Alors que l’industrie sidérurgique britannique décline à vue d’œil, Nigel Farage relance une proposition aussi audacieuse que symbolique : rouvrir les mines de charbon au Pays de Galles. Objectif affiché : permettre à la sidérurgie de survivre face aux dogmes écologistes de plus en plus hostiles à l’industrie lourde.
Port Talbot : 2 500 emplois sacrifiés sur l’autel du climat
L’ancien chef de l’UKIP et actuel leader du parti Reform UK entend capitaliser sur l’abandon des classes populaires par les travaillistes. En s’exprimant récemment dans le Daily Mail, Farage a dénoncé la fermeture de l’aciérie de Port Talbot, qui a coûté l’emploi à quelque 2 500 ouvriers, conséquence directe, selon lui, d’une politique climatique déconnectée des réalités industrielles et économiques.
« Si on avait eu recours à notre propre charbon, plutôt qu’à du charbon importé d’Australie, on aurait pu maintenir l’activité », a-t-il affirmé. Pour lui, la réouverture des mines de charbon galloises pourrait être la clé pour redémarrer la production locale d’acier, tout en garantissant une autonomie énergétique et industrielle.
Reform UK bouscule les lignes à gauche et à droite
Farage, souvent perçu comme un héritier de Thatcher, évolue aujourd’hui vers une posture plus interventionniste. Son parti propose désormais la nationalisation du site sidérurgique de Scunthorpe, propriété de capitaux chinois, pour empêcher sa fermeture.
Cette ligne économique, proche de celle défendue par Donald Trump aux États-Unis, se veut pragmatique : priorité à l’emploi local, à la réindustrialisation et à la souveraineté économique. Reform UK défend aussi le retour des aides au chauffage pour les retraités ainsi que la suppression du plafond des allocations familiales pour les foyers ouvriers.
Jusqu’à présent, le Pays de Galles est resté un bastion du Parti travailliste, qui y dirige le Parlement local depuis sa création en 1999. Mais les sondages donnent aujourd’hui Reform UK devant le Labour, signe d’une profonde fracture politique et sociale dans cette région historiquement ouvrière.
Alors que Keir Starmer continue de draguer les écologistes urbains, Farage se pose en porte-voix de la classe ouvrière abandonnée. Pour Andy Haldane, ancien chef économiste de la Banque d’Angleterre, « Farage est aujourd’hui ce qui s’apparente le plus à un tribun des classes populaires au Royaume-Uni ».
À rebours du consensus écologique dominant, la proposition de Farage sur le charbon peut sembler provocante. Mais elle touche un point sensible : celui des emplois industriels détruits, des territoires sacrifiés, et de l’identité ouvrière méprisée.
Reform UK veut désormais incarner cette opposition frontale entre un Royaume-Uni des métropoles progressistes et un Royaume-Uni périphérique qui aspire à reprendre le contrôle de ses usines, de son énergie, et de son destin.
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