Dans une France marquée par un héritage étatiste pesant et une défiance culturelle vis-à-vis du succès individuel, l’entrepreneuriat continu de séduire une partie de la jeunesse. Le dernier baromètre OpinionWay pour le Moovjee, publié en mai 2025, en témoigne : 57 % des étudiants déclarent envisager de créer ou reprendre une entreprise au cours de leur vie. Ils étaient 46 % en 2023, signe d’un basculement silencieux. Et 9 % d’entre eux affirment l’avoir déjà fait.
Cette dynamique entrepreneuriale apparaît d’autant plus remarquable qu’elle s’inscrit à rebours d’un système scolaire encore largement conçu pour produire des fonctionnaires ou des salariés du tertiaire. L’élan est là, mais les obstacles demeurent : pour 48 % des étudiants, le principal frein reste la peur de l’échec. Ils sont également 33 % à citer le manque de financement, tandis que 29 % déplorent une formation inadaptée. Autant de signaux d’alerte dans un pays où l’éducation nationale prétend pourtant former à l’autonomie.
Un manque d’accompagnement qui freine
Le rapport souligne l’isolement dont souffrent les jeunes porteurs de projets : 63 % des étudiants n’ont jamais été mis en contact avec un entrepreneur au cours de leur parcours scolaire, un chiffre en légère amélioration depuis 2023 mais encore très insuffisant. Seuls 13 % ont été accompagnés dans la création d’une entreprise. Quant aux enseignants, plus de la moitié ne se sentent pas du tout en mesure de parler d’entrepreneuriat.
Ces carences pèsent lourdement sur le passage à l’acte. Si 46 % des étudiants pensent que l’entrepreneuriat est un bon choix professionnel, ils ne sont que 20 % à estimer qu’on les y prépare effectivement dans leur établissement. L’école française reste, sur ce sujet comme sur d’autres, fidèle à sa tradition jacobine : former des sujets plus que des acteurs.
Vers un réveil libéral ?
Pourtant, malgré les rigidités du modèle français, un vent nouveau souffle chez les moins de 25 ans. 71 % considèrent que créer ou reprendre une entreprise est utile pour la société, une opinion partagée de manière transpartisane. Et 65 % des étudiants en écoles de commerce ou d’ingénieur envisagent de se lancer un jour, preuve que les formations les plus concurrentielles osent ouvrir une brèche.
Encore faut-il que l’État n’enferme pas cette aspiration dans ses logiques administratives. Car derrière ces chiffres, c’est une jeunesse qui réclame plus de liberté, plus de confiance, et moins d’entraves à son désir d’agir.
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