Gilles Richard, professeur émérite d’histoire contemporaine à l’université Rennes-2, estime que « LR est, et restera, un parti faible ». Il ne croit pas à une union entre droite et extrême droite. Pour lui, ce n’est pas possible et il explique pourquoi : « Eric Ciotti s’est allié au RN pour des raisons personnelles liées à son mandat de député des Alpes-Maritimes, qu’il entend conserver. Que le RN absorbe à terme Reconquête, ce parti en piteux état, c’est possible. Mais une alliance entre LR et le RN me paraît, à ce jour, et tant que la maison Le Pen tient le parti frontiste, peu probable. La stratégie lepéniste reste orientée vers les classes populaires, ce qui n’est absolument pas celle de Wauquiez ou de Retailleau. Ils ne sont pas du tout dans la logique “sociale“ de Marine Le Pen. Si Jordan Bardella devait devenir le véritable numéro un du parti, cela reste à voir. » (Le Nouvel Obs, 15 mai 2025).
On peut ajouter que les électeurs LR et les électeurs RN n’appartiennent pas aux mêmes classes sociales, ce qui fait qu’ils n’ont pas les mêmes intérêts. Les premiers défendent le libéralisme économique, tandis que les seconds réclament la protection de l’État. A coup sûr, aux prochaines élections municipales, à Rennes – et à Nantes – le RN présentera une liste, tandis que les “militants“ de LR figureront sur la liste du “socle commun“ (Horizons, Renaissance, MoDem, LR). Chacun à sa place !
B.M.
Illustration : DR
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4 réponses à “RN/LR. Le mariage de la carpe et du lapin”
Il ne peut y avoir d’union raisonnable des droites car si certaines affirmations les rapproches, d’autres les éloignent. Toutefois une « stratégie de gouvernance » peut les rassembler sous ce label.
La base de cette analyse est fausse, la moitié des gens qui votent RN depuis déjà longtemps sont d’anciens électeurs de Chirac et Sarkozy, pas des cas-sociaux comme on l’entend dire trop souvent, que LR s’affirme dans la lutte contre l’immigration et ils retrouveront leurs électeurs, mais nous disons bien : fin de l’immigration, remigration préférence nationale absolue et tolérance 0 pour ceux qui restent afin de s’intégrer
Vous allez trop vite en besogne en écrivant que « les électeurs LR et les électeurs RN n’appartiennent pas aux mêmes classes sociales ». Vous sous-entendez que le vote des citoyens serait déterminé par leur appartenance à une classe sociale, fût-elle imaginaire. C’est devenu vrai pendant quelques décennies du 20e siècle, à la suite d’un énorme travail idéologique accompli par une gauche sous influence marxiste, travail facilité par la disparition subite de la plupart des autres courants politiques en 1944. Il n’en a pas toujours été ainsi. Tout au long du 19e siècle, en Bretagne, la division politique principale a séparé les Bleus des Blancs.
De nos jours, et je crois que tel est l’avis du professeur Richard, la distinction entre nationalistes et internationalistes prend de l’importance. Le RN est attaché à la « protection de l’Etat », dites-vous, mais il condamne ceux qui en abusent et défend aussi la valeur travail. Et le vote d’extrême-gauche est largement un vote « bourgeois ». Il faut donc se garder de plaquer des catégories d’autrefois sur la vie politique d’aujourd’hui.
L’électorat RN est composé:
-des anciens électeurs du Front national, socle Jean-Marie Le Pen, libéraux économiquement, anti gaullistes suite à l’abandon de l’Algérie française. Typiquement région PACA
-d’anciens communistes débauchés par Philippot, électorat grand perdant de la mondialisation, typiquement régions ouvrières type Nord Pas de Calais.
Pas vraiment d’anciens LR. C’est plutôt Sarkozy qui a chassé sur les terres du FN avec succès (jusqu’à ce qu’on se rende compte que c’était du vent).