Des milliers d’agriculteurs venus de toute l’Europe ont manifesté cette semaine devant le Parlement européen, en signe de révolte contre un projet de budget européen qui saborde la politique agricole commune (PAC) au profit des lubies idéologiques et des priorités militaires. Un cri d’alarme face à l’arrogance d’élites déconnectées.
Sous la bannière de la COPA-COGECA, qui fédère 22 millions d’agriculteurs européens, les manifestants ont défilé jusqu’au siège de la Commission européenne, le Berlaymont, pour remettre une pétition signée par plus de 6 000 organisations agricoles. Symbole fort : une paire de bottes boueuses a été offerte à Ursula von der Leyen, pour rappeler que la réalité des champs n’a rien à voir avec le confort aseptisé des bureaux climatisés de Bruxelles.
✊#JeunesAgriculteurs est présent à Bruxelles ce mercredi 16 juillet aux côtés des organisations syndicales agricoles européennes pour partager notre inquiétude vis-à-vis du budget de la PAC 2028-2034, que vont présenter @vonderleyen et la Commission européenne 🇪🇺
🚜Nous… pic.twitter.com/FFgV1v6uKY
— Jeunes Agriculteurs (@JeunesAgri) July 16, 2025
Earlier, I joined a large farmers’ protest in Brussels to deliver a clear, unified message: we will not accept a reduction in the Common Agricultural Policy budget while the overall budget increases by €800 billion. Strategic significance of food security cannot be forgotten. pic.twitter.com/VufxEbUxor
— Barry Cowen MEP (@CowenBarry) July 16, 2025
Un démantèlement brutal de la PAC
La goutte de trop ? Le nouveau projet de budget 2028–2034 dévoilé par la Commission, qui prévoit de réduire de 20 à 25 % les subventions agricoles – soit 80 à 100 milliards d’euros supprimés en valeur réelle. Il propose également de plafonner à 100 000 € par an les aides par exploitation, tout en laissant la possibilité aux États membres de puiser dans les fonds agricoles pour financer des priorités telles que l’industrie de défense ou la transition énergétique.
Autrement dit, l’agriculture – pilier historique du projet européen – est sacrifiée au nom d’objectifs technocratiques, abstraits, voire idéologiques. Pour les paysans, cette politique revient à démanteler la sécurité alimentaire du continent, à terme.
Cette manifestation n’est pas un coup de colère isolé. Elle s’inscrit dans un cycle de soulèvements agricoles qui secouent l’Europe depuis plusieurs années. En mai dernier, les agriculteurs polonais manifestaient déjà contre la multiplication des normes et contre l’importation incontrôlée de céréales ukrainiennes, déjà dénoncée en 2024 par le syndicat Rural Solidarity.
Mais c’est aux Pays-Bas que la révolte fut la plus spectaculaire : dès 2019, des milliers de tracteurs bloquaient les autoroutes et les ports pour dénoncer les politiques environnementales absurdes imposées par Bruxelles et reprises servilement par La Haye. Des exploitations qualifiées de « pollueurs majeurs » devaient être rachetées puis fermées de force. En 2022, on apprenait que jusqu’à un tiers des fermes néerlandaises étaient condamnées à disparaître pour respecter des normes « climatiques ».
En Irlande, en 2023, le gouvernement envisageait de tuer 200 000 vaches pour atteindre ses objectifs d’émissions… avant de faire marche arrière devant le tollé général.
Devant la Commission européenne à Bruxelles, aux côtés des agriculteurs en colère contre la baisse des aides PAC de l’UE.
J’appelle à la mobilisation de tous face aux trahisons de Mme von der Leyen, qui sacrifie nos campagnes et méprise ceux qui nous nourrissent. pic.twitter.com/WWON7VM8pK— Gilles Pennelle (@GillesPennelle) July 17, 2025
Une Europe qui sabote son propre avenir
À Bruxelles, on veut convertir un quart des exploitations à l’agriculture bio, réserver 10 % des terres à la “nature”, réduire de 20 % les engrais et diviser par deux l’usage des pesticides. Dans l’absolu, des objectifs louables. Mais imposés sans concertation, sans compensation, et sans vision globale. Une politique agricole fondée sur l’idéologie verte, déconnectée des réalités économiques et sociales.
Pendant que les Eurocrates rêvent de villes végétalisées, l’UE importe pour plus de 170 milliards d’euros de denrées alimentaires chaque année, un chiffre en hausse de 8 % en un an. Qui nourrira l’Europe si ses agriculteurs sont ruinés, expropriés ou découragés ? Qui assurera la souveraineté alimentaire dans un monde instable, marqué par les conflits, les sécheresses, et la rupture des chaînes d’approvisionnement ?
Le mépris des élites bruxelloises pour les paysans est palpable. Le travail de la terre ne s’apprend pas dans les écoles de commerce, ni dans les think tanks progressistes. C’est un héritage, un savoir-faire, une vie de labeur, souvent transmise depuis des générations. En menaçant les exploitations, Bruxelles détruit non seulement des emplois, mais des familles, des villages, des territoires entiers.
Beaucoup de ces agriculteurs votent désormais pour des partis étiquetés « extrême droite » par les médias. Mais peut-on les blâmer ? Ce sont les seuls qui leur tendent la main, quand les autres les accusent d’être rétrogrades, pollueurs ou obsolètes.
🚜Hungarian farmers drove tractors to Budapest and dumped manure in front of the EU House to protest Brussels’ 2028–2034 budget proposal, which they argue prioritizes support for Ukraine over agriculture and regional development.
💶Farmers fear cuts to the Common Agricultural… pic.twitter.com/IrTp3jXe87
— Zoltan Kovacs (@zoltanspox) July 16, 2025
« Pas de paysans, pas de nourriture, pas d’avenir »
Tel était le slogan brandi à Bruxelles. Une vérité simple, mais que les technocrates semblent avoir oubliée. S’il faut espérer quelque chose de cette démonstration de force, c’est que l’Union européenne ouvre enfin les yeux. Car si elle continue à piétiner ceux qui la nourrissent, l’Europe mourra de faim, et de honte.
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