Chronique d’un naufrage annoncé : ou comment la gauche fait du surplace dans la boue de ses illusions

Il est des moments de lecture où l’on ne sait plus très bien si l’on lit un article politique ou le journal intime d’un adolescent désabusé. Le papier de Nicolas Massol, publié dans Libération sous le titre solennel « Face à l’extrême droite, la gauche continue de chercher le mode d’emploi », appartient à cette catégorie hybride, mi-lyrique, mi-confuse, où l’auteur, tel un ex-fonctionnaire de la pensée unique, recyclé en pleureuse professionnelle, se lamente sur les errements de la gauche sans jamais nommer l’obstacle central : le réel.

Massol, naguère garde-chiourme du dogme républicain à la sauce islamo-gauchiste, s’est mué, à mesure que l’Histoire l’écrasait, en douloureux chroniqueur des désillusions progressistes. Son article pourrait se résumer ainsi : la gauche a tout essayé sauf reconnaître qu’elle ne parle plus au peuple. Et pour cause : ce peuple, réfractaire, enraciné, viscéralement attaché à son mode de vie, refuse d’être dissous dans la grande soupe mondialiste. Il veut rester lui-même. Il n’est pas « fâché mais pas facho », il est simplement las d’être traité en pestiféré chaque fois qu’il ose s’inquiéter de son devenir.

À lire Massol, le « danger » résiderait dans la montée du Rassemblement national, ce croquemitaine qui hante les nuits des anciens soixante-huitards devenus sénateurs. Et la réponse, pour nos stratèges gauchistes ? Des cellules d’observation de l’extrême droite, des secrétariats nationaux, des instituts de recherche, des collaboratrices chargées de « scruter » les députés RN, bref, une panoplie de petits inquisiteurs bureaucratiques qui rappelleraient presque les heures les plus enfarinées de la IVe Internationale. On dirait un congrès de curés en panique, cherchant dans les Écritures le remède à l’apostasie.

Surtout, l’on se perd dans une valse de dilemmes insolubles : faut-il s’adresser aux abstentionnistes ou tenter de ramener les électeurs RN ? Parler à la jeunesse racisée ou aux ouvriers blancs ? Être radical ou centriste ? Rassurant ou disruptif ? Le cœur du problème, pourtant, n’est pas là. Comme l’évoquait Guillaume Faye dans Pourquoi nous combattons, il est des époques où les questions posées sont moins idéologiques que vitales. Et celle-ci en est une : un peuple peut-il survivre à sa propre dilution démographique et culturelle sans se révolter ?

Tout cela, évidemment, est indicible dans les colonnes de Libération. Il faut rester dans l’écume : l’antifascisme performatif, les querelles de sous-chapelle, les observatoires à usage interne. La gauche, tel un alchimiste fou, tente de transformer son plomb idéologique en or électoral. Mais la formule lui échappe, et le réel, cet insupportable réel, la rattrape.

L’auteur évoque sans ironie le fait que le PS se dote d’un secrétariat « régalien » contre l’extrême droite. Comme si l’autorité politique consistait à produire des guides numériques et à documenter les brebis galeuses du camp d’en face. Pendant ce temps, les Français votent pour ce qui leur semble être la dernière barrière avant l’effondrement, non par « haine de l’autre », comme le susurrent les sociologues subventionnés, mais par instinct de survie.

Le lecteur entend, au fil du texte, les lamentations d’un monde qui se défait, non parce qu’on l’attaque, mais parce qu’il ne sait plus pourquoi il existe. On ne peut défendre la République quand on renonce à la nation. On ne peut sauver la démocratie quand on méprise le peuple. Et surtout, on ne peut espérer reconquérir les cœurs en niant ses angoisses les plus légitimes.

La gauche tourne en rond, comme une mouche enfermée dans un bocal. Elle refuse de voir ce que tout le monde pressent : le Grand Remplacement n’est pas une lubie de fasciste, c’est une réalité que vivent les Français au quotidien. Il ne s’agit pas d’un fantasme idéologique, mais d’un vécu empirique, palpable, douloureux, visible par tous dans la rue, qui conditionne tous les autres choix électoraux.

Ce que Massol appelle « perdre l’expertise sur l’extrême droite » est en réalité une perte de contact avec la France elle-même. On ne peut expertiser un phénomène que si l’on accepte d’en comprendre les causes. En refusant de nommer le mal, on s’interdit toute thérapeutique. Et ainsi, la gauche, comme un vieux radeau mité, continue de voguer sur un fleuve qu’elle ne comprend plus, bercée par les incantations d’un monde défunt.

Je referme cette lecture avec un sourire mélancolique : les progressistes pleurent leurs illusions perdues, pendant que le peuple, lui, forge dans la douleur les fondements d’un renouveau.

— Balbino Katz chroniqueur des vents et des marées

Crédit photo : DR
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4 réponses à “Chronique d’un naufrage annoncé : ou comment la gauche fait du surplace dans la boue de ses illusions”

  1. Patrice dit :

    Le dénie du réel n’est pas l’exclusivité de la gauche, malheureusement.
    Bel article. Dans sa gueule!

  2. Gaï de Ropraz dit :

    Bravo Balbino !
    C’est toujours un plaisir de parcourir une lecture aussi saine dans un francais pour le moins châtié. Et qui plus est, moi qui aime ecrire, je constate avec amertume que c’est de plus en plus rare.

  3. domper catalan français dit :

    L’état des lieux de la France dans son angoissante réalité est en train de dissoudre l’idéologie de gauche et d’extrême gauche comme de l’acide sur de la craie ! Comprenant ce danger, ils essaient de masquer les faits réels, de transformer des meurtres ou assassinats en faits divers, de jeter leur déni sur les chiffres, de culpabiliser encore ceux qui veulent sauver une nation, un peuple en perdition….la gauche ne parle plus qu’à elle même comme un militant devant sa radio !

  4. Cyril Barbezan dit :

    Le mode d’emploi de la Gauche est bien rodé. Il consiste à chercher dans les fonds de tiroirs poussiéreux un moyen de détruire l’adversaire et de lui planter le couteau dans le dos. La preuve en est la « disqualification » de Marine Lepen et plus récemment les perquisitions chez les élus RN.
    Mais vous verrez, sans être prophète, quels seront les évènements à venir: peu de temps avant les présidentielles ils vont fabriquer des preuves, tordre la réalité, inventer des stratagèmes pour éliminer l’adversaire ou le rouler moralement dans la Merde.
    SAUF QUE ! Sauf que les Français ont compris le procédé de ces pourris. Leurs manoeuvres de nuisances ont l’effet inverse: ils renforcent le RN au lieu de l’affaiblir. À trop vouloir nuire pour devenir le Chantre du vrai et du bien, la Gauche finit par retourner le couteau contre elle même et à déterrer ses propres saloperies méticuleusement cachées.
    Personne aujourd’hui n’est dupe de ces vilénies gauchistes.

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