« Aide à mourir » : adoption controversée à l’Assemblée, 19 députés RN votent pour l’euthanasie

En première lecture, l’Assemblée nationale a adopté mardi la loi instituant un « droit à l’aide à mourir ». Une vingtaine de députés RN ont soutenu cette rupture anthropologique majeure, s’attirant de vives critiques de leur électorat.

C’est un basculement historique qui s’est opéré mardi 27 mai 2025 à l’Assemblée nationale. Par 305 voix contre 199, les députés ont voté en première lecture la proposition de loi portée par Olivier Falorni (Modem) instituant un droit à l’aide à mourir en France c’est à dire l’euthanasie. Pour ses promoteurs, il s’agit d’un « moment démocratique historique » ; pour ses détracteurs, d’un reniement de l’éthique médicale et d’une dérive civilisationnelle. Mais un fait politique fait particulièrement débat à droite : 19 députés du Rassemblement national ont voté en faveur de ce texte, trahissant selon de nombreux électeurs les valeurs conservatrices et le respect de la vie humaine qui fondent leur engagement.

Un texte précis aux implications profondes

Le projet de loi, examiné pendant deux semaines, définit un cadre juridique strict permettant à une personne majeure, française ou résidant en France, atteinte d’une affection « grave et incurable », d’obtenir l’autorisation de recourir à une substance létale. La souffrance doit être « physique ou psychologique constante, réfractaire aux traitements ou insupportable ». La demande devra être confirmée après un délai de réflexion et évaluée par une équipe médicale composée d’au moins deux médecins et d’un soignant. En dernier ressort, c’est le malade lui-même qui procédera à l’administration du produit, sauf impossibilité attestée.

Le texte introduit par ailleurs un délit d’entrave à l’aide à mourir, passible de deux ans de prison et 30 000 euros d’amende, sur le modèle du délit d’entrave à l’IVG. Une clause de conscience est néanmoins prévue pour les soignants. On imagine déjà les dérives que cela entrainera (poursuites contre des proches déconseillant l’euthanasie ?). Il suffit de voir comment en deux décennies, sur d’autres sujets, la gauche et l’extrême gauche ont réussi à faire passer le PACS, puis le Mariage pour tous, puis la PMA et la GPA, en aboutissant au final à la pénalisation de toute contestation des actions du lobby LGBT en France. Ils ne s’arrêtent jamais et vont toujours plus loin.

Vers un modèle français de la mort assistée ?

La ministre de la Santé, Catherine Vautrin, a évoqué un « modèle français de fin de vie », strict et encadré. Emmanuel Macron, depuis l’étranger, a salué une « étape importante », tout en laissant planer la possibilité d’un référendum en cas d’obstruction au Sénat, attendu pour l’automne.

Mais dans un contexte de dégradation de l’accès aux soins palliatifs – près d’un malade sur deux ne peut y accéder en France – de nombreuses voix médicales s’élèvent. La Société française d’accompagnement et de soins palliatifs (SFAP) alerte sur une « nouvelle norme du mourir », estimant que cette loi, loin de répondre à des situations exceptionnelles, change la nature même de la médecine. La Conférence des évêques de France, ainsi que plusieurs représentants religieux, ont quant à eux dénoncé une atteinte au pacte social et à l’interdit fondamental de donner la mort.

Une fracture à droite… et au sein du RN

Le vote a mis en évidence des lignes de fracture au sein des partis. À gauche, la quasi-totalité des élus ont voté pour. À droite, la majorité des Républicains et du RN s’y sont opposés. Mais 19 députés du Rassemblement national ont voté en faveur du texte, provoquant la consternation chez nombre de leurs sympathisants. Plusieurs figures du mouvement, comme Christophe Bentz, ont dénoncé une mesure de désespoir qui trahit la vocation de la médecine à soulager et non à supprimer.

Philippe Juvin (LR) a prononcé un discours particulièrement virulent, estimant que « ce texte pousse des personnes vulnérables vers la sortie ». Il a dénoncé une société « faite par des gens bien portants terrorisés par la dépendance », pointant les failles du projet législatif en matière de discernement réel des patients.

Le vote du RN, souvent présenté comme défenseur des valeurs anthropologiques traditionnelles, a donc étonné. Sur les réseaux sociaux et dans les courriers de lecteurs, certains électeurs dénoncent déjà une trahison politique : « On ne vote pas RN pour avoir l’euthanasie en France », résume un message largement partagé. Cette fracture pourrait laisser des traces à l’approche des prochaines échéances électorales.

Adopté en première lecture, le texte va désormais être examiné par le Sénat, à majorité conservatrice. De nombreux sénateurs, mais aussi des associations de soignants et de défense de la vie, annoncent vouloir batailler pour modifier substantiellement le projet ou le faire rejeter. En parallèle, la loi sur les soins palliatifs, adoptée à l’unanimité, prévoit la création d’un droit opposable à ces soins, avec la possibilité pour les patients d’engager un recours devant la justice en cas de carence.

Si la loi sur l’aide à mourir venait à être définitivement adoptée (elle pourrait l’être par référendum), la France rejoindrait un club restreint de pays – Belgique, Pays-Bas, Canada – ayant légalisé l’euthanasie ou le suicide assisté. Avec les mêmes dérives à la clé ? C’est la crainte, partagée bien au-delà des seuls rangs conservateurs.

Crédit photo : DR

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12 réponses à “« Aide à mourir » : adoption controversée à l’Assemblée, 19 députés RN votent pour l’euthanasie”

  1. Pschitt dit :

    Selon vous, les députés RN qui ont voté pour la proposition de loi sur l’aide à mourir s’attirent « de vives critiques de leur électorat ». En êtes-vous bien sûrs ? En mai 2024, un sondage Ifop a révélé que 96 % des sympathisants du RN étaient favorables au droit à l’euthanasie (un point de plus par rapport à 2023). Je crois surtout qu’un petit clan cherche à parler au nom des électeurs, au risque de s’engager dans une voie sans issue électorale.
    Quant à parler de « rupture anthropologique », on en a dit autant quand la loi sur l’IVG a été adoptée en 1975. De telles lois ont une incidence sur la société (et réciproquement), bien sûr, mais on ne peut pas dire qu’elles changent la nature même de l’humanité. En revanche, il est clair qu’elles révèlent une rupture massive entre la société contemporaine et certaines valeurs de l’Eglise catholique. Il n’est pas donc pas anormal que celle-ci éprouve un certain sentiment de fin du monde.

  2. Fredoooooo dit :

    C’est clair on ne vote pas RN pour avoir l’euthanasie en France ! On saura s’en souvenir en proposant des candidats clean dans chacune des circonscriptions de ces 19 traîtres.

  3. Jean Joseph dit :

    Dix neuf députés rn ont voté pour dont Chenu . Je ne voterai plus jamais pour ce parti.

  4. Barthe dit :

    Bonjour, je pense que c’était à tous les Français de se prononcer sur le sujet et pas une assemblée qui ne représente plus rien. Pendant que l’on parle de ce sujet qui mérite une attention particulière, on oublie la sécurité des Français, les dérapages financiers, le drame de l’éducation nationale, etc…

  5. Brun dit :

    Hnte à ces traîtres. J’espère que leurs électeurs s’en souviendront. Mais si M. Le Pen avait vraiment le courage, elle devrait les exclure immédiatement.

  6. MICHEL LEVEQUE dit :

    restriction des libertés ,euthanasie ,bellicisme ,la France de macron nous rappelle une bien sombre histoire .

  7. P.G. dit :

    Cette loi inique et criminelle n’est en réalité qu’une manoeuvre sournoise des politicards afin de récupérer les milliards provenant du raccourcissement des vies humaines : taxes d’héritage, dépenses de santé, retraites, etc… A qui profite le crime ? Aux caisses de l’état pour un partage entre les politiques et les financiers, larbins du « système », et au fabricant du vaccin létal qui a déjà engrangé des milliards avec la pandémie du Covid !

  8. Patrick dit :

    La société se déshumanise quand elle touche aux plus fragiles.
    Tout pour la vie !

  9. Thibault Mortier dit :

    @Pschitt : méfiez-vous des sondages, il est très facile d’orienter les questions pour obtenir les réponses que l’on souhaite, surtout sur des sujets un peu techniques. Beaucoup de personnes, par exemple, confondent le refus de l’acharnement thérapeutique (que je soutiens) avec l’euthanasie (que je rejette).

    Il est cependant exact qu’une partie du RN est de culture catholique (malgré les injonctions constantes de l’épiscopat français à voter comme des castors), et il est donc normal, comme vous le relevez, que de nombreux adhérents de ce parti soient choqués par cette loi, qui n’a aucune nécessité actuelle, mais est le résultat du lobbying d’associations maçonniques, et euthanasistes comme l’ADMD à laquelle appartient Falorni (l’euthanasie est également rejetée par les musulmans et les juifs).

    Il reste que l’euthanasie, comme l’avortement, sont bien des « ruptures anthropologiques », c’est à dire un changement radical dans les structures fondamentales de la société, même si la société française s’est habituée à ce scandale (elle ne réagit plus à rien, d’ailleurs, tellement il y en a). Tuer délibérément un être humain, qu’il s’agisse d’un embryon ou d’un vieillard, dans notre société, a toujours été considéré comme un crime, de manière trans-religieuse : il n’y a pas besoin d’être catholique, juif ou musulman pour penser cela. La loi Veil, portée par une personne issue d’une communauté étrangère ce qui est d’autant plus choquant, demeure une transgression sanglante. De même cette future loi, qui va jusqu’à pénaliser l’incitation à la vie, et veut appeler « mort naturelle » une injection de substance mortelle.

    Notre société devient un objet économique, chaque jour plus proche d’un élevage animal. Les hommes veulent baiser sans contrainte ? Il suffit de tuer leurs embryons. Les vieux coûtent plus qu’ils ne rapportent ? Il suffit de les piquer pour leur offrir, comme disait Hitler, une « mort miséricordieuse ». On sait où ça mène.

  10. Myriam dit :

    Les mutuelles surtout étaient derrière les députés également pour que cette loi passe

  11. Riou dit :

    Et bien j espère que bruno Retailleau récupérera les électeurs déçus par le RN ! Ce parti était déjà très mou sur la manif pour tous ! Les faits et évolution de société ne les intéressent pas ! Dommage

  12. Poulbot dit :

    Visiblement beaucoup ici préfère voir mourir dans la souffrance ,des personnes atteinte de maladies incurables dont pour beaucoup non aucuns traitement a l’heure actuel du fait que ce sont des maladies génétiques, comme par exemple la maladie de l’homme de pierre qui même inéluctablement a la mort par étouffement du malade par sont propre corps (cf Wiki) dans des souffrance indescriptibles ; qui sortent si vous voulez vous donner la mort allez le faire en Suisse ou en Belgique mais pas en France . C’est personnes je les appels des Hypocrites car cela n’empêchera pas ces malades de ce donner la mort mais dans le secret, dans le non dit , par un suicide sans témoins ou avec témoins si il elle ce jette par la fenêtre ou sous un train, avec des séquelles importantes si il elle ce loupe en plus de la maladie.
    Mettant des familles dans un deuil indéfinissable alors que si il y avait un accompagnement médical , psychologique du malade , de la famille , dans un lieu serein , cette fin de vie VOULU par le malade , mise en oeuvre par lui même et non par la famille serait « acceptable » car il est toujours dur de voir partir un être chère.
    Le droit de mettre fin volontairement a sa PROPRE vie est le dernier droit que nous restes, tout les autres ont été légiférer a tel point , que faire un pas de travers peux nous valoir des problèmes.

    On ne nous demande pas notre avis pour nous mettre au monde , on arrive un jour après 8 a 9 mois de grossesse , au départ on subie plus que nous contrôlons notre vie par la suite , laissez nous au moins le choix de la façon dont nous voulons quitter la vie en toute dignité.

    Mise au point: je suis chrétien , baptisé , non pratiquant , je considère que la charité c’est aider sont prochains de quelques façons que ce soit a vivre dans ce monde mais également l’aider a partir en toute sérénité au moment ou il elle le décidera, c’est pour cela que je refuse l’acharnement thérapeutique sur ma personne en cas de maladie invalidante ou qui mènerait a une mort faite de souffrance.
    La mort fait parti de la vie , il faut savoir l’accepter.

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