Nous vous proposons dans cette rubrique de découvrir l’histoire des Saints Bretons. Les saints bretons désignent des personnalités bretonnes vénérées pour le caractère exemplaire de leur vie d’un point de vue chrétien. Peu d’entre elles ont été reconnues saintes par la procédure de canonisation de l’Église catholique (mise en place plusieurs siècles après leur mort), mais ont été désignées par le peuple, leur existence même n’étant pas toujours historiquement attestée. La plupart des vitae de saints bretons qui nous sont parvenues datent en effet des ixe et xe siècles ou ont été réécrites dans le contexte de la réforme grégorienne qui induit parfois les clercs à remodeler les documents hagiographiques, issus de traditions orales transmises aussi bien dans le vieux fond populaire que dans le milieu savant, dans leur intérêt (légitimation de la figure épiscopale, du bien-fondé d’une réforme d’une communauté monastique). Le développement du culte de ces saints se développe au Moyen Âge tardif lorsque plusieurs familles de l’aristocratie bretonne s’approprient les légendes hagiographiques en justifiant par des arguments généalogiques, de la protection particulière d’un saint ou de son adoption comme ancêtre de substitution dans leurs lignages.
Les historiens actuels éprouvent encore beaucoup de difficultés pour distinguer entre imaginaire et réalité. L’historicité des épisodes de la vie de ces saints reste ainsi souvent douteuse car ces épisodes se retrouvent dans l’hagiographie tels qu’ils apparaissent dans les coutumes ou dans le folklore. La structure même du récit des vitae se rencontre dans d’autres Vies de saints dont les auteurs reprennent généralement des « conventions littéraires d’un modèle biblique qui façonnait leurs modes de pensée et d’expression ».
En 2022, environ 170 saints bretons sont représentés, chacun par une statue, à la Vallée des Saints, en Carnoët.
Le 17 septembre, c’est la Saint Urfol
D’après la tradition, St Urfol serait né à Landouzan sur la commune du Drennec et aurait été formé à la vie religieuse au monastère d’Ack. Sa mère Rivanonne était la sœur de Saint Rivoaré, qui a donné son nom à la paroisse voisine, Lanrivoaré. Saint Urfold était l’oncle de Saint Hervé, honoré à Lanhouarneau. Il vécut en solitaire, au VIe siècle, dans cette forêt de Dunan (du breton Doun : profond), qui s’étendait de Saint Renan à Plouvien et qui fut décimé, entre autres, pour construire à Brest la flotte de Louis XIV.
C’était un personnage d’une rare sainteté, un ermite qui vivait à l’écart de la société et de sa famille dans une intention de pénitence et de contemplation. L’historien Albert Le Grand nous dit qu’après sa mort, son oratoire et son sépulcre furent au point qu’on ne pouvait plus discerner l’endroit exact où avait été inhumé le saint ermite.
Son neveu, Hervé, eut par révélation connaissance de la mort de Saint Urfold et se mit en route vers l’oratoire de son oncle. Il s’y prosterna pour prier et au cours de son oraison, le sol trembla si fort que tous ceux qui étaient avec lui furent jetés à terre ; la terre s’ouvrit et de cette ouverture sortit une odeur suave et odoriférante. Saint Hervé, ayant, par ce miracle, connu et trouvé le tombeau de son oncle l’accommoda de pierres et le lieu devint bientôt le cadre de miracles. C’est sûrement là l’origine du culte qui est encore rendu à notre saint.
On peut imaginer facilement que par le passé sont venus sur le site des personnages notoires de la région. Ne serait-ce que les hauts et puissants seigneurs de Coativy, dont le berceau familial se trouve à quelques kilomètres de l’oratoire. Plus tard, Dom Michel Le Nobletz pria certainement en ce lieu, quand il venait voir sa sœur Marie, dame de Kerbéoc’h, tout comme les martyrs de la révolution, originaires de Coatanéa, Claude et Marie Chapalain, victimes de la Terreur, sous Robespierre.
Chapelle de Saint Urfold
C’est un cadre magnifique, situé à un kilomètre au Nord-Ouest de Bourg Blanc (29), sur la route de Coat-Méal, qui abrite à la fois une fontaine et une chapelle, remarquablement rénovée sous la houlette de l’association des Amis de Saint Urfold
Elle daterait du XVe siècle (l’époque de Jeanne d’Arc) mais il est vraisemblable qu’elle contient partiellement des structures de chapelles antérieures. Elle renferme le tombeau de l’ermite, qui consiste en un sarcophage uni, sans inscription, mais ayant dans son intérieur une arcade allongée, par laquelle passent et repassent les pèlerins. Ce sarcophage élevé de terre de trois pieds, repose sur la pierre dont Saint Hervé avait recouvert jadis le tombeau de son oncle.
Cette chapelle, vendue à la Révolution, fut cédée en 1825 à la commune par un certain M. Guéna.
En 1841, la commune la donna à titre gratuit à la « fabrique » pour qu’elle soit à nouveau ouverte au culte. La chapelle n’avait qu’un autel et comportait les statues du Saint Patron, de Notre Dame des Douleurs et de Saint Jean l’Evangéliste.
Au cours des décennies qui suivirent, elle se dégrada progressivement et il fallut toute l’abnégation des Amis de Saint Urfold pour lui refaire une santé, en l’ornant en particulier de vitraux réussis qui relatent la vie de l’ermite.
A noter les multiples orthographes que l’on rencontre aussi bien dans les textes que sur les ex-voto de la chapelle : on peut citer, entre autres Urfot, Urfol, Urfoal et plus loin dans le temps Wulphroëdus.
Crédit photo : wikipedia (cc)
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Une réponse à “A la découverte des Saints Bretons. Le 17 septembre, c’est la Saint Urfol”
En passant sous le tombeau le pèlerin prie pour la guérison de son mal de dos.