Guerre au Proche-Orient : quid des bases américaines en Europe ?

Le conflit russo-ukrainien marquait le retour en force de la guerre sur le sol européen. Une nouvelle étape pourrait être franchie en cas d’affrontement direct des États-Unis au Proche-Orient, car s’il n’y a plus de bases américaines en France depuis le retrait du commandement intégré de l’Otan instauré par le Général de Gaulle, nos pays limitrophes en comptent plus de deux cents, plaçant de fait l’Europe au cœur de la confrontation.

L’Italie, qui abrite plus de 120 bases américaines (dont une grande partie secrète), et accueille environ 12 000 soldats U.S. sur son territoire, s’en souvient. Lorsqu’en mars 1999, les États-Unis à travers leur bras armé otanesque décident de bombarder la Serbie, l’US Air Force décolle d’Aviano, une base aérienne située à quelque 75 kilomètres au nord de Venise. En servant de base arrière pour les attaques sur le pays balkanique et en accueillant des pilotes américains, l’Italie s’implique malgré elle dans une guerre menée en pleine violation du droit international, sans l’approbation du Conseil de sécurité des Nations unies. Une campagne de bombardements qui aura provoqué la mort d’au moins 2 500 personnes, dont 79 enfants, et a endommagé de nombreuses infrastructures, y compris 25 000 habitations, 470 kilomètres de routes et 595 km de voies ferrées, et des usines chimiques ou pétrochimiques, entraînant des conséquences sanitaires à long terme.

Il est donc compréhensible que la crainte suscitée par les frappes aériennes en Iran s’intensifie, et que la question des conséquences que pourraient produire une entrée en guerre des États-Unis aux côtés d’Israël se pose pour les pays membres du traité Atlantique. Rappelons que 100 000 troupes américaines sont actuellement stationnées sur notre continent, dont environ 65 000 de façon permanente.

Interrogée sur une éventuelle implication des bases américaines en territoire italien lors d’une conférence de presse post-G7, Giorgia Meloni a été prudente, arguant qu’il est trop tôt pour en parler et que lorsque le moment sera venu le gouvernement italien convoquera qui de droit. Il conviendrait d’ajouter « à titre informatif », puisque ce dernier n’a aucun pouvoir sur les décisions de l’Oncle Sam, comme le souligne l’ex-juge constitutionnaliste, le professeur Gaetano Azzariti, dans les colonnes de Il fatto Quotidiano :

« Les bases de l’OTAN sont hors de notre contrôle. L’Italie n’a aucune souveraineté sur ces bases et cela crée des problèmes importants et des risques d’un usage impropre ou obscur de la part des Etats-Unis. Si nous ne voulons pas être confrontés à des faits accomplis et à de graves violations de la légalité constitutionnelle, il serait bon de remettre en question l’utilisation de ces bases ».

Selon ce raisonnement, les Américains pourraient donc faire décoller leurs avions sans aucune autorisation italienne.

Espérant une désescalade, le chef de l’exécutif a réitéré que l’objectif partagé (sic) au G7 est d’empêcher que l’Iran, « principale source d’instabilité dans la région« , ne devienne une puissance nucléaire… Comme à vouloir dire que Rome s’est déjà alignée sur la politique belligérante de Washington.

Si les déclarations de Donald Trump ne valent pas grand chose au vu de son imprévisibilité, le « regime change » semble déjà acté… facilité qu’il est par la volatilisation des alliés de Téhéran.

Quant à l’Union européenne, elle se complaît comme à son habitude dans l’inertie et risque donc fort de devoir fournir le support logistique d’une guerre qui ne la concerne pas. Car assurer, tels des automates, que « la sécurité d’Israël est la sécurité de nous tous« , ne suffit pas à convaincre : tout comme l’intervention en Libye, une éventuelle offensive directe contre l’Iran ne serait en aucun cas synonyme de protection des intérêts européens.

Audrey D’Aguanno

Crédit photo : DR
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4 réponses à “Guerre au Proche-Orient : quid des bases américaines en Europe ?”

  1. Maury dit :

    Mais la notion d’intérêts propres aux européens tout comme les valeurs morales de defense des faibles ont disparu depuis des lustres.
    Sinon, pourquoi aurions nous taper la lybie, sponsorisé al qaida en Syrie, pousser à destituer le shah, laisser assassiner les serbes et choisi kiev aux dépends de nos intérêts. Sans oublier le rwanda et ses millions de morts.
    Le choix de la colonie porte des conséquences.

  2. Jérôme dit :

    « Une éventuelle offensive directe contre l’Iran ne serait en aucun cas synonyme de protection des intérêts européens ».
    Pas d’accord. L’Iran est le bras armé de tous les djihadistes du monde. l’Elimination du régime des Mollahs sera un vrai bol d’air, non seulement pour les Européens mais aussi pour tous les pays qui ceinturent l’Iran. L’arme nucléaire entre les mains de ces tarés assurera la main mise de l’Iran sur tous les pays musulmans et l’expansion de l’intégrisme dans le monde. Il n’y a que Macron pour ne pas le croire, que Macron pour se laisser duper ou plutôt que Macron qui a la trouille des banlieues et qui passe la pommade aux islamistes. Plus que jamais, il est nécessaire de dégager ces fous furieux et vite !

  3. UBU dit :

    Cette histoire est cousue de fil blanc
    Israël tu agresse l’Iran qui va riposter et ça me donne la légitimité pour déclarer la guerre à Iran
    CQFD

  4. Gaï de Ropraz dit :

    Il y a une vérité flagrante dans ce qui est écrit par Audrey d’Aguanno.
    Et déjà se poser la question quant à la participation de l’Europe face aux conflits actuels au Moyen Orient, c’est déjà y participer, volontairement ou pas.

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