Une enquête publiée le 9 juillet 2025 par l’Institute for Strategic Dialogue (ISD), Think Thank de gauche outre Manche, révèle l’émergence d’une dynamique transfrontalière inédite en Irlande autour de la contestation de l’immigration. Ce qui n’était au départ qu’un enchaînement de protestations locales sporadiques depuis fin 2022 s’est mué, en 2024 et 2025, en une mobilisation structurée, déterminée, et désormais connectée à l’international.
Une coordination croissante entre Nord et Sud
Des émeutes à Coolock (Dublin) en 2024 aux récentes manifestations à Ballymena (Irlande du Nord) et Limerick (République d’Irlande), les preuves s’accumulent d’une infrastructure militante transfrontalière en pleine expansion. Des groupes historiquement opposés – nationalistes irlandais et loyalistes nord-irlandais – unissent désormais leurs forces sur le terrain comme en ligne.
Ce phénomène marque une rupture. L’ISD souligne notamment la participation conjointe de membres du groupe dublinois Coolock Says No et de militants loyalistes à Belfast à l’été 2024, à la suite d’une attaque au couteau à Southport, en Angleterre. Des drapeaux loyalistes et républicains ont même été vus côte à côte dans les cortèges.
Le rapport affirme : « Des griefs communs perçus semblent désormais surpasser les anciennes lignes de fracture idéologiques et sectaires. »
En juin 2025, Ballymena a été le théâtre de protestations intenses, après l’implication de deux Roms dans une affaire d’agression sexuelle. Les réseaux loyalistes y ont immédiatement interprété l’affaire comme une illustration des conséquences de l’immigration, évoquant une trahison de l’État et une menace pour les femmes et les enfants.
Des figures du parti loyaliste Traditional Unionist Voice (TUV) ont pris part à la mobilisation, dénonçant l’« intégration forcée » de migrants dans les communautés locales. En parallèle, les réseaux sociaux des deux bords (républicains et loyalistes) ont relayé des messages similaires, évoquant l’urgence de « protéger les chrétiens », « sauver notre pays », et « reprendre le contrôle ».
Vers une internationale identitaire ?
Le document met en lumière une autre dimension : l’implication croissante d’acteurs étrangers. Des groupes britanniques identitaires, des influenceurs américains, et même francophones, donnent une portée internationale à cette contestation. Certains viennent physiquement sur place : le Canadien Ezra Levant, le Britannique Rick Munn, ou encore Tommy Robinson.
Des figures irlandaises, comme Niall McConnell (candidat indépendant dans le Donegal), nouent des alliances médiatiques avec des ex-paramilitaires loyalistes comme Mark Sinclair, ou apparaissent aux côtés de figures britanniques comme Nick Griffin et Jim Dowson. Tous défendent l’idée que l’immigration serait une menace existentielle pour l’Irlande, l’Europe, et la civilisation chrétienne.
L’ISD indique que Telegram, YouTube, X (ex-Twitter) ou VK (le Facebook russe) sont devenus des catalyseurs essentiels de cette convergence.
Des membres de la mouvance loyaliste ont même été aperçus à Dublin lors d’un rassemblement promu par Conor McGregor, combattant UFC très influent sur les réseaux sociaux (10,8 millions d’abonnés sur X), qui a publiquement critiqué la politique migratoire de l’Irlande.
Le 14 juin 2025, des manifestations se sont tenues à la fois à Limerick et à Cork, avec des slogans du type « Ireland is full » ou « No more lies », portés par des militants des deux camps. La mouvance anti-immigration semble aujourd’hui remodeler le paysage politique irlandais, au-delà des appartenances historiques.
Pour les auteurs du rapport, qui ont un biais de gauche il faut le souligner, cette mutation rapide et transnationale de la contestation anti-immigration constitue « un défi inédit pour la stabilité démocratique et la cohésion sociale ». Ce mouvement n’est plus un simple réflexe de rejet local : c’est une nébuleuse qui mêle actions de rue, candidatures électorales, propagande numérique, et alliances improbables.
En somme, l’Irlande est peut-être en train de vivre un tournant majeur : une recomposition politique inédite autour d’un refus de l’immigration et d’une volonté de reprendre le contrôle, au risque de faire voler en éclats les derniers tabous hérités du conflit nord-irlandais.
Peut être que ces alliances, sporadiques, individuelles, puis collectives parfois, finiront par faire comprendre aux autorités le risque qu’elles prennent en faisant de l’Irlande une terre de moins en moins irlandaise ?
Photo d’illustration : DR
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Une réponse à “Irlande : une mobilisation anti-immigration qui dépasse les frontières et fait tomber certains clivages historiques entre Républicains et Unionistes”
Au rugby, les irlandais ont le fameux » Fighting spirit » et leur peuple aussi ! En France ? Bof…on revotera pour les mêmes comme depuis des décennies…..