Avec 623 kg de déchets collectés par habitant en 2021, la Bretagne administrative se distingue à la fois par sa forte production de déchets et par son exemplarité en matière de tri. Mais les disparités départementales et l’évolution constante des volumes posent question.
La Bretagne s’impose comme la première région de France métropolitaine en matière de tri sélectif des déchets ménagers. Selon l’étude récente de l’Insee publiée en juin 2025, près de 70 % des déchets collectés y sont triés, contre 55 % au niveau national. Un chiffre flatteur qui cache néanmoins une tendance plus préoccupante : la quantité globale de déchets collectés ne cesse d’augmenter, signe d’un modèle de consommation encore loin d’être vertueux.
Une quantité de déchets par habitant supérieure à la moyenne française
En 2021, plus de 2,1 millions de tonnes de déchets ménagers et assimilés (hors déblais et gravats) ont été collectés en Bretagne, soit 623 kg par habitant, bien au-dessus de la moyenne métropolitaine (548 kg/hab). Ce chiffre monte même à 755 kg/hab dans les Côtes-d’Armor et 706 kg/hab dans le Finistère, alors qu’il descend à 484 kg/hab en Ille-et-Vilaine.
Ces écarts s’expliquent notamment par la densité touristique du littoral et par une plus forte collecte des déchets verts et biodéchets dans les départements de l’ouest breton. Ainsi, les Côtes-d’Armor collectent en moyenne 229 kg/hab de déchets verts et biodéchets, contre seulement 100 kg en Ille-et-Vilaine.
Déchèteries et tri à la source : des efforts payants
La Bretagne se distingue également par un maillage territorial dense en déchèteries, fruit d’une politique régionale engagée depuis plus de vingt ans. Près de la moitié des déchets (47 %) y sont déposés, bien plus qu’en moyenne nationale (33 %). Cette organisation favorise le tri des encombrants, des matériaux recyclables, mais surtout des déchets verts — 93 % de ces derniers sont collectés en déchèterie.
La conséquence directe de cette politique ? Une nette diminution des ordures ménagères résiduelles, qui ne représentent plus que 194 kg/hab, contre 245 kg/hab au niveau national. Depuis 2011, cette catégorie de déchets non triés a baissé de près de 20 % en Bretagne, quand les quantités de déchets recyclables ont augmenté de 28 %, et les biodéchets de 18 %.
Des disparités selon les territoires et les politiques locales
L’étude met en lumière les effets différenciés des politiques locales. Les intercommunalités bretonnes sont depuis 2015 responsables de la collecte et du traitement des déchets. Ainsi, l’Ille-et-Vilaine, qui a massivement adopté la tarification incitative, présente les résultats les plus sobres en volume de déchets collectés par habitant.
En revanche, la valorisation des déchets diffère selon les départements. En Ille-et-Vilaine, 38 % des déchets sont valorisés matière (notamment via le recyclage), contre 33 % dans le Finistère. À l’opposé, les Côtes-d’Armor et le Finistère privilégient davantage la valorisation organique (compostage, méthanisation), représentant 30 % des tonnages, contre 22 % seulement en Ille-et-Vilaine.
En matière de valorisation globale, la Bretagne atteint 65 % de valorisation matière ou organique, contre seulement 48 % au niveau national. C’est bien au-delà de l’objectif fixé par la loi de transition énergétique de 2015, qui imposait au moins 55 % de valorisation en 2020.
Mais cette réussite ne doit pas masquer les défis à venir. En dépit de tous les efforts, la quantité de déchets collectés a augmenté de 9 % en dix ans, empêchant l’atteinte de l’autre objectif fixé par la même loi : une réduction de 10 % des déchets ménagers.
La Bretagne peut s’enorgueillir d’être une région pionnière en matière de tri et de valorisation des déchets ménagers. Son exemple montre qu’une politique volontariste (maillage de déchèteries, incitations financières, campagnes de sensibilisation) porte ses fruits.
Mais l’augmentation continue du volume total de déchets interroge. La question à se poser est avant tout comment produire moins de déchets. Sans quoi, même les meilleures filières de tri finiront par être débordées.
Source : Insee, « La Bretagne, première région pour le tri sélectif avec plus des deux tiers des déchets ménagers triés », Insee Flash Bretagne n°112, juin 2025 ; ADEME/SINOE, enquête Collecte 2021 ; Tableau Insee-Breizh-info 2025.
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3 réponses à “Déchets ménagers : la Bretagne administrative, championne du tri sélectif mais face à un défi croissant”
Bonjour,
Comment produire moins de déchets dans un système qui est rémunéré selon la quantité de déchets triés. C’est à la fabrication qu’il faut gérer le déchet. L’état préfère laisser le déchet se générer puis faire payer des redevances déchets pour faire fonctionner son petit business. Cela arrange tous les coquins.
Cdt.
M.D
dans mon village, il y a plusieurs points de collecte, aucun ne réunit recyclables, non recyclables, verres, journaux/papier, emballages, ordues ménagères etc, AUCUN, de plus ils sont très éloignés les uns des autres
donc, il faut prendre son véhicule, vieille diesel de 2005 en ce qui me concerne, « polluante » malgré un bon contrôle technique ; la cerise sur le gâteau, comme la batterie n’a pas le temps de se recharger sur un trajet court, et bien je me promène et je pollue davantage
hier, sur un point, discussion avec 2 personnes, aucune ne trie, tout dans les non recyclables !!!!! ça, c’est écolo !!!!
Que de statistiques!!! Nous sommes soumis aux diktats écolo-bobo engeance diabolique qui ne respecte rien, ni priorité, ni stop, ni feux rouges, ni sens interdits. Le règne de l’abruti sur son vélo ou sa trottinette.