La Bretagnel, offrait ve 11 juillet 2025 au peloton l’un de ses joyaux : la double ascension de Mûr-de-Bretagne pour la 7ème étape du Tour de France. On y attendait un feu d’artifice populaire, une ferveur bretonne propulsant les cœurs aussi haut que les coureurs. On l’a eu, la foule étant venue en nombre sur les bords des routes, sous une chaleur accablante.
Mais on y a vu, surtout, une démonstration clinique, un règne glacial, une domination qui ne suscite plus l’admiration, mais l’incrédulité.
Tadej Pogacar, champion du monde, triple vainqueur du Tour, a cueilli ici sa troisième victoire d’étape en une semaine, sa 19e sur la Grande Boucle, avec la désinvolture d’un enfant ramassant un coquillage sur la plage de Saint-Malo. Il a attendu la dernière rampe pour punir ses rivaux d’un sprint implacable, reprenant le maillot jaune avec l’élégance d’un tueur à gages qui remet sa cravate.
La course ? Elle fut belle, mais vaine. Cinq échappés, parmi lesquels le courageux Ewen Costiou, qui, dans un moment d’orgueil armoricain, passa le premier au sommet lors de la première montée, avant de rendre les armes, lessivé par le tempo des ogres. Van der Poel, craqué. Evenepoel, impuissant. Vingegaard, résigné. Et le reste ? Spectateurs.
Le peloton, lui, s’est sacrifié sur l’autel de l’inéluctable. 54 kilomètres dans la première heure, à se cramer pour rien, comme pour conjurer une fatalité déjà écrite. Et sur le bord des routes, entre deux bières et trois drapeaux bretons, on ne cachait plus un malaise grandissant.
À Mûr, vendredi, on aurait cru que la Bretagne du cyclisme, ne savait plus quoi penser de l’hôte slovéno-monégasque. Pas un mot d’admiration, pas un cri de liesse à son passage. De l’inquiétude, de l’agacement, parfois un rire jaune. On évoque à demi-mots les années sombres, les performances hors norme qui ne soulèvent plus que des soupirs. « Il gagne trop », lâche un vieux cyclo de Loudéac. Un autre, drapeau breton à la main, secoue la tête : « Y’a un truc qui cloche. » Une sorte de malaise diffus s’est installé, comme une pluie fine qu’on ne voit pas mais qui trempe jusqu’aux os.
Le peloton reprend son souffle – ou du moins tente de le faire – à l’occasion de la huitième étape entre la Bretagne et les Portes de la Mayenne. Ce Samedi 12 juillet, c’est Laval Espace Mayenne qui accueillera le peloton, pour ce qui s’annonce comme l’une des rares étapes taillées sur mesure pour les sprinteurs purs, ces colosses aux cuisses comme des barriques de cidre.
Une étape pour les mollets et les trains
Le parcours est plat comme un menhir couché et, à moins d’un coup de Trafalgar météo, tout laisse présager un sprint massif dans les rues de Laval. Le point culminant de la journée ne dépassant pas les 120 mètres d’altitude, on comprend que la stratégie des équipes sera simple : rouler, contrôler, et livrer leur sprinteur maison sur un plateau en or, avec les dernières cartouches économisées dans la musette.
Seul petit frisson au menu : la côte de Nuillé-sur-Vicoin, classée en 4e catégorie, à peine de quoi faire tousser les grimpeurs en goguette. L’essentiel du suspense se jouera dans le sprint intermédiaire de Vitré, placé en cours de route sur un tracé technique où les trains devront manœuvrer avec précision pour éviter les pièges d’un mobilier urbain taquin.
Mais c’est surtout dans les 10 derniers kilomètres, piégeux à souhait avec leur lot de rond-points, virages à angle traître et rétrécissements vicieux, que les places au bal de Laval se disputeront. Les 1,2 derniers kilomètres en faux plat montant à 3 % exigeront de la puissance brute plus que de la vélocité féline.
Le rendez-vous lavallois est crucial pour Jonathan Milan. L’Italien de Lidl-Trek, dominateur à Dunkerque, sait que ses opportunités sont comptées pour reprendre l’ascendant au classement par points sur Pogacar, toujours affamé, et sur un Van der Poel qui semble jouer l’élastique entre rêve vert et fatigue nerveuse.
Tim Merlier, son principal rival, n’a rien d’un figurant. Le Belge a prouvé qu’il savait résister à la bagarre et surgir là où on ne l’attend pas. D’autres outsiders espèrent jouer les trouble-fête : Biniam Girmay, agile sur ces arrivées en léger faux plat, Søren Wærenskjold, bien emmené par le train méthodique d’Uno-X, ou encore Jordi Meeus, armé de l’expérience de Van Poppel pour naviguer entre les pièges du final.
Et que dire du cas Alpecin ? Groves ou Van der Poel ? L’Australien a les jambes pour, mais si le Néerlandais veut rester dans la course aux points, il devra se mêler à la bagarre, quitte à prendre des risques.
. Le peloton, fatigué par une première semaine nerveuse et explosée par les accélérations d’un Pogacar devenu suspect de perfection, pourrait s’offrir un moment de répit… ou une nouvelle tempête de watts, à la faveur d’un train mal aligné, d’un virage mal négocié, ou d’un dernier soupçon d’orgueil.
Car sur ce Tour 2025, rien ne se passe jamais tranquillement. Même une étape plate peut virer à la guerre de positions.
Et à Laval, samedi, ce ne sont pas les paysages qui feront frissonner, mais la ligne d’arrivée.
Crédit photo : Breizh-info.com
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Une réponse à “Tour de France 2025. Mûr-de-Bretagne : Pogacar…encore lui (Re zo re ?)”
Demat. Un simple commentaire pour dire à nos champions cyclistes bretons que je suis venu encourager hier après-midi en vélo de garder foi en l’avenir de ce super sport et de faire comme Julian, Kevin, Mathias et j’en oublie sûrement à continuer de se battre ,malgré tout, dans les autres étapes de ce tour ; finir deuxième comme Poupou (le regretté Raymond POULIDOR) était dans les années 70 80 du temps d’Eddy MERCKX noble aussi ; je vous invite amis cyclistes à fredonner « we will rock you » et « We are the Champions » du groupe « Queen » avec le regretté Freddy Mercury et à les chanter pour se donner du courage en pédalant par cette chaleur. Kenavo an oll.