Alors que le diabète touche plus de 4 millions de Français et que son coût explose pour la Sécurité sociale, la Cour des comptes tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme. Dans un rapport accablant publié le 8 juillet 2025, les magistrats financiers dénoncent l’inefficacité de la prévention et le manque de coordination dans la prise en charge de cette pathologie chronique aux conséquences redoutables.
Une épidémie silencieuse, aux coûts colossaux
Le diabète est aujourd’hui la maladie chronique la plus coûteuse pour l’Assurance maladie. En 2021, les dépenses de soins pour les patients diabétiques ont représenté près de 10 milliards d’euros, soit 7 % de l’ensemble des remboursements. Le nombre de patients ne cesse d’augmenter, en lien avec le vieillissement de la population, la sédentarité et l’obésité.
La Cour des comptes déplore qu’en 2023, plus d’un million de personnes soient diabétiques sans le savoir. Un chiffre alarmant qui témoigne du manque de détection précoce et de suivi régulier.
Une prévention négligée malgré les alertes répétées
Le rapport constate que la prévention du diabète de type 2 – largement évitable par une meilleure hygiène de vie – reste très en retrait. Pourtant, 80 à 90 % des cas pourraient être évités grâce à une alimentation équilibrée, une activité physique régulière et la lutte contre le surpoids.
Mais les actions restent marginales et mal coordonnées. Le programme « Mission : retrouve ton cap », destiné aux enfants en surpoids, est jugé peu visible et peu évalué. Le dispositif « Mon bilan prévention », expérimenté depuis 2023, peine à atteindre son public, avec seulement 8 % de taux de recours parmi les bénéficiaires potentiels.
Autre constat sévère : la majorité des patients sont pris en charge trop tardivement, souvent au moment où les complications sont déjà installées (atteintes rénales, cardiovasculaires, ophtalmologiques…).
La Cour pointe un retard dans le recours aux examens de dépistage, un suivi médical insuffisant et peu de coordination entre médecins généralistes, spécialistes et autres professionnels de santé. Moins d’un patient diabétique sur deux bénéficie d’un examen du fond d’œil annuel, pourtant recommandé.
Des inégalités territoriales et sociales criantes
Les populations les plus précaires sont aussi les plus touchées par la maladie, sans bénéficier d’un accompagnement suffisant. Les territoires d’outre-mer, certains quartiers urbains et zones rurales sont particulièrement affectés, sans qu’une politique publique ciblée n’y soit déployée.
La Cour note aussi que les programmes de santé ne prennent pas suffisamment en compte les inégalités sociales et territoriales, alors qu’il s’agit d’un des leviers les plus puissants pour ralentir l’épidémie.
Des recommandations claires, mais jusqu’à quand ignorées ?
Ce n’est pas la première fois que la Cour des comptes alerte sur le sujet. Dès 2017, elle avait déjà dénoncé les mêmes failles. Cette fois encore, elle recommande :
- D’intensifier la prévention, notamment via les professionnels de première ligne (médecins traitants, pharmaciens, infirmiers…) ;
- De renforcer le dépistage systématique, notamment chez les publics à risque (personnes en surpoids, antécédents familiaux, sédentarité) ;
- De déployer des parcours de soins coordonnés, avec un rôle accru pour les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) ;
- D’évaluer systématiquement les dispositifs publics de prévention et d’accompagnement ;
- Et d’adapter les financements pour encourager les soins précoces plutôt que la gestion tardive des complications.
Ce rapport résonne comme une nouvelle alerte dans un contexte où les finances publiques sont sous tension. Ne pas agir maintenant, c’est condamner la collectivité à payer plus demain, pour soigner des complications évitables. Alors que les gouvernements successifs ont multiplié les annonces en matière de santé publique, le diabète reste le symbole d’un système de prévention défaillant, au détriment des patients et des finances publiques.
Crédit photo : Pixabay (cc)
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Une réponse à “Diabète en France : la Cour des comptes dénonce une prévention inefficace et une prise en charge trop tardive”
Vous évoquez un budget de 10 milliards, en réalité plus proche de 11 milliards. Or, toute incitation à la pratique d’un sport, notamment la natation, est systématiquement refusée: vous pouvez nager, mais à condition de payer un maximum, tant pour les transports publics (tramway), que pour l’accès à une piscine. Le plus économique est encore l’abonnement à un club privé. J’ai fait des dizaines de lettres, toutes les structures concernées (SS, ARS, mairie, mutuelles, caisses de retraite etc) s’en désintéressent.