aux étudiants de Rennes II ; ce sont la ville, le Crous et la région Bretagne qui paient, mais dans la plus grande tradition politique c’est le syndicat qui engrange des voix et se fixe une clientèle. Le 31 mars, cette distribution était faite à 370 étudiants – de Rennes II et d’ailleurs – tandis que la collecte brasse par semaine une tonne de vivres auprès de supermarchés et de la Banque alimentaire pour moitié.

Du reste, les politiques s’insurgent lorsque dans certains pays étrangers, les électeurs sont conviés à des banquets s’ils votent bien, moins quand lesdits politiques distribuent boulots, logements et autres passe-droits – jusqu’à des doses de vaccin récemment – à leurs clients ou électeurs.

Autre source de revenus pour l’Union Pirate, le budget participatif de l’Université. En 2019 et 2020 il a notamment servi à acheter des protections hygiéniques jetables distribuées gratuitement aux étudiantes par l’Union Pirate. Ouest-France indiquait en 2019 qu’il « en coûte au total 42.000 € (4000€ du budget participatif, 2000 € du fonds de solidarité et de développement des initiatives et 36.000 € de la contribution de vie étudiante et de campus).  »

En 2019 il a aussi servi à acheter des arbres fruitiers, réaliser un escalier LGBT aux marches multicolores à l’entrée du campus, installer des baby foots sur le campus de Saint-Brieuc ou encore installer une salle de sieste (!) dans la bibliothèque universitaire de Rennes II. L’année précédente, des « toilettes neutres » ont été payées avec le même budget.

De façon encore plus démagogique l’Armée de Dumbledore – autrement dit les prédécesseurs de l’Union Pirate – ont carrément braqué le CROUS en s’asseyant sur ses caisses, en novembre 2019, et permis à 2000 étudiants de manger gratuitement. C’est le contribuable qui a payé.

Ecriture inclusive, activisme anti-gouvernement, soutien aux inculpés d’extrême-gauche

Sur son Facebook, l’Union Pirate annonce clairement la couleur. Ecriture inclusive à tous les étages, tracts anti-Macron, post le 11 avril dernier pour faire la promotion d’une manifestation de soutien aux inculpés d’extrême-gauche, les « 20 du métro […] arrêtés lors d’une embuscade policière contre une opération métro gratuit qui avait été votée en assemblée générale ».

Outre le terme « embuscade policière » qui se passe de commentaire, il s’agit en réalité de 20 individus de 22 à 34 ans, issus de la mouvance d’extrême-gauche, dont 19 se sont introduits le 19 mai 2016 dans plusieurs stations du métro de Rennes pour dégrader à la mousse expansive les bornes de validation des tickets…

L’on trouve aussi, au milieu des pubs pour les distributions de vivres hebdomadaires et des appels pour toutes les causes de gauche opposées au gouvernement (loi sécurité globale, retraites, étudiants et précaires, loi sur la recherche ;..), des posts en soutien aux manifestations « Génération sacrifiée » avec les logos de la France Insoumise, des Jeunes Communistes, de Solidaires Etudiants, du NPA, de l’UCL, des Jeunes Insoumis et de l’Union Pirate… Sans oublier un appel à un contre-rassemblement « face à la manif pour tous », et ce «face à l’intolérance, l’obscurantisme et les LGBTIphobies » ; le post suivant revient encore sur « ces arriérés de la manif pour tous ».

Malgré la salle de sieste et les tampons gratuits, les étudiants de Rennes II broient du noir

En février 2021 l’Union Pirate donnait les résultats de son enquête à laquelle ont répondu 3000 étudiants de Rennes II – contre 3900 à l’enquête faite par le même syndicat en novembre 2020.

Parmi eux, 58% ont des « difficultés psychologiques », 57% scolaires – de quoi répondre à la question si démocratiser l’enseignement en bradant examens et diplômes allait résoudre les difficultés d’apprentissage – et 21% des idées suicidaires.

A des fins de comparaison, une enquête de la Fondation Jean Jaurès sur un échantillon de 2000 personnes représentatif de la population française, à l’automne 2020, dirigée par le professeur de médecine légale Michel Debout, révélait que 17% des sondés avaient des idées suicidaires – et 30% des sondés de moins de 35 ans.

Evidemment, 92% des étudiants sondés par l’Union Pirate veulent que l’Etat les aide – c’est toujours plus simple que de se retrousser les manches et d’aller dans une formation peut-être moins universitaire, mais qui leur donnera un boulot tout de suite – un CAP jardinier paysagiste ou un diplôme d’état aide-soignant. Cela dit, il n’y a pas de salle de sieste ni de colis alimentaires dans ces formations…

Des vélos gratuits et « s’opposer à toute forme de sélection »

A la veille des élections universitaires, sur le Twitter de l’Union Pirate, c’était « un jour une proposition ». Et un vrai festival socialo-démago : « que la fac achète un parc de vélo et les loue gratuitement et à l’année aux étudiant[s] », mais aussi « s’opposer à toute forme de sélection », « créer une prime vélo » ou encore « s’opposer à la baisse des capacités d’accueil ».

Traduction : non aux partiels et aux notes, non à la réduction du nombre d’étudiants pour mieux former ou mieux s’occuper de ceux qui sont déjà inscrits, cancres et majors, tous égaux. Et en vélo.

Nul doute que les diplômes de Rennes II, à ce rythme, vont être très appréciés des employeurs. Mais ils seront rédigés en écriture inclusive par des étudiants initiés aux finesses des revendications LGBTQIA+ qui auront eu leur quota de sieste et de protections périodiques, ça compte, non ?

Libertaire, oui,  remise en cause de la dictature sanitaire, non

En revanche si l’Union Pirate ne rechigne pas à mettre son logo à côté des autres organisations de l’extrême-gauche militante, elle ne doute pas non plus du bien-fondé des « restrictions sanitaires », quitte à aller plus loin. 

« Afin de respecter les règles sanitaires […] merci de remplir ce formulaire d’inscription. Lors de la distribution, merci également de respecter le port du masque, rester à 2 m de distance les un.e.s des autres et de bien vous désinfecter les mains en début de distribution ». Le communiqué est rédigé en écriture inclusive, il est donc suffisamment rebelle contre le désordre établi. 

Et après la distribution, qui a lieu « dans le hall du bâtiment Ereve de 10h à 12h30 », au boulot : « un départ en cortège avec d’autres syndicats et organisation est prévu à partir du centre de l’université vers 12h30 pour rejoindre la grande manifestation en centre-ville ». 

En revanche parmi les candidats Union Pirate aux différents UFR présentés fin novembre 2020 sur la page Facebook, il n’y a pas un représentant des « minorités visibles ». Pas un.

Louis Moulin

Crédit photos : DR
[cc] Breizh-info.com, 2021, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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Une réponse à “Rennes. L’Union Pirate à l’abordage de l’université Rennes II”

  1. vert dit :

    Rennes 2 .une fac de sociologie et humaine.
    Le genre de diplôme qui sert a rien sauf a postuler a pole emploi a vie

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