À l’approche des élections locales en Angleterre, l’inquiétude monte au sein du Parti travailliste. Maurice Glasman, membre influent de la Chambre des Lords et figure atypique du Labour, tire la sonnette d’alarme : face à la montée en puissance du parti Reform UK de Nigel Farage, les travaillistes risquent tout simplement de « se faire éclater ».
Dans une interview accordée au très gauchiste Observer, Lord Glasman ne mâche pas ses mots : « Si le Labour ne change pas, c’est fini pour lui. » Selon lui, le parti au pouvoir, depuis sa victoire aux élections générales de juillet dernier, est totalement déconnecté de sa base traditionnelle ouvrière. « Le Labour doit redevenir un parti pro-travailleurs, attaché au patriotisme, et cesser de débiter des absurdités sur la diversité », affirme-t-il.
Pour Glasman, le problème est profond. La priorité donnée aux thématiques sociétales dites « woke » a éloigné l’électorat populaire. Le manque d’action contre l’immigration clandestine, la gestion calamiteuse de l’économie et l’obsession pour des sujets éloignés des préoccupations concrètes des Britanniques offrent un boulevard à Nigel Farage et à son parti, aujourd’hui crédités de scores impressionnants dans les sondages.
Un parti vidé de son sens
Même à l’extrême gauche du Labour, représentée par les héritiers de Jeremy Corbyn, Glasman ne voit aucune solution. « Ils ont eu le parti en main, ils l’ont gâché, et maintenant ils sont à la fois impuissants et inutiles », lâche-t-il. Leur incapacité à proposer une véritable critique du capitalisme contemporain laisse le terrain libre à la colère populaire.
Fondateur du courant Blue Labour, Maurice Glasman défend depuis des années un virage social et national du Labour : réindustrialisation du pays, régulation du libre-échange, contrôle strict de l’immigration au service des classes populaires. Une ligne cohérente, mais marginalisée par l’élite londonienne du parti.
Pour lui, la fracture est aussi culturelle : « On a vendu la mondialisation aux Britanniques comme un avenir radieux, où chacun devrait quitter sa ville natale pour vivre dans une métropole anonyme. Mais la vérité, c’est que les gens veulent rester proches de leur famille. Pas vivre à 500 kilomètres de leur mère », explique-t-il.
Un travailliste admiratif de Donald Trump
Dans une comparaison qui ferait bondir les élites de gauche, Glasman établit un parallèle entre Donald Trump et certaines figures historiques du Labour, comme Tony Benn. Comme l’ancien député travailliste, Donald Trump a dénoncé les ravages du libre-échange, les délocalisations massives, et l’affaiblissement des classes ouvrières occidentales.
En observant la politique commerciale de Trump, Maurice Glasman se réjouit : « C’est la fin de la mondialisation. Le libre-échange généralisé, c’est terminé. L’économie Deliveroo aussi. Il faut produire à nouveau. »
Selon lui, l’Europe doit tirer parti de cette situation : la volonté de Trump que les Européens assurent eux-mêmes leur défense pourrait être une opportunité pour la Grande-Bretagne de relancer son industrie, en particulier dans le secteur de l’armement.
Méprisé par son propre camp
Malgré l’évidence des faits, Glasman sait que ses positions iconoclastes lui valent l’hostilité d’une bonne partie de son camp. Il se souvient des attaques violentes qu’il a subies lorsqu’il a suggéré de geler l’immigration ou de tendre la main aux électeurs séduits par Tommy Robinson.
« J’ai été traité de raciste, de fasciste, d’impérialiste », raconte-t-il. « Ils m’ont crucifié en place publique, à coups de tomates pourries. Je n’ai pas oublié. »
Et d’ajouter, acerbe : « Personne n’est plus sectaire que ceux qui se réclament de l’inclusivité. Personne n’est plus cruel que ceux qui prêchent la gentillesse. Personne n’est plus haineux que ceux qui se réclament de la politique douce. »
À l’heure où Nigel Farage mobilise les classes populaires abandonnées par la gauche traditionnelle, Maurice Glasman avertit : si le Labour ne revient pas aux fondamentaux — la défense du travail, de la nation, des familles —, il court à la catastrophe électorale.
Face à un électorat lassé de la moralisation, des incantations sociétales et de l’impuissance économique, les prochaines élections locales pourraient bien être le premier coup de semonce. Un rappel brutal que les ouvriers ne veulent pas de slogans, mais des actes.
Illustration : DR
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5 réponses à “Royaume-Uni. Un député travailliste avertit : « Le Labour va se faire écraser par Farage »”
Ce maurice ferait mieux de quitter ce parti des travaillistes .un parti de couillon pour rejoindre celui de Farge
j’aimerais que les nationalistes en france fassent le meme score que farage (je ne parle pas de lepen )
ouf ,l’espoir revient
J’espère que le score de Nigel Farage, va sonner comme un coup de tonnerre, et mettre les gauchistes KO.
Un Travailliste chez les Lords? Curieux!!! Je les savais affairistes, bien informés…travailleurs mais pas Travaillistes.