Une campagne d’intimidation bien organisée
Le quartier d’Altona Drive, présenté à l’origine comme un programme de logements mixtes par l’association Choice Housing, est devenu le théâtre d’une campagne de marquage territorial orchestrée selon plusieurs sources locales par des membres de l’UDA (Ulster Defence Association), un groupe paramilitaire loyaliste aujourd’hui surtout connu dans son implication sur le trafic de drogue local.
Ces dernières semaines, des drapeaux britanniques ont été installés sur les lampadaires malgré l’opposition d’une majorité de résidents. Des tracts anonymes ont été distribués, avertissant que le lotissement était désormais considéré comme une zone protestante. Certains habitants ont même reçu des lettres de menace affirmant que leur maison serait incendiée s’ils osaient retirer les drapeaux.
Un homme aurait déclaré avoir été directement averti : « Si quelqu’un enlève un drapeau, sa maison sera brûlée. »
Une réponse jugée insuffisante
Selon plusieurs témoignages, les auteurs de ces actes ne résident pas à Altona Drive, mais viendraient d’autres quartiers. Le nom de Jackie McDonald, commandant de l’UDA pour le sud de Belfast, est mentionné comme étant en position de mettre fin à ces agissements — ce qu’il n’aurait pas fait jusqu’à présent. « Si McDonald le voulait, tout cela pourrait s’arrêter dès demain », déclare un résident. « Mais les responsables viennent de l’extérieur, et les habitants ici veulent juste vivre en paix. »
La déception est grande chez de nombreux habitants vis-à-vis de la réaction des autorités. La police a bien procédé à une arrestation — un homme dans la trentaine, relâché depuis sous caution —, mais peu de progrès semblent avoir été faits. Une enquête est en cours sur les menaces écrites et sur l’installation des drapeaux.
Du côté de Choice Housing Association, on se défend de tout laxisme. Dans un communiqué, l’organisme rappelle qu’Altona est un projet de 16 millions de livres destiné à accueillir des foyers de toutes origines, avec des logements adaptés aux personnes âgées ou en situation de handicap. Il affirme que la sécurité des résidents est une priorité et invite toute personne inquiète à contacter la police.
Pour de nombreux habitants, les promesses initiales semblent aujourd’hui trahies. « Ce n’est pas ce qu’on nous avait vendu », déclare une résidente. « On nous avait promis un quartier paisible, sans symboles communautaires. Aujourd’hui, ni l’association ni la police ne prennent leurs responsabilités. »
Cette affaire illustre une fois de plus la persistance des tensions communautaires en Irlande du Nord, où le poids du passé continue de hanter certains territoires. À Lisburn, le climat de suspicion et de peur s’installe dans ce qui devait être un modèle de cohabitation pacifique.
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