Alors que le poisson reste un aliment sous-consommé par les enfants en France comme ailleurs, une étude britannique récente remet en lumière son rôle fondamental dans le développement cérébral, émotionnel et social de l’enfant. Des bienfaits qui vont bien au-delà de la simple alimentation.
Un allié du cerveau et du comportement social
Les chercheurs de l’université de Bristol ont analysé les données de près de 6 000 enfants, en croisant leur consommation de poisson avec des indicateurs de développement social et cognitif. Le résultat est sans appel : une faible consommation de poisson à l’âge de 7 ans augmente de 35 % le risque de comportements sociaux jugés « sous-optimaux » (manque d’empathie, d’entraide, de partage). À 9 ans, ce risque grimpe à 45 %.
Ces traits — qui apparaissent dès 1 ou 2 ans — sont essentiels pour le bon fonctionnement d’une société solidaire. Pour les chercheurs, les nutriments contenus dans le poisson, notamment les acides gras oméga-3 (DHA et EPA), favorisent le bon développement des zones cérébrales impliquées dans ces comportements.
Oméga-3 : les gardiens de la santé mentale et physique
Les oméga-3 présents dans les poissons gras (saumon, maquereau, sardine…) ne sont pas seulement bénéfiques pour la mémoire ou la concentration. Le docteur David Berger, pédiatre américain, souligne qu’ils peuvent atténuer les inflammations neurologiques, impliquées dans des troubles comme l’autisme ou le TDAH, mais aussi dans l’asthme ou l’eczéma.
Le poisson est également une source précieuse d’autres nutriments essentiels : iode, sélénium, vitamine D, choline (impliquée dans la mémoire), et protéines de qualité.
Un rôle possible dans la prévention des maladies
Plusieurs travaux antérieurs suggèrent que l’introduction précoce du poisson dans l’alimentation d’un enfant pourrait réduire les risques d’allergies (eczéma, asthme, rhinites), notamment lorsqu’il est introduit avant 9 mois.
D’autres études, bien que plus anciennes, associent une consommation fréquente de poisson à une meilleure performance intellectuelle. Des enfants mangeant du poisson trois fois par semaine avaient un QI supérieur à ceux consommant principalement du bœuf ou du poulet.
Enfin, le poisson pourrait aussi jouer un rôle protecteur contre certaines maladies intestinales, comme la maladie de Crohn, en réduisant l’inflammation via un meilleur équilibre entre oméga-3 et oméga-6.
Des risques maîtrisables
Malgré ses nombreux bienfaits, le poisson n’est pas sans risque, surtout pour les enfants. Le principal danger est la contamination par le mercure, un métal pouvant altérer les capacités cognitives et sensorielles en cas d’exposition excessive. Heureusement, les autorités sanitaires — comme l’EPA américaine — publient régulièrement des listes de poissons à consommer en toute sécurité : cabillaud, saumon sauvage, flétan, thon blanc en conserve, etc.
Autres risques à surveiller : les polluants organiques persistants (comme les dioxines et les PCB), stockés dans la graisse du poisson, et les toxines d’origine algale présentes dans certains coquillages, responsables d’intoxications parfois graves. Le poisson cru (sushi, sashimi) reste également à éviter chez les jeunes enfants.
Manger du poisson, oui, mais bien choisi
Pour tirer tous les bénéfices du poisson, sans en subir les inconvénients, il convient de respecter quelques règles simples :
- Deux portions par semaine, dont une de poisson gras
- Éviter les espèces à forte teneur en mercure (espadon, requin, thon rouge)
- Privilégier les produits sauvages, bien cuits, et issus de sources sûres
- Introduire le poisson dès le plus jeune âge (après 6 mois), avec l’accord du pédiatre
Trop souvent, le poisson est perçu comme difficile à préparer, à faire accepter ou trop cher. Pourtant, ses apports nutritionnels sont incomparables. Pour les chercheurs britanniques, il s’agit moins d’un luxe que d’un investissement dans le développement optimal des enfants — social, émotionnel, intellectuel.
Alors que l’on s’inquiète du repli relationnel de nombreuses jeunes générations, favoriser la consommation de poisson dès l’enfance pourrait bien être une manière simple et naturelle d’encourager l’empathie, la coopération, et la capacité à vivre ensemble. En somme, une diététique du lien social.
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