Créé en 2016 à l’initiative du département du Finistère pour mutualiser la gestion de trois musées labellisés « Musées de France » — le musée de l’ancienne abbaye de Landévennec, l’Écomusée des Monts d’Arrée, et le musée de l’école rurale en Bretagne — le Groupement d’intérêt public (GIP) « Musées de territoires finistériens » a officiellement acté sa dissolution en novembre 2024. Un rapport sévère de la Chambre régionale des comptes, publié en 2025, en explique les raisons.
Une structure mal calibrée dès l’origine
À l’origine, la création du GIP devait soulager les associations gestionnaires de la lourdeur administrative afin de se concentrer sur l’action culturelle. Mais le cadre juridique retenu — un GIP de droit privé — s’est rapidement révélé inadapté à une activité largement financée par des fonds publics. Résultat : un non-respect du droit public, notamment l’absence de comptable public et l’application injustifiée du droit du travail aux agents, malgré l’absence d’activité commerciale prépondérante.
Le rapport pointe une structuration administrative inachevée et une gouvernance peu efficace, avec des instances peu assidues et parfois hors cadre légal. Financièrement, le GIP a été constamment sous perfusion départementale, le coût réel de fonctionnement ayant été sous-estimé dès la création. Des erreurs lourdes, comme l’oubli de la taxe sur les salaires ou l’absence d’anticipation sur les départs à la retraite, ont creusé le déficit de fonctionnement.
Une fréquentation disparate selon les sites
Parmi les trois musées, seul celui de Landévennec a vu sa fréquentation dépasser les niveaux pré-Covid. L’Écomusée a souffert de fermetures pour travaux et le musée de l’école rurale reste à la traîne, plombé notamment par l’absence de direction stable. Plus globalement, le modèle des « petits musées de territoire » semble en bout de course, comme le note le département lui-même dans sa réponse au rapport.
Le GIP ayant démontré ses limites, le département a opté pour une reprise de l’activité par l’Établissement public de coopération culturelle (EPCC) Chemins du patrimoine en Finistère. Une structure mieux dotée, juridiquement plus adaptée, et déjà impliquée dans la gestion patrimoniale locale. Cette fusion, suggérée dès 2019 par la Chambre régionale des comptes, devrait entrer en vigueur courant 2025.
Si cette évolution pourrait stabiliser la gestion muséale en Finistère, le rapport souligne la nécessité d’une meilleure concertation en amont et d’un pilotage renforcé. Le patrimoine local mérite mieux qu’un bricolage administratif : il exige une gouvernance claire, des moyens adaptés, et une stratégie cohérente pour faire vivre la culture bretonne au plus près des territoires.
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