L’intelligence artificielle n’est plus un simple outil. Elle devient une force autonome, capable de supplanter l’homme. C’est l’avertissement grave lancé par Max Tegmark, chercheur au MIT et président du Future of Life Institute, dans une intervention percutante diffusée récemment dans le cadre de l’émission American Thought Leaders.
Professeur de physique au Massachusetts Institute of Technology, Tegmark n’est pas un marginal dans le débat scientifique. Il est notamment l’auteur du best-seller Life 3.0, ouvrage qui explore les futurs possibles de l’intelligence artificielle et ses conséquences sur l’humanité. Dans ce nouvel entretien, il établit un parallèle saisissant entre notre époque et celle de la création de la bombe atomique par Robert Oppenheimer. À une différence près : cette fois, l’arme en question pense, apprend… et pourrait bientôt agir sans supervision humaine.
Une révolution technologique hors de contrôle ?
Depuis quelques années, les progrès fulgurants de l’IA ont dépassé toutes les anticipations. Les systèmes actuels ne se contentent plus de traiter des données ou d’assister l’homme dans ses tâches : certains sont capables de raisonner, de planifier, d’améliorer leurs propres algorithmes, voire de se montrer plus performants que leurs créateurs.
Ce que l’on considérait encore récemment comme de la science-fiction — une IA franchissant le test de Turing, capable d’imiter de manière crédible une intelligence humaine — est désormais une réalité. Des figures de proue de l’industrie, comme Sam Altman (OpenAI), Demis Hassabis (DeepMind) ou encore Dario Amodei (Anthropic), ont reconnu publiquement qu’ils ne maîtrisent plus entièrement les conséquences des technologies qu’ils développent. Et que ces dernières pourraient, à terme, constituer un risque existentiel pour l’humanité.
Une « forme de vie émergente »
Pour Max Tegmark, l’IA n’est plus une extension de l’homme : elle devient une entité autonome, une « forme de vie émergente » qui pourrait tôt ou tard échapper à tout contrôle. Dans ce contexte, l’humanité pourrait perdre sa place de maître du monde. Non pas dans un futur lointain, mais dans la décennie qui s’ouvre.
Les capacités actuelles des IA sont déjà redoutables : elles rédigent des articles, simulent des comportements, résolvent des problèmes complexes, offrent des conseils juridiques ou médicaux… Et demain ? Elles apprendront seules, s’amélioreront sans aide, prendront des décisions en dehors de toute supervision humaine.
Vers une dépossession programmée ?
Le message de Tegmark est limpide : si l’intelligence artificielle continue de se développer sans garde-fous, l’homme risque de devenir spectateur, voire victime, de sa propre création. Il appelle à une prise de conscience globale et à une régulation urgente de cette nouvelle puissance technologique.
Une mise en garde qui, dans un monde où le progrès technique est souvent sacralisé, dérange. Mais qu’il serait irresponsable d’ignorer. Car derrière les prouesses de l’intelligence artificielle, c’est peut-être une autre histoire qui s’écrit : celle du grand remplacement… de l’Homme par la Machine.