Royaume-Uni. Orwell est de retour : s’inquiéter de l’immigration de masse devient un signe de radicalisation selon le programme (gouvernemental) Prevent

Le Royaume-Uni bascule-t-il dans un totalitarisme doux, où les idées les plus banales deviennent des motifs de surveillance étatique ? C’est la question que posent de plus en plus de citoyens britanniques après la publication d’un document gouvernemental hallucinant : selon le programme Prevent, censé lutter contre la radicalisation terroriste, manifester des inquiétudes sur l’immigration de masse ou défendre une culture occidentale menacée serait désormais… un signe de terrorisme d’extrême droite.

Dans un module de formation en ligne officiel, mis à disposition des agents publics britanniques – enseignants, policiers, médecins ou agents sociaux –, le concept de « nationalisme culturel » est identifié comme une idéologie potentiellement terroriste. Ce terme vague englobe, selon les mots du gouvernement, les idées selon lesquelles « la culture occidentale serait menacée par l’immigration de masse et le manque d’intégration de certains groupes ethniques et culturels ».

En d’autres termes : exprimer une opinion critique sur l’ampleur de l’immigration ou défendre des valeurs traditionnelles communes pourrait aujourd’hui vous valoir une fiche dans les bases de données de Prevent, du MI5, voire de Scotland Yard. Et cela, même si vous ne prônez aucune violence ni action illégale.

Criminaliser l’opinion au nom de la prévention

Cette dérive inquiète jusque dans les rangs les plus modérés de l’establishment britannique. Lord Young, secrétaire général de la Free Speech Union, a adressé une lettre ouverte à la ministre de l’Intérieur Yvette Cooper, dénonçant une classification « absurde et liberticide ». Il rappelle que des personnalités publiques tout à fait mainstream, comme l’ancien ministre Robert Jenrick ou même le chef du Parti travailliste Keir Starmer, pourraient être visés par cette définition. Tous deux ont en effet exprimé des réserves sur les effets de l’immigration incontrôlée sur la cohésion nationale.

Le rapporteur indépendant Sir William Shawcross avait déjà, il y a deux ans, critiqué les dérives idéologiques du programme Prevent, accusé d’être plus prompt à traquer les conservateurs qu’à prévenir les vrais actes terroristes. Un jugement qui semble aujourd’hui confirmé.

Une Angleterre orwellienne

La situation actuelle semble tout droit sortie du Meilleur des mondes ou de 1984 : un pays où brûler un Coran vous vaut une condamnation, où l’humour noir de droite est signalé aux autorités, où posséder des livres de Douglas Murray ou Matthew Goodwin est jugé « suspect », et où des militants pro-palestiniens peuvent manifester librement pendant que des journalistes ou d’anciens policiers sont arrêtés pour leurs messages sur X.

Même en cas de non-lieu, les personnes signalées à Prevent restent fichées dans des bases de données accessibles par les services de renseignement, le fisc, la police ou les douanes pendant au moins six ans.

La nouveauté n’est pas seulement dans la surveillance. Ce qui inquiète le plus les défenseurs des libertés, c’est le déplacement de l’attention : on ne se focalise plus sur les comportements violents ou criminels, mais sur les intentions. Ce que vous pensez, ce que vous lisez, ce que vous craignez, ce que vous défendez : tout peut désormais faire de vous un extrémiste potentiel.

Le professeur Ian Acheson, ancien conseiller du gouvernement sur l’extrémisme, l’a dit sans détour : « Nous voyons désormais les conséquences d’un mécanisme d’alerte fondé non plus sur des faits, mais sur la simple détention d’idées jugées « problématiques ». »

Le Royaume-Uni nous offre là un avertissement glaçant. Quand l’État prétend lutter contre le radicalisme en criminalisant les opinions non-conformes, ce n’est plus de la démocratie, mais de la dérive autoritaire. Le glissement est subtil, mais réel : de la surveillance du terrorisme, on passe à la surveillance des consciences. Et bientôt, des condamnations pour simple dissidence ?

À l’heure où des pans entiers de la société européenne contestent l’immigration massive et ses conséquences, la tentation est grande, pour les élites, de faire taire plutôt que de débattre. Mais en piétinant la liberté d’expression, c’est la confiance civique qu’on assassine. Et cette fois, pas besoin de bombe : il suffit d’un formulaire, d’un clic, d’une dénonciation. Le Royaume-Uni entre dans une nouvelle ère : celle où penser autrement, c’est déjà résister.

Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2025 dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

Cet article vous a plu, intrigué, ou révolté ?

PARTAGEZ L'ARTICLE POUR SOUTENIR BREIZH INFO

3 réponses à “Royaume-Uni. Orwell est de retour : s’inquiéter de l’immigration de masse devient un signe de radicalisation selon le programme (gouvernemental) Prevent”

  1. Pierre dit :

    « Le Royaume-Uni entre dans une nouvelle ère : celle où penser autrement, c’est déjà résister. » écrivez-vous. Pourtant c’est l’ADN du royaume d’Angleterre depuis Henry VII (sept et non pas huit) à tel point que la population y est conformiste pour éviter le pire y compris dans ses domaines d’excellence professionnelle. J’ai travaillé plusieurs années dans les Midlands, et j’étais considéré comme un provocateur ou un révolutionnaire, tout simplement parce que je proposais des solutions que tout le monde savait logiques, mais que personne n’osait exposer faute d’être « traditionnelles ». Cela m’a même valu des remontrances!

  2. Jotglars 66 dit :

    Et alors ? On se fout complètement d’être classé dans les terroristes de la pensée dangereuse, les résistants français pendant la guerre étaient considérés comme des hors la loi et leur courage a permis des victoires sur l’ennemi ! Encore faudrait-il s’entendre sur le nom de notre ennemi d’aujourd’hui…immigration incontrôlée ? Justice à 2 vitesses ? Un Etat moribond ? La résistance est en marche et peu importe qu’elle soit qualifiée de racisme, de fascisme ou autres idioties pour la disqualifier en l’accusant d’atteinte à la sûreté de l’ Etat !

  3. kaélig dit :

    Les Zautorités trop lâches et dans le déni de leurs responsabilités estiment moins dangereux de s’attaquer aux effets de leur politique (la résistance du peuple) qu’aux causes de sa révolte (l’immigration incontrôlée)…Bref, elles ont plus peur des envahisseurs que de leur population qu’elles sont sensées défendre, elles ont déjà capitulé.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

ARTICLES EN LIEN OU SIMILAIRES

Santé, Sociétal

Santé publique : une épidémie de diphtérie liée aux routes migratoires secoue l’Europe — un retour inquiétant d’une maladie oubliée

Découvrir l'article

A La Une, International

Cork (Irlande) : démonstrations massives contre l’immigration dans un climat de colère populaire

Découvrir l'article

Immigration, International

Manche. Près de 1 200 migrants traversent en une journée, la coopération franco-britannique à la dérive

Découvrir l'article

Sociétal

L’immigration afghane en France : la note d’alerte de la Fondapol

Découvrir l'article

International

Grand Remplacement ethnique au Royaume-Uni : les Britanniques blancs bientôt minoritaires dans leur propre pays

Découvrir l'article

International

Tyranny in the UK. Lucy Connolly : prisonnière politique de la couronne britannique et symbole d’un système à deux vitesses

Découvrir l'article

Evenements à venir en Bretagne, Immigration, Local, Loudéac

Loudéac : la « fête des cultures » nouvelle version de la « fête de l’Aïd el-Kébir »

Découvrir l'article

A La Une, International

L’humiliation blanche, terreau de la révolte anglaise

Découvrir l'article

Immigration, Local, RENNES

« Vive l’immigration » : une association appelle à manifester à Rennes pour plus d’immigration

Découvrir l'article

Immigration, International

Immigration illégale. Nouveau record journalier de traversées de migrants en Manche

Découvrir l'article

PARTICIPEZ AU COMBAT POUR LA RÉINFORMATION !

Faites un don et soutenez la diversité journalistique.

Nous utilisons des cookies pour vous garantir la meilleure expérience sur Breizh Info. Si vous continuez à utiliser le site, nous supposerons que vous êtes d'accord.

Clicky