À mesure que l’Orient s’embrase, les Français écoutent, perplexes et souvent désarmés, les bulletins d’information qui leur parlent d’escarmouches lointaines, d’alliances brisées et de missiles vengeurs. Et pourtant, ce tumulte n’est pas sans conséquence pour notre peuple. Car sous le vacarme des frappes et des postures diplomatiques, c’est bien l’ordre du monde qui vacille, comme au bord d’un précipice, et avec lui les intérêts français les plus élémentaires.
Hervé Juvin, en réponse à Édouard Chanot sur TVLibertés, a formulé ce que peu osent énoncer dans le concert verbeux de nos médias dominants : « Où est l’intérêt de la France ? » Cette interrogation, que la caste politique ne pose jamais sans détour, devrait guider toute analyse lucide. Car le conflit entre Israël et l’Iran ne relève pas seulement d’un théâtre oriental dont nous serions les spectateurs ; il affecte les routes maritimes, la stabilité énergétique, et l’architecture d’un monde que les puissances occidentales ne savent plus contenir.
On a vu Donald Trump, homme de deal comme d’autres furent hommes de foi, tenter une improbable synthèse entre médiation et escalade. Il encourage, soutient, retient, condamne, puis célèbre dans une valse d’ambiguïtés que l’on pourrait qualifier d’infantiles si elles ne risquaient de précipiter le globe dans le chaos. Car là où le tragique affleure, il faut la retenue, le silence, la prudence. Or Trump, comme bien d’autres, parle trop vite dans une époque qui ne sait plus se taire.
La question existentielle, c’est-à-dire le droit de persister dans l’être, revient avec fracas dans cette confrontation. Israël y voit sa survie, l’Iran y projette sa revanche géopolitique et spirituelle. Le tragique heideggérien, celui de l’être-pour-la-mort, s’incarne désormais dans les chancelleries. Qu’un ancien président américain ose parler de « deal » là où les peuples pressentent le gouffre, voilà bien le signe que les relations internationales sont devenues une farce brutale, où l’on joue avec des vies comme jadis avec des monnaies faibles.
Juvin évoque, avec une gravité salutaire, l’ensauvagement du monde. Comment ne pas voir, en effet, que la guerre a cessé d’être une affaire de soldats ? Ce ne sont plus des armées qui s’affrontent, mais des populations entières que l’on broie, à Gaza, à Haïfa, à Ispahan. Le civil est redevenu la cible. Netanyahou se rêverait-il en Bomber Harris de notre temps? La guerre moderne, cybernétique, asymétrique, n’a plus de champ de bataille, elle n’a plus que des ruines.
Ce basculement n’est pas sans précédent : Oswald Spengler, dans le Déclin de l’Occident, nous avait avertis que les civilisations meurent non sous les coups de l’ennemi, mais en renonçant à ce qui les fonde. L’usage sans limite de la force préventive, tuer avant d’être menacé, éliminer pour ne pas dialoguer, est le symptôme d’un monde qui a perdu son code d’honneur. Quand l’assassinat ciblé devient une politique d’État, que reste-t-il du droit, que reste-t-il même de l’État ?
Israël, forteresse cernée, pousse l’escalade dans l’espoir d’assurer son avenir. L’Iran, empire millénaire humilié, saisit l’occasion de redevenir l’axe d’un monde musulman recomposé. Ce qui se joue là, c’est une guerre de récits, une guerre de mémoires — pas seulement une guerre de missiles. Le sionisme, né de l’exil et la mémoire juive, affronte la résurgence chiite, ancrée dans la continuité perse. Deux récits historiques, deux douleurs, deux légitimités.
Il faut dire pourtant que Benjamin Netanyahou, plus que tout autre dirigeant israélien, devrait mesurer la portée historique de ce qu’il engage. Car il est le fils de Benzion Netanyahou, immense historien du judaïsme séfarade et spécialiste reconnu de l’Inquisition espagnole. Cet érudit, disciple de Jabotinsky et figure centrale du sionisme révisionniste, voyait dans l’histoire non pas une matière d’étude mais une tragédie dont le peuple juif ne cessait d’être le protagoniste. Il connaissait la mécanique implacable des haines antiques, la fatalité des persécutions, les illusions des compromis.
Grand connaisseur du passé, Benzion avait enseigné que les Juifs n’avaient jamais survécu que là où ils avaient été forts, organisés, armés, et qu’ils n’avaient péri que là où ils avaient cru à la clémence du monde. Son fils, qui gouverne aujourd’hui avec la raideur d’un homme assiégé, semble avoir hérité de cette vision tragique, mais en avoir oublié la prudence. L’histoire, pour les Netanyahou, n’est pas un fleuve tranquille : c’est un champ de cendres où la mémoire seule tient lieu de boussole. Dès lors, on peut se demander si Benjamin, au fond, gouverne un pays… ou un destin.
Et dans cette mêlée confuse, la France, qui fut l’artisan obstiné de l’accord nucléaire de 2015, assiste, spectatrice égarée, à l’effondrement de ce qu’elle avait bâti. Emmanuel Macron, qui parle encore de diplomatie, n’est plus entendu. Ni par Téhéran, ni par Tel-Aviv. Il est des heures où les petites nations doivent se souvenir qu’elles sont grandes quand elles se taisent avec hauteur plutôt que quand elles bavardent en vain.
Alors que les chancelleries arabes murmurent un double langage, condamnant Israël tout en lorgnant ses technologies, que les puissances se repositionnent au gré des intérêts pétroliers ou nucléaires, une idée audacieuse, presque sacrilège, fait son chemin dans les coulisses : et si, à terme, l’Europe redevenait le lieu d’un foyer national juif ? Que l’on se souvienne d’Odessa, de Lvov, de ces villes d’Europe orientale qui furent jadis de grandes cités juives. Cette hypothèse, que Juvin esquisse, résonne étrangement dans un monde en perte de repères, où l’exil pourrait redevenir la condition même de l’identité.
Les peuples enracinés n’aiment pas les migrations forcées. Ils savent, comme le disait Carl Schmitt, que « le nomos de la terre », l’ordre spatial du monde, repose sur la stabilité des frontières et des patries. Et pourtant, le déracinement redevient la norme. La guerre en Ukraine, l’ébranlement du Proche-Orient, la dissipation des souverainetés : tout annonce un âge de fer, où les peuples ne pourront se maintenir qu’au prix d’un sursaut.
Reste à savoir si Israël survivra à sa propre fuite en avant. Peut-on vivre durablement assis sur un volcan, protégé par l’épée ? Peut-on fonder une paix sur la crainte mutuelle et les drones armés ? Rien n’est moins sûr. Peut-être, en effet, Benjamin Netanyahou sera-t-il un jour célébré comme le restaurateur de la sécurité juive. Peut-être sera-t-il voué aux gémonies comme un artisan de la perte. L’Histoire, qui est la dernière à juger, tranchera. Encore faut-il qu’il reste des hommes pour la lire.
Balbino Katz — chroniqueur des vents et des marées —
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8 réponses à “Israël, l’Iran, et le retour du tragique : l’Histoire en marche arrière”
Balbino te quiero !
Pero algunas veces cuentas cuentos !….
Aux lecteurs Francais : C’est personnel, j’aime passionnément Balbino, il dispose d’une écriture de rêve, mais de temps en temps, ça dérape un peu …
« L’usage sans limite de la force préventive, tuer avant d’être menacé, éliminer pour ne pas dialoguer, est le symptôme d’un monde qui a perdu son code d’honneur. Quand l’assassinat ciblé devient une politique d’État, que reste-t-il du droit, que reste-t-il même de l’État? »
Point de vue très discutable !
Le dialogue avec des extrémistes islamistes qui ont juré de rayer Israël de la carte a été une illusion. Peut-on dialoguer avec les « fous de Dieu » pour qui l’Occident est un Grand Satan?
Renverser ce régime tortionnaire des Mollahs est une occasion à saisir pour redonner aux Iraniens, à ce grand peuple millénaire la liberté dont ils sont privés depuis trop longtemps. Et c’est bien ce que les Iraniens attendent et espèrent: le renversement du régime. Sans l’aide extérieure ils ne peuvent y parvenir, menacés chaque jour d’être pendus, violentés et assassinés par les Gardiens de la Révolution. L’intervention d’Israël est une MISSION DE SALUBRITÉ POUR LE MONDE. Quel code d’honneur peut-on avoir avec des malades mentaux qui, après avoir détruit le peuple juif, menaceront l’Europe des infidèles ave l’argument imparable de l’arme nucléaire.
Le Peuple iranien, peuple cultivé et instruit n’est pas un peuple de barbares et d’assassins, il est opprimé par des Fous furieux aux manettes et ces Fous furieux il faut les empêcher de nuire, maintenant ou jamais.
Ce sera ensuite aux Iraniens libérés de ces tortionnaires assassins, de prendre leur destin en main pour vivre dans la Paix.
En effet Balbino est à côté de la plaque. Foutre en l’air la dictature des Mollahs est une absolue nécessité pour la paix du Monde.
Pour moi, il n’y a pas photo entre le Peuple d’Israel en état de siège permanent, tête de pont de la Civilisation Occidentale qui a tout créé ou presque et les Fous d’Allah de l’Iran, genre de Kmers Rouges de l’Islam.
Balbino déraye grave, il croit qu’on peut discuter gentiment autour d’une table avec des extrémistes islamistes, des tarés qui pendent haut et court tous les opposants ou toutes les iraniennes qui ont une mèche de cheveux qui dépasse du foulard. La jeune fille qui a eu le courage de manifester en culotte en plein Téhéran contre ce régime de tarés a été arrêtée et assassinée après avoir été violée.
NON ! on ne peut pas discuter avec des fous de dieu, des crevures plus violentes que tous les radicaux de la terre.
Dialoguer pour quoi faire? On leur demande de faire leur valise et de partir en Corée du Nord? Si ça pouvait se passer comme ça, ce serait très bien mais il ne faut pas y compter! Renverser ce régime est la seule issue pour les Iraniens et on doit les aider pour y parvenir et très vite !
Vive le peuple Iranien libre et souverain, Vive le peuple d’Israel dans la fraternité !
israel refuse d’être vitrifié , des zélites dont macron ne veulent pas ue ce petit pays élimine le danger majeur
La perse magnifique pays devenue l’Iran d’aujourd’hui est devenu une dictature par obligation. Tout comme l’occident dictature cachée ruiné par ses dettes insolvables. Car nous en occident exploitants invétérés et criminels patentés pour spolier les énergies et les ressources des autres pays, nous avons fabriqué cette dictature cachée insidieuse. De même nous avons créé tous les extrémistes car nous avons tué plus de 4,5 million de musulmans.
On a exploité l’Afrique jusqu’à l’asphyxie en tuant des millions de personnes, on a fait des camps de réfugiés, plutôt camps de concentration en Moyen Orient pour plus de 7 millions de personnes qui vivent sous des tentes ou dans des ruines et on parle de dictature de l’Iran. De qui se moque t-on parmi les commentaires qui se prennent pour dieu en disant qu’Israël se défend alors que ce pays sans constitution est illégal.
Les USA derrière ce chaos pour maintenir le dollars contre les BRICS ont fait en 60 ans plus de 35 millions de morts dans le monde. Défaite en Ukraine pour se venger en Iran. Nous et vous occidentaux nous voyons le déclin en direct. Les pays des BRICS se sont créés unis pour nous défier soit les 5/6ème de l’humanité. défiant les USA et mettant en place la dédollarisation et le fin des pétrodollars avec l’euro indexé.
Nous avons entre 290’000 et 320’0000 milliards de dettes insolvables sur l’exploitation du monde et on nomme l’Iran dictature la bonne blague. Nous sommes nous mêmes les pires dictateurs de la planète en exploitant la pauvreté la misère en tuant en excuses, avec nos missiles. Heureusement Russie Chine et 36 autres pays veulent que ce mondialisme cesse.
L’erreur des USA avec cette guerre en attaquant l’Iran, avec leur première base militaire Israël, va encore accélérer la dédollarisation et augmenter encore plus d’adhésion aux BRICS. Donc cela va encore accélérer l’effondrement financier. Nous nous nommons occident les bons profiteurs au détriment des autres comme les USA qui se sont créés en exterminant 10 millions d’amérindiens.
Pour tous les sociologues occidentaux sachez que notre mode vie est totalement différentes des autres peuples que nous spolions pour notre confort. Il suffit de voyager et vivre dans d’autres pays pour comprendre la misère que nous avons créée.
Oui, pour la paix du Monde sans oublier tous les pays autour de l’Iran. Avez-vous remarqué qu’aucun pays frontalier de l’Iran ou très proche n’a condamné l’intervention d’Israel? Ils ne disent mot mais approuvent en silence parce que l’Iran des Malades Mentaux est une MENACE DIRECTE pour eux qui sont aux premières loges. L’Iran doté de l’arme nucléaire sera le maître absolu de toute la région et étendra sa dictature dans tout le Moyen-Orient pour en faire une base immense de l’intégrisme islamique, forte d’une grande armée de fanatiques qui pourra déferler ensuite sur l’Occident. Les Musulmans les premiers, n’en veulent pas. Il est impératif de dézinguer ces tarés et ne pas louper l’occasion qui se présente. C’est maintenant ou jamais.
Les Iraniens d’ailleurs premiers concernés n’attendent que ça.