Anne-Georges-Augustin de Monti, rattaché fictivement à la Vendée plutôt qu’à sa Bretagne historique par le Puy du Fou ?

Un spectacle au Puy du Fou relate depuis 2018, l’épopée de La Pérouse, de ses compagnons et de leur fin tragique. On ne peut que saluer l’initiative de mettre en lumière cette aventure exceptionnelle débutée en 1785 et terminée tragiquement trois ans plus tard.

Malheureusement, à cette occasion, l’histoire d’un des participants, Anne-Georges-Augustin de Monti a été modifiée pour le rattacher fictivement à la Vendée et à un château devenu, en 1841, propriété d’un descendant collatéral des de Monti. On peut lire ainsi sur un site dédié au Puy du Fou : « Le château du Fief-Milon (près du Puy du Fou), berceau du second de La Pérouse ».

Cette contrevérité a été par la suite largement relayée dans la presse dont Breizh-info qui s’en excuse.

Un marin breton lié à Bouée (Bretagne)

Il est nécessaire de rappeler que ce marin d’exception étaient en réalité établi à Bouée en Bretagne*.

Son frère Louis-Claude-René de Monti, était seigneur du château de la Cour de Bouée ; il gérait les intérêts de son cadet parti sur les mers du monde. Ses biens meubles étaient au château, sous la protection de son frère Louis-Claude-René de Monti, seigneur de la Cour de Bouée. A la Révolution sa famille fit en sorte qu’ils soient préservés et non saisis comme biens d’émigré.

Ce marin était rattaché à Bouée du point de vue légal et fiscal, mais il a rarement posé son sac à terre.

Anne-Georges-Augustin de Monti est né à Nantes ; où il fut baptisé le 21 septembre 1753. Il faisait partie de la famille des de Monti, originaire de Toscane en Italie et arrivée en France au XVIème siècle. A partir de 17 ans et des études à Brest dans la compagnie des Gardes-Marines, le chevalier de Monti ne cessa de naviguer ; jusqu’au voyage autour du monde comme lieutenant de La Pérouse.

Les équipages de La boussole et de l’Astrolabe, entièrement composés de bretons

Le comte d’Hector, commandant de la marine royale, prit la décision de répartir sur les deux bateaux de l’expédition La Pérouse, des équipages exclusivement bretons.

Le comte écrivit au ministre de la marine royale, le duc de Castries :
« Les bretons sont ceux les plus propres à faire des campagnes de ce genre ; leur force, leur caractère et le peu de calcul qu’ils ont sur l’avenir, doivent leur faire donner la préférence ; aussi les bâtiments en auront-ils leur équipage entièrement composé »
Le duc de Castries lui répondit :

« Il est convenable de préférer les bretons qui par leur constitution et leur insouciance, sont très propres à naviguer longtemps ».

En réalité, si Anne-Georges-Augustin avait été vendéen, il n’aurait pas pu participer à l’expédition !

Anne-Georges-Augustin de Monti n’a jamais eu de lien avec la Vendée. Désireux de s’établir, le chevalier avait confié à son frère le soin d’acheter pour lui le château et la terre de la Cholière, dans la paroisse d’Orvault. Anne-Georges-Augustin de Monti, n’avait donc aucunement l’intention de s’installer en Vendée !

En 1811, Louis-Claude-René de Monti hérita des biens de son frère par ordonnance du tribunal de Nantes.

Le château du Fief-Milon, qui sert de référence au spectacle du Puy du Fou, n’est devenu propriété d’un de Monti que plus tard, en 1841, par mariage.

Parler de « berceau familial » pour ce château est abusif, Anne-Georges-Augustin de Monti n’a jamais eu de lien avec la Vendée et encore moins avec le château du Fief-Milon. Quand il est affirmé que les propriétaires du château vendéen sont la « nouvelle génération héritière de la famille » c’est faux. Ils n’ont aucun droit de s’attribuer ce titre exclusif. Des héritiers des de Monti, il y en a bien d’autres ailleurs qu’en Vendée.

Malheureusement à cause de cette mystification historique, on peut lire dans la presse : « Ce vendéen, fidèle compagnon et ami de Lapérouse, a été l’une des motivations de la réalisation du spectacle grandiose créé au Puy du Fou «Le Mystère de Lapérouse» (La Dépêche, 28 août 2018).

C’est le comble : Notre chevalier de Bouée est devenu vendéen ; et ce n’est qu’un exemple.

Les propriétés des de Monti étaient toutes en Bretagne ou presque. (Liste Wikipedia)
Bellevue, Bogat, la Cour de Bouée, Sainte-Luce-sur-Loire, Friguel, Lormière, Rezé, Rivière, Launay, les Pallets, la Giraudais, Bréafort, Boisgeffray, la Chalonnière (Vendée).
Château de la Touche (Nozay)
Château de la Lanfrière (Montjean en Mayenne)
Château de Lesnerac (La Baule-Escoublac)
Château du Fief-Milon (Le Boupère)
Château de la Bretonnière (Vigneux-de-Bretagne)
Château de Montreuil (Nort-sur-Erdre)
Château de Rezé (Rezé)
Manoir de Praud (Rezé)
Château de Saint-Mars-de-Coutais (Saint-Mars-de-Coutais)
Hôtel de Monti de Rezé (Nantes)

*En 1785, la Loire Atlantique actuelle, et donc Bouée, faisait évidemment partie intégrante de la Bretagne.

Beaucoup d’informations sont issues d’un article de 1893, complet et très bien documenté « Un Monti compagnon de La Pérouse » de l’historien Charles Courteaud, curé d’Adilly. Document que m’avait transmis Bernard David. Merci à Charles-Edouard de Monti de Rezé, descendant des de Monti, qui m’a avisé de la manipulation historique.

Alain Monnié

http://cdfbouee.com

Crédit photo : DR

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8 réponses à “Anne-Georges-Augustin de Monti, rattaché fictivement à la Vendée plutôt qu’à sa Bretagne historique par le Puy du Fou ?”

  1. An dit :

    Il serait temps pour beaucoup de comprendre que le Puy du Fou n’est qu’un parc d’attractions et un instrument de folklorisation, par là même, certainement pas d’émancipation.
    Voir des Vendéens fiers de brandir le drapeau BBR ne cessera de me fasciner.
    Les Vendéens dans leur ensemble étant par ailleurs les instruments les plus déterminants, après les autres idiots utiles qui composent les soi-disant élites nantaise et rennaise, pour Paris à empêcher une réunification bretonne.

  2. THUAL dit :

    Bravo, beau retour historique mais hélas il n’est pas le seul a avoir été réapproprié par les « Vendéens ». Pour l’Histoire, la Vendée comme les autres départements français n’a vu le jour qu’à la révolution française, avant c’était le Bas Poitou en Poitou. Des territoires comme l’Ile de Bouin (Bouin actuel et ses alentours) était Breton avant la révolution française et est devenu « Vendéen » après. Ceci suite à un vote de la population de ce lieu qui n’a pas été pris en compte puisque la population voulait rester Bretonne. L’ancien territoire des Marches de Bretagne Poitou Anjou ont également été revisité. Des personnages importants de la guerre des trois provinces comme le Général en Chef Monsieur CHARETTE DE LA CONTRIE (DE CHARETTE de la Contrie) né à Couffé (Bretagne) actuel département de la Loire Atlantique a été dénommé Vendéen, ce qui est faux également, il était breton et de plus officier de Marine à Brest lors des évènements dramatiques de cette guerre civile. La Loire Atlantique est Bretonne dans son intégralité avant la révolution française et est devenue un territoire détaché administrativement de la Bretagne en 1972 (Accords de départ – Idée datant de 1941 jusqu’à 1956 et applicable par décret en 1972) par le jeu des intérêts politiques de certains, ce qui a pour effet une contre vérité historique. Celle ci est d’ailleurs entretenue par certains (petits enfants politiques des révolutionnaires de 1789) toujours les mêmes partisans idéologiques de leur vouloir individuel utopique et égocentrique. La prise de conscience de cette spoliation de territoire est actuellement réelle et l’idée de réintégrer ce territoire Breton perdu fait son chemin. Merci de m’avoir lu. Très cordialement.

  3. THUAL dit :

    Bravo, beau retour historique mais hélas il n’est pas le seul a avoir été réapproprié par les « Vendéens ». Pour l’Histoire, la Vendée comme les autres départements français n’a vu le jour qu’à la révolution française, avant c’était le Bas Poitou en Poitou. Des territoires comme l’Ile de Bouin (Bouin actuel et ses alentours) étaient Breton avant la révolution française et sont devenus « Vendéen » après. Ceci suite à un vote de la population de ce lieu qui n’a pas été pris en compte puisque la population voulait rester Bretonne. L’ancien territoire des Marches de Bretagne Poitou Anjou ont également été revisité. Des personnages importants de la guerre des trois provinces comme le Général en Chef Monsieur CHARETTE DE LA CONTRIE (DE CHARETTE de la Contrie) né à Couffé (Bretagne) actuel département de la Loire Atlantique a été dénommé Vendéen, ce qui est faux également, il était breton et de plus officier de Marine à Brest lors des évènements dramatiques de cette guerre civile. La Loire Atlantique est Bretonne dans son intégralité avant la révolution française et est devenue un territoire détaché administrativement de la Bretagne en 1972 (Accords de départ – Idée datant de 1941 jusqu’à 1956 et applicable par décret en 1972) par le jeu des intérêts politiques de certains, ce qui a pour effet une contre vérité historique. Celle ci est d’ailleurs entretenue par certains (petits enfants politiques des révolutionnaires de 1789) toujours les mêmes partisans idéologiques de leur vouloir individuel utopique et égocentrique. La prise de conscience de cette spoliation de territoire est actuellement réelle et l’idée de réintégrer ce territoire Breton perdu fait son chemin. Merci de m’avoir lu. Très cordialement.

  4. JLP dit :

    Philippe de Villiers, qui n’est « vendéen » que par le mariage de son père – lorrain né à Nancy – avec une vendéenne, a une grosse tendance à récupérer le roman national français, voire européen. C’est ainsi qu’il récupère Charette, Breton et non Poitevin, La Noue, Breton et non Poitevin, et je ne parle pas de Jeanne d’Arc ou du roi Arthur ! Monti s’inscrit dans cette entreprise de récupération. Mais n’avons-nous pas eu, il y a quarante ans, un Nantais, Reynald Secher, qui nous expliquait que La Chapelle-Bassemer était un village « vendéen » ? Marketing, marketing…

  5. Danielle Renaud dit :

    BBR ?

  6. Raymond Neveu dit :

    Bien construit et conduit, très bien documenté que voilà un excellent article comme on en trouve dans B.I. avec ceux de don Balbino et Tal Dir. Ce de Monti me fait penser à Charrette embringué chez les Vendéens alors qu’il officiait surtout en sud Loire (Pays de Retz) et nord ouest Vendée mais il était natif de Couffé au sud d’Ancenis. Autre sujet d’agacement, il nous saoule le Jolis de Villiers avec ses idoles Clovis dont on se fout à l’Ouest, le pseudo saint Louis IX et the must le proxo de Versailles Louis XIV, fossoyeur de la Monarchie, assassins des Picards, des Manchois, des Bretons, des Cévenols, des gens du Palatinat que de sang sur les mains ce triste sire! Responsable du désastre de la Hougue! Offrir un beau spectacle ne dispense pas d’EDUQUER! Discussion ouverte!

  7. Raymond Neveu dit :

    Vendredi soir nous aurons le plaisir d’écouter le sieur Jolis de Villiers…encadré par ses deux acolytes qu’il prend pour ses laquais! Alors, après observations, il lève la tête, plisse les yeux et lâche un « vous êtes trop jeunes pour comprendre » (sous-entendu vous êtes trop cons) et alors nous rions euh…euh…euh…et il nous sort une connerie de technocrate autosatisfait de lui-même!

  8. Jacques BRACQUEMONT dit :

    Bonsoir , comme beaucoup d’ endroits la Chapelle Basse mer avait l’ esprit vendéen et c’ est le principal. Merci

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