Lors de son passage sur TF1 mardi soir, Emmanuel Macron a confirmé vouloir recourir à plusieurs référendums « dans les mois qui viennent » pour débloquer des sujets enlisés à l’Assemblée nationale tripartite. Mais le chef de l’État a aussitôt exclu deux thèmes brûlants : la réforme des retraites – toujours honnie dans l’opinion – et l’immigration, malgré la demande explicite de son propre ministre de l’Intérieur et alors que les Français ne sont absolument jamais consulté au sujet de la déferlante migratoire en cours, qui change petit à petit la composition du pays.
Darmanin (et Retailleau) pris à contre‑pied
Dans Le Journal du Dimanche, Gérald Darmanin avait pourtant estimé qu’une consultation sur l’accueil massif de migrants constituerait une « clarification démocratique indispensable ». Même tonalité chez Bruno Retailleau : « Depuis un demi‑siècle, rien n’a bouleversé notre société autant que l’immigration ; il est légitime de demander aux Français s’ils veulent toujours de ce modèle. » Las : pour Emmanuel Macron, la question n’entre pas « dans le champ » de l’article 11 de la Constitution, lequel autorise un référendum sur la “politique économique ou sociale de la Nation”.
Les partisans du scrutin rappellent pourtant qu’une simple révision constitutionnelle – certes adoptée aux trois‑cinquièmes du Parlement réuni en Congrès – suffirait à lever l’ambiguïté. Une perspective que l’Élysée ne semble pas vouloir explorer, préférant maintenir le statu quo.
Pour rappel ; 7 millions d’immigrés vivaient en France en 2021, soit 10 % de la population (hors deuxième et troisième générations ce qui porte le chiffre nettement plus haut.
Dans ce contexte, 71 % des Français se disent favorables à l’organisation d’un référendum sur l’immigration, selon l’institut Odoxa‑Backbone (mai 2025). Mais plus de la moitié pensent déjà que le président n’en proposera jamais.
Le Rassemblement national monte la pression
Jordan Bardella, président du RN et tête de liste aux Européennes, voit dans la consultation populaire « la forme la plus saine de la démocratie ». Selon lui, l’immigration est devenue « un phénomène de submersion qui modifie nos mœurs, notre identité ». Marine Le Pen rappelle, de son côté, qu’elle réclame ce vote depuis 2011 : « Si les Français disent oui, le débat sera clos ; s’ils disent non, il faudra en tirer toutes les conséquences législatives et constitutionnelles. »
L’hésitation de l’exécutif s’explique aussi par le précédent de 2005 : consultés sur le Traité constitutionnel européen, les électeurs avaient voté « non » à 54,7 %. Trois ans plus tard, le traité de Lisbonne reprenait l’essentiel du texte, sans nouveau vote. Résultat : une défiance durable envers la classe politique et un scepticisme prononcé envers les référendums, perçus comme des cache‑misère.
Quelles issues ?
- Maintien du refus présidentiel
- Risque : cristalliser la colère et nourrir le vote protestataire, notamment dans la perspective des Européennes de juin 2025.
- Révision constitutionnelle décidée par le Parlement
- Faible probabilité, faute de majorité claire ; mais l’exécutif pourrait y voir un moyen de partager la responsabilité tout en recadrant le débat.
- Stratégie des “petits référendums” sur des sujets périphériques (fin de vie, logement, ou lutte contre l’absentéisme scolaire) pour donner l’illusion de la participation citoyenne sans toucher au nerf de la guerre migratoire.
En refusant d’interroger le peuple sur l’un des dossiers les plus explosifs de ces vingt dernières années, Emmanuel Macron prend le risque de voir la question de l’immigration se régler dans la rue ou dans les urnes, mais sans lui. Tandis que la droite classique oscille entre malaise et soutien feutré, et qu’une partie de la gauche redoute un “plébiscite xénophobe”, le président cherche manifestement à gagner du temps.
Reste que chaque jour qui passe rapproche la France d’une décision qu’elle n’a jamais prise collectivement : quelle politique migratoire voulons‑nous ? Les autochtones veulent-ils à terme disparaitre ethniquement ou se retrouver en minorité sur leurs propres terres ? En évitant le face‑à‑face avec la souveraineté populaire, le locataire de l’Élysée pourrait bien nourrir le sentiment, déjà massif, d’un dévoiement démocratique.
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Une réponse à “Macron ferme la porte à un référendum sur l’immigration : la fracture démocratique s’agrandit”
Quelle blague ces projets de référendums ! Or, Florian PHILLIPOT vient de poster sur You Tube : « Macron sur TF1 : il s’effondre en direct » et en voici le lien à partager : »!https://www.youtube.com/watch?v=aBPucg0betM » ; quant à moi, vu sur la dernière émission de TV Libertés sur le traité de Lisbonne déjà évoquée sur l’article sur Mélenchon, je pense que le référendum sur la sortie du traité de Lisbonne puis si oui vers le Frexit sera pertinent ; mais censure de Bayrou, destitution de ce mec toxique devient vraiment urgent.