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Apollinaire Joachim Kyélem de Tambèla. Un nationaliste sankariste premier ministre du Burkina

40 ans après l’assassinat du président patriote Thomas Sankara, c’est un de ses partisans qui revient au pouvoir. Un partisan de la première heure : Apollinaire Joachim Kyélem de Tambèla, étudiant à Nice dans les années 80, y animait avec des compatriotes un comité de défense de la Révolution. Il organisait alors à la fac des expositions-ventes d’objets d’art burkinabè et des collectes de livres et de fournitures scolaires pour son pays.

Né en 1958 à Koupéla où son père est enseignant, il est baptisé dans la cathédrale de cette ville provinciale de 28 000 habitants. Après des études au petit séminaire Saint Augustin de Baskouré, il continue jusqu’à l’université de droit de Ouagadoudou où il côtoie un futur conseiller de l’ombre de Sankara. Kyélem de Tambèla n’exagère pas son rôle dans la Révolution et n’a rencontré qu’une fois le chef d’Etat, par hasard. Le voyant descendre de sa 2 CV présidentielle, celui qui est encore étudiant lui lance :

«  Capitaine, ça va ? » « On ne peut pas dire que ça va, tant que l’impérialisme dominera le pays », lui répond ce dernier avec son style direct. Ce sera le seul échange qu’il ait eu avec le grand homme.

Après le coup d’état, Kyélem de Tambèla devient avocat et entame une carrière d’universitaire au Canada puis à Nice. Un exil qui ne l’empêche de méditer sur les évènements qu’il a vécus au second plan : en 2012, à l’occasion du 25 ème anniversaire de la mort de Sankara, il publie un essai bilan, « Thomas Sankara et la Révolution au Burkina Faso : une expérience de développement auto centré ».

L’appel du pays natal est le plus fort. Il rentre au Burkina, y exerce la profession d’avocat et enseigne à l’université de Ouagadougou, à l’É.N.A.M. et à l’université Saint Thomas d’Aquin. Ces dernières années, il se fait connaître comme chroniqueur à la télé et occupe la présidence du Centre de recherches internationales et stratégiques.

Selon ses premières paroles , le nouveau premier ministre veut « former un gouvernement de reconquête de souveraineté intégrale de son pays », aussi bien face aux djihadistes que face aux grands puissances. Kyélem de Tambèla affectionne les habits sobres et un langage direct, à la Sankara. Aux jeunes manifestants qui veulent mettre la France dehors, il donne une leçon de réalisme politique : « Je suis pour la diversification (des partenaires) mais pas pour le départ de X ou Y. Ce qu’il faut, c’est la banalisation de notre partenariat avec la France pour qu’elle ne soit pas dominatrice. » Kyélem de Tambèla est ainsi favorable à des accords sécuritaires avec la Russie, mais veut continuer d’entretenir des rapports avec les bailleurs de fonds du système éducatif burkinabè.

Cette façon de ne pas mettre ses œufs dans le même panier était déjà celle de Sankara, qui jouait le Bloc de l’est contre la France, la France contre la Libye, et réciproquement, toujours dans l’intérêt de son peuple. Un jeu dangereux qui l’a sans doute conduit à la mort.

A.T.

Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2022, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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Une réponse à “Apollinaire Joachim Kyélem de Tambèla. Un nationaliste sankariste premier ministre du Burkina”

  1. patphil dit :

    “Après des études au petit séminaire” comme le fut staline!
    enfin bonne nouvelle pour les soldats frnçais au sahel, il risque de moins en moins d’être tués pour défendre ses gugusses

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